Test Yooka-Laylee

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PS4

Depuis que le célèbre studio Rare Ltd est devenu la propriété de Microsoft il y a 15 ans, les nostalgiques semblent être en manque de jeux de plateforme colorés sur leurs machines et plus particulièrement sur cette génération de consoles qui met peu en avant des duos de héros pour petits et grands. Le développeur indépendant Playtonic Games (fondé par d'anciens membres de Rare) a bien compris que les joueurs seraient prêts à payer pour un titre à l'ancienne mixant plateforme, action et défis en tous genres. Une campagne Kickstarter couronnée de succès plus tard, voici que Yooka-Laylee débarque sur PlayStation 4 le mardi 11 avril pour moins de quarante euros. Alors, heureux ?

Uku-lélé

Les premières images de Yooka-Laylee laissaient peu de place au doute, confirmé par cette sortie : nous sommes en face d'une suite spirituelle au fameux Banjo-Kazooie qui a fait le bonheur des possesseurs de Nintendo 64 à la fin des années 90. De la paire de héros issus du monde animal - ici une chauve-souris violette à nez rouge et un caméléon vert sans pantalon -   au logo coloré en passant par la police d'écriture des textes, nous ne sommes pas loin de la contrefaçon chinoise tant les développeurs s'inspirent de leurs anciens travaux. C'était le but recherché et l'argument mis en avant pour récolter les deniers des contributeurs, alors rien de répréhensible devant la loi ou la morale. Cette fois, notre duo de glandeurs bucoliques doit récupérer les pages d'un livre magique subtilisé par le vilain local, un homme d'affaires collectionneur de vieux livres nommé Capital B. Celui-ci, une abeille au pif pointu à la Gru de Moi, Moche & Méchant, vit dans une ruche à l'intérieur de laquelle siège le grimoire enchanté. Après avoir infiltré son repaire - qui servira de hub - vous sautez littéralement dans le bouquin pour voyager dans des niveaux variés afin de récolter de nouvelles pages permettant d'ouvrir de nouveaux mondes à explorer. Ce saut dans le livre pour y récolter des pages ressemble énormément au découpage de Super Mario 64 avec ses tableaux et ses étoiles à glaner. Rien de surprenant quand on sait que le plombier à moustache était déjà la principale source d'inspiration de Banjo-Kazooie.

Pour les aider dans leur récolte, Yooka et Laylee peuvent compter sur la panoplie de mouvements habituels pour le genre tels que double saut, roulade, accroupissement, attaque circulaire et sonar étourdissant, mais aussi sur d'autres à acheter auprès du revendeur local (un serpent en short) à l'aide de plumes trouvées dans les décors comme un vol plané, une attaque au sol ou une projection de baies. Les compétences à débloquer couvrent à la fois des mouvements (voler par exemple) et des attaques, comme cette technique spéciale qui octroie des pouvoirs temporaires (cracher du feu, de l'eau, des boules de neige…) selon le type de fruit ingurgité. Des transformations physiques ponctuelles causées par le rayon d'une scientifique vous aident à vous fondre dans l'environnement et, en remplissant certaines conditions in-game, un distributeur de fortifiants à la Bioshock nous donne une capacité additionnelle permanente : à vous de bien la choisir en piochant dans le stock. Ce côté évolutif des capacités de nos personnages va de pair avec les cinq mondes non linéaires à arpenter librement de long en large. Certaines zones, puzzles ou défis à relever en dialoguant avec les autochtones ne peuvent être atteints qu'à condition d'avoir acquis une compétence préalable. Revenir sur ses pas après l'obtention d'un nouveau pouvoir, pour libérer de nouvelles pages et découvrir d'autres secrets devient rapidement une seconde nature. Un bon point pour l'exploration, même si cette dernière se résume à flâner dans les décors à la recherche d'items (pièces, fantômes, boosts...), et de PNJ qui nous orienteront vers des mini-jeux (course de vitesse, course d'obstacles, parcours en chariot, jeux d'arcade...) tout en tabassant de temps à autre des ennemis bien faiblards et toujours identiques. Les boss de fin de niveau sont, eux aussi, loin de représenter un challenge digne de ce nom, laissant les amateurs de défis sur leur faim.

Back to 1995

Techniquement, le lancement du jeu n'est pas loin d'une catastrophe. Les écrans de chargement bariolés de pages et de plumes en mouvements en arrière-plan rament lamentablement jusqu'à nous faire croire qu'ils viennent de planter devant nos yeux. Cet habillage pour masquer l'attente était tout à fait dispensable alors on s'interroge sur sa présence tant il s'avère déplorable. Le premier contact avec Yooka-Laylee fait peur et flaire la production fauchée faite sans optimisation. L'aspect sonore pourrait nous conforter dans ce sens : la musique principale et les différents sons qui se déclenchent à chaque ligne des options sont stridents, à la limite du désagréable. Ces bruitages enfantins dignes d'un jouet premier âge donnent l'impression que le jeu s'adresse aux 3-6 ans, alors que la cut-scene qui vient juste derrière n'est même pas doublée. A la place des voix, des imitations grossières de cris d'animaux et d'onomatopées obligent à lire les sous-titres français pour comprendre la trame. On se demande alors à qui s'adresse ce produit. A des gosses qui auront besoin de leurs parents pour comprendre ce qu'on attend d'eux ou à des trentenaires nostalgiques qui seront consternés devant la puérilité de la mise en scène ? Difficile à dire mais la médiocrité du character-design nous fait plus pencher pour la seconde solution. Pour faire simple, les artistes ont simplement collé de gros yeux cartoonesques à des animaux ou des objets (un canon, un chaudron, une déneigeuse…) pour en faire des personnages. Le résultat est raté, à l'image de Vendi (un frigo avec un visage) ou Kartos le wagonnet. Ce côté kitsch est sans doute volontaire, mais l'hommage vire de fait plus à la parodie, tout comme ces blagues textuelles référencées jeux vidéo, brisant souvent le quatrième mur, mais qui tombent le plus souvent à plat. Sommes-nous déjà trop vieux pour ce jeu d'enfant destiné aux adultes ?


