Test KAKU : Ancient Seal
Plus d’une année après son lancement timide sur PC, le jeu Kaku : Ancient Seal débarque enfin sur PlayStation 5 et Xbox Series ce vendredi 17 octobre pour 29,99€ en version numérique et 39,99€ dans une belle boite. Est-ce que cette production indépendante parvient à bousculer les codes pour imposer sa propre patte ou se contente-t-elle de respecter le cahier des charges ? Réponse dans ce test.
Je vais vous parler d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Le temps de la PlayStation 2 où les productions pour un public adolescent pullulaient sur la console de Sony. Dans le sillon créé par Jak & Daxter de Naughty Dog, Ratchet et Clank d’Insomniac Games et Sly Raccoon de Sucker Punch, chaque fin d’année voyait sa nouvelle mascotte destinée au 7-15 ans. Que ce soit les oubliés Vexx chez Acclaim, Kya chez Atari, Haven : Call of the King chez Midway ou encore Tak et le pouvoir de Juju chez THQ, ils ont tous essayé de se faire un nom dans le genre action / aventure / plateforme sans faire grand bruit. Seul ce dernier, le petit bonhomme préhistorique d’Avalanche Software, a attiré suffisamment de regards pour avoir le droit à quatre suites et une série animée. Kaku : Ancient Seal me rappelle cette époque spéciale et ce dernier titre en particulier.
Elie Kaku
Développé par le studio chinois BingoBell et édité par le français Microids, Kaku : Ancient Seal raconte les aventures d’un jeune garçon évoluant dans un univers préhistorique en proie à un dérèglement élémentaire. En effet, une force inconnue venue d’un autre monde a provoqué un cataclysme dispersant les quatre âmes élémentaires dans autant de régions hostiles. Épaulé par un mentor sans âge à la barbe blanche aussi longue que celles des otages dans Metal Slug, et accompagné par un cochon volant à l’aide de ses oreilles géantes tout droit sorti d’un Disney, notre brave gaillard va devoir retrouver les âmes pour restaurer l’équilibre du monde.
Derrière ce synopsis classique se cache un jeu sous influence piochant des bonnes idées à droite à gauche. Pour le choix de sa période historique, on pense autant à Tak cité plus haut qu’au film d’animation Les Croods et pour son gameplay sauvage à la série Horizon de Guerrilla Games avec sa partie RPG prononcée et sa collecte permanente de consommables à fourrer dans son sac à dos. L’exploration libre fait quant à elle penser au Immortals : Fenyx Rising d’Ubisoft ou aux derniers Zelda dans une moindre mesure. Davantage porté sur l’action que sur la plateforme - malgré la présence d’un double saut, d’un dash arien et d’une roulade -, Kaku passe plus de temps à tuer des animaux sauvages et des gardiens qu’à sauter de bloc en bloc. Il faut dire qu’il dispose d’une massue pour porter des coups simples (bouton Carré) et d’un brassard pour donner des coups plus puissants (bouton Triangle) et réaliser des combos. Comme dans tout bon jeu de rôle, l’accumulation de pierres sacrées permet de déverrouiller de nouvelles actions sur un arbre de compétences pour son arme, son brassard et son lance-pierre. Dès les premières minutes du jeu notre héros récupère une arme de jet capable d’atteindre des cibles à distance avec différents projectiles. Des classiques pierres à munitions infinies, on passera rapidement à des calots enflammés, empoisonnés et électriques. Ultra-efficace pour collecter des gemmes de loin (elles sont automatiquement attirées vers nous) et pour canarder les ennemis à bonne distance sans risquer de se prendre un coup. À vrai dire, les attaques éloignées sont tellement pratiques qu’elles sont à privilégier, d’autant que les ennemis continuent d’avancer vers nous tête baissée sans esquiver quoi que ce soit.
D’autres compétences uniques, liées à la présence de Porcinou, nous donnent l’avantage sur le terrain comme la téléportation, le super saut, la marche sur l’eau et le déguisement. Avec trois modes de difficulté et des sauvegardes automatiques régulières, le challenge est accessible à un large public, d’autant que des raccourcis pour consommer des plantes, des champignons et des fruits pour restaurer la vie ou l’endurance se trouvent bien placés sur les directions de la croix. Si la présence d’une barre de fatigue pouvait inquiéter les traumatisés des Souls-like, en un rien de temps on remet les jauges à bloc sans vraiment s’en soucier. Et comme les matières premières jonchent littéralement les décors, aucun phénomène de rareté n’est à signaler.
