Bébé Callum
Tout avait pourtant bien commencé. Après avoir passé une journée épuisante mais amusante avec son fils à l'Atlantic Island Park, Lorraine s’apprête à reprendre la route quand Callum s'aperçoit qu'il a perdu son fidèle ours en peluche. En bonne mère de famille notre héroïne lui dit de rester dans la voiture le temps qu'elle aille se renseigner aux objets perdus. Mais à peine a-t-elle le temps de discuter avec un responsable que le gosse s'engouffre dans le portique pour partir lui-même à la recherche de son doudou. Et devinez qui va devoir le ramener par la peau des fesses ? Maman ! Dès le début du jeu, on sent que quelque chose ne tourne pas rond. Que le guichetier du parc connaisse le prénom de notre personnage a déjà de quoi étonner, mais que l'escalator qui mène aux attractions soit suffisamment long pour que la nuit soit tombée une fois à son sommet rend perplexe. Et puis, les manèges paraissent nettement plus décrépits que dans l'après-midi : la grande roue est déglinguée, les autos-tamponneuses sont en panne et le grand huit n'inspire pas confiance. Seule la maison hantée semble prête à nous accueillir quand nous aurons trouvé une lampe torche pour pénétrer son obscurité.
The Park est dans la lignée des jeux d'horreur contemplatifs récents tels que Among the Sleep, Layers of Fear ou Kholat. Le gameplay repose essentiellement sur la découverte des lieux, la voix intérieure de notre personnage se chargeant de la narration. En l’occurrence, le jeu de Funcom a la mauvaise idée de ne proposer aucune traduction française, les monologues anglais étant optionnellement sous-titrés dans la langue de Shakespeare. A moins d'être totalement bilingue vous passerez forcément à côté des subtilités de l'histoire, d'autant que les nombreuses notes disséminées dans les décors sont elles aussi en anglais et avec une police d'écriture tellement petite qu'il faut se coller à l'écran pour les lire. Amputé d'une partie de son intérêt, le jeu n'a plus à nous offrir que la poursuite d'un petit casse-pied. Pour tenter de marquer le môme à la culotte, Lorraine peut lui ordonner de revenir et de ne pas s'éloigner (bouton Rond) mais sans avoir trop de succès. Au moins, en l'appelant, Callum répondra à sa mère ce qui nous donnera une vague idée de sa direction en se basant sur l'orientation de sa voix. Il est évidemment recommandé de jouer avec un bon casque sur les oreilles et en pleine nuit de préférence. Crier sur sa progéniture fait également apparaître les éléments interactifs dans les décors via une légère déformation de l'écran.
Quiche Lorraine
Inutile d'emporter une carte des lieux pour s'y retrouver, le parc d'attraction n'est pas bien grand et la progression est linéaire. La plupart des manèges sont inexploitables et les chemins alternatifs s'avèrent être toujours des culs-de-sac. Il n'y a qu'une voie à suivre, balisée par la voix de l'enfant et par les obstacles qui bloquent les raccourcis. Un bouton de course placé sur L3 nous ramène rapidement sur nos pas lorsque nous dévions trop. Une parfaite petite promenade de santé entrecoupée de temps en temps de tentatives de sursauts. L'ambiance n'étant pas particulièrement angoissante, faute d'une menace identifiable et d'un travail prononcé sur la bande son, le jeu s'en remet aux jumpscares pour nous faire peur. Tentatives d'une rareté étonnante pour le genre et à l'efficacité qui laisse à désirer. Un ou deux sursauts sont à prévoir sur toute la traversée, ce qui est bien peu pour nous traumatiser. Si le jeu avait été plus long, peut-être qu'il en aurait été autrement mais avec une durée de vie d'une heure seulement montre en main il ne fallait pas s'attendre à un miracle.
La révélation finale tombe en soixante minutes chrono (1h30 si vous traînez) mais différents indices laissés dès les premières minutes du jeu éventent quelque peu le coup de théâtre si on y réfléchit bien. Une seconde passe n'ouvre pas de nouveau parcours ni une deuxième fin alors on peut tranquillement le supprimer de sa console en se disant que les 12,99€ sont chers payés pour un si petit frisson. Une place de cinéma pour un bon film d'horreur (oui je sais, c'est rare) ou une dépense dans une autre production PS4 (Layers of Fear !) paraît être un meilleur investissement. Peut-être que ce prix est la conséquence de l'acquisition par les développeurs d'une licence pour le moteur Unreal Engine 4, mais dans le jeu cet avantage est imperceptible. Les modélisations des humains sont brutes, les textures sont quelconques, les effets spéciaux ou météorologiques sont absents, la lumière de la lampe torche est minimale et on peut noter un peu de clipping dans l'apparition des sapins. Seule une mise en abyme finale proche des répétitions de décors « à la P.T » parvient à capter l'attention. Pour le reste, la traversée du parc provoque plus de bâillements que d'effroi. Dommage.
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