Heureusement les choses s'améliorent grandement par la suite. Les musiques deviennent plus mélodieuses et les décors plutôt réussis des tomes thématiques font oublier les atrocités qui y vivent. Que ce soit la jungle, le niveau enneigé, le casino scintillant ou les zones sous-marines, l'émerveillement n'est jamais loin malgré la grossièreté des textures et les traces d'aliasing. Le faible nombre de niveaux est compensé par une option maligne permettant d'agrandir leur taille contre des Pagies supplémentaires. Ainsi les zones prennent plus d'ampleur, ouvrant la voie à de nouveaux secrets. De quoi s'y perdre facilement en raison de l'absence de carte et d'un level design sans logique apparente. Cette chasse au papier est néanmoins facultative et on peut aussi bien se contenter de récupérer le minimum nécessaire (100 pages sur 145) pour changer de décor jusqu'au générique de fin. Ce serait passer à côté de caméos savoureux (Shovel Knight par exemple) ou d'occupations annexes dopant une durée de vie par ailleurs juste correcte. Comptez une dizaine heures en ligne droite, le double en collectionnant les trophées. Ceux en recherche de temps additionnel pourront alors se rabattre sur les mini-jeux d'arcade à lancer depuis le menu principal et jouables jusqu'à quatre sur le même écran en compétition (l'aventure principale est solo). Pas de quoi justifier un investissement tant ils paraissent désuets aujourd'hui mais pour un titre à budget modeste vendu à 39,99€ en ligne et trouvable à moins de trente euros en boite (28€), on peut dire qu'il ratisse large pour occuper nos doigts. La volonté d'exhaustivité ne fait pourtant pas oublier que certains fondamentaux sont négligés, comme une caméra épileptique parfois responsable de chutes, un level design anarchique ou une direction artistique qui manque de charme.

Notre verdict

On aime

  • Un univers coloré et non-linéaire
  • Un tas de défis et d’items à trouver
  • Le goût des productions Rare sur N64
  • Des jeux d’arcade en multijoueurs
  • Le prix accessible

On n'aime pas

  • Pas de doublage pour les plus jeunes
  • Bruitages des menus lourdingues
  • Le chara-design raté
  • Peu de challenge
  • La caméra parfois à la rue
  • L’hommage vire à la parodie
  • L’humour plus ou moins réussi

Avec ses mondes ouverts colorés, sa doublette de héros, ses items à collectionner et sa panoplie de mini-jeux, Yooka-Laylee fait tout son possible pour ressembler à un spin-off de la série Banjo-Kazooie. L'impression de retour aux sources fonctionnera sur les nostalgiques des jeux de la fin des années 90, et son prix en dessous de la moyenne aidera à passer l'éponge sur ses errances en matière de réalisation, de doublage ou de caméra pas toujours optimale. Néanmoins, certains partis-pris artistiques sont impossibles à justifier comme son character design fainéant, ses bruitages foireux, son level design peu inventif ou son humour de CM2. A vouloir satisfaire le jeune public et les nostalgiques trentenaires, Playtonic Games risque de ne combler personne.

Note finale : 6 / 10
Les commentaires
Le
J'ai lancé le jeu hier pour la première fois, j'ai failli pleurer en voyant le logo "Unity". Le moteur parfait pour avoir des jeux finit à la pisse sur PS4...
Bon et sinon j'ai tiqué sur les mêmes prob que toi, j'ai bien cru que la console avait planté avec leur écran de chargement qui bougeait plus :lol: Et omg le son des mecs quand ils parlent pendant les cutscene. J'avais envie de mute toute l'intro du jeu, c'était infernal :mdr:

Bon à part ca, il y a quand même du bon quand on recherche un jeu de plateforme oldschool (sans difficulté ceci dit). J'ai bien l'intention de le 100%.
Le
Ouais, les écrans de chargement méritent un carton rouge.

Je trouve aussi qu'un carte n'aurait pas été de trop vu que le jeu oblige à faire pas mal d'allers-retours.

Bon courage pour le 100% ! :-D
Le
ah et aussi un truc qui m'a saoulé, c'est la sauvegarde. Il y a une auto save mais je sais pas trop comment elle fonctionne. Genre si je chope des plumes et que je leave le jeu ensuite, je sais pas si c'est sauvegardé ! J'aurais bien aimé avoir la possibilité de sauvegarder manuellement quoi... Du coup ce soir j'aurais peut être une surprise.
Le
Si si, il me semble bien que les plumes restent. Par contre tu redémarres à l'entrée de la ruche, même si tu étais au préalable dans un tome. Faut tout se refarcir.
Le
Très gros patch sur le jeu http://www.neogaf.com/forum/showthread.php?t=1387125
Qui corrige l'ensemble des problèmes qui m'ont fait abandonné le jeu à priori. Tsss je l'ai revendu depuis, qu'ils sont cons à sortir une version dégueulasse à la base.

Jeux concernés

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