Test Silence

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PS4

Ne vous laissez pas abuser par son titre réducteur pour sa mise en vente sur consoles, Silence est en réalité la suite du point'n'click Les Chroniques de Sadwick : The Whispered World sorti sur ordinateur en 2009 en Allemagne, la patrie du développeur Daedalic Entertainment. Ce second volet tardif est sorti le 15 novembre dernier sur le PlayStation Store de la PlayStation 4 au prix plutôt élevé de 29,99. Cette somme est-elle justifiée ?

Le monde du Silence

Un peu à la manière des livres « Le Monde de Narnia » qui voyaient des gosses fuir la Seconde Guerre Mondiale en entrant dans une armoire magique, Silence raconte comment deux mômes voyagent dans un monde fantastique à la suite du bombardement de leur bunker. Dans un petit village de montagne, Noah, 16 ans, et sa petite sœur Renie, vivent dans l'angoisse des bombardements qui suggèrent qu'un conflit gronde autour d'eux. A peine ont-ils le temps de s'abriter d'un nouveau raid aérien (en laissant derrière eux leurs camarades) que des bombes tombent sur leur refuge. Les voici soudain transportés dans le monde de Silence situé entre la vie et la mort. Séparés dès leur arrivée, ils devront d'abord se retrouver et lutter ensuite ensemble pour le bien de ce royaume imaginaire gouverné par une usurpatrice. De quel côté se réveilleront-ils à la fin ? Du côté lumineux de la vie ou du côté sombre de la mort ? Vous aurez la réponse en terminant cette histoire émouvante plus proche d'une aventure narrative à la Telltale Games que d'un point'n'click pur sucre comme le récent (NDLR : sur PS4 !) Deponia des mêmes développeurs.

En effet, on retrouve dans Silence de nombreuses similitudes avec les jeux The Walking Dead (pour ne citer qu'eux) : le joueur est régulièrement confronté à des décisions à prendre et à des réponses à donner dans des fenêtres de dialogues modifiant les réactions des protagonistes. Le jeu est ponctué de cut-scenes réalisées avec le moteur du jeu et des mini-épreuves à base de manipulations du stick (comme tenir en équilibre) renforcent cette impression d’œuvre partiellement interactive. On dirige directement les personnages au stick analogique gauche et les actions réalisables apparaissent à l'écran via des icônes contextuelles : observer, donner un coup de pied, prendre ou pousser un objet par exemple. Ici aussi le stick droit saute d'un élément à un autre pour jongler avec les interactions sans difficulté. Il n'y a de toute façon pas de souris virtuelle à balader dans les décors, ni même d'inventaire pour y stocker des items. Les possibilités étant peu nombreuses, les situations se débloquent sans grande difficulté. La solution est généralement dans la pièce ou vous vous trouvez ou dans celle d'à-côté. Malgré tout, si vraiment vous séchez sur un cas, un indice apparaît à l'écran en pressant le bouton R3. La priorité du studio est de nous immerger dans une histoire poignante au détriment de la partie réflexion vraiment accessible.

 

Trois personnages sont contrôlables : Noah, Renie et Spot. Ce dernier est une sorte de familier prenant l'apparence d'une chenille verte capable de se gonfler, de s'étirer et de s’aplatir à la demande selon la situation. La larve peut également absorber des substances (de l'eau, du nectar) pour les recracher ensuite, une fonction très utile au point que les auteurs abusent un peu de ce sidekick pour nous sortir de certaines situations. Ne crachons pas dans la soupe pour autant, la chenille tout droit sortie d'un film d'animation possède un indéniable capital sympathie.

 

Un jeu