Captain Planet
Le premier chapitre, sur les sept que comporte cette production, est un tutoriel à ciel ouvert. On y apprend les rudiments du gameplay et des commandes, qui sont d’ailleurs visibles pendant un moment sur le côté gauche de l’écran, tout comme les objectifs et une mini-carte en bas à droite. Un pointeur vers la mission en cours est également présent à l’écran pour ne pas se sentir perdu dans ce monde ouvert dont les continents sont à explorer dans l’ordre de notre choix. Que vous vouliez commencer par les marais brumeux, le blizzard hurlant, le désert os de dragon ou les montagnes enneigées, vous êtes libre de choisir et même de passer de l’un à l’autre à la volée en vous téléportant. La carte est non linéaire, du moment qu’on libère les âmes du vent, de la terre, de l’eau et du feu qui permettront d’ouvrir un portail vers la suite et fin.
La chasse aux coffres aux trésors, dont certains s’ouvrent en résolvant des petits puzzles, est récompensée par l’obtention de nouveaux équipements pour protéger notre tête et notre corps ou pour changer d’arme et de brassard. Ces équipements peuvent être dopés par des pierres runiques servant à booster l’attaque, l’endurance, la défense et l’attaque à distance. Certaines capacités spéciales, comme une transformation en guerrier divin, sont astucieusement placées sur un raccourci combinant touche L1 plus une direction de la croix ou les symboles PlayStation : Triangle, Rond, Croix, Carré. Niveau ergonomie le jeu n’est que rarement pris à défaut, allant jusqu’à placer un verrouillage de sa cible sur R3 et un bouton de course sur R1 servant aussi à ramasser des vivres pour looter (presque) sans s’en rendre compte.
Réalisé sous Unreal Engine, le titre propose des mondes ouverts naturels et agréables à l’œil, avec des traces de pas qui déforment la neige, des cours d’eau dans lesquels se reflètent les décors et une distance d’affichage très correcte. On est moins impressionné par quelques bugs d’affichage, par cette impression d’être en lévitation à quelques centimètres au-dessus du sol, par le bestiaire qui peine à se renouveler et par le character design standard au possible. Production modeste oblige, le jeu ne propose pas de mode performance ou graphique, ni d’optimisation PS5 Pro, mais sa fluidité n’est jamais mise à mal même quand l’écran se charge d’explosions. La progression est agréable, plaisante et longue d’une bonne dizaine d’heures en ligne droite et du double pour ceux qui veulent tout obtenir. Une durée de vie tout à fait respectable pour un soft proposé aux membres PlayStation Plus à 26,99€ à son lancement.
Plein de bonnes intentions au départ, Kaku : Ancient Seal voit ses défauts apparaître assez rapidement avec en premier lieu un déficit de personnalité. Les personnages manquent clairement de charisme, les situations n’ont jamais rien de mémorable et le scénario se déroule sans surprise avec des cut-scenes à base de grognements pour tous doublages, rattrapés par des sous-titres français. Les mécanismes de gameplay sont pour certains très superficiels, comme la cuisine qui ne contient qu’une poignée de recettes ou la fabrique de munitions réduite à sa plus simple expression. Même s’il copie avec un certain talent des références bien connues, rien de ce que vous verrez ici n’a pas déjà été vu ailleurs, laissant un arrière-goût de contrefaçon aux habitués du genre. Sans surprise, il s’adresse en priorité à un public jeune, inexpérimenté, qui s’émerveillera plus facilement des vastes plaines à explorer, des puzzles à résoudre et des combats de boss au-dessus du lot.
Notre verdict
On aime
- De jolis décors variés
- Une aventure non linéaire
- Des compétences à débloquer
- Un bon rapport quantité / prix
- Accessible à un jeune public
- Des bons petits puzzles
- Un petit air de PS2
On n'aime pas
- Un manque global d’identité
- Des features superficielles
- Des personnages sans charisme
- Une histoire générique
- L’action répétitive
Avec un vaste monde ouvert à découvrir, des décors variés répartis sur quatre continents, des combats évolutifs via de nouvelles compétences à débloquer et un système de loot pour récupérer vivres, équipements et munitions, Kaku : Ancient Seals débordait d’ambitions sur le papier. Dans les faits, il imite plus qu’il n’invente et pèche par une histoire générique, des features non approfondies (la cuisine, la fabrique de munitions), une action répétitive et une exploration qui manque d’épaisseur. Le jeu de Bingobell saura davantage séduire un public adolescent moins coutumier du genre (et sans doute plus tolérant) ainsi que des nostalgiques de l’ère PS2 attirés par le trip régressif qui retrouveront là une nouvelle mascotte de fin d’année.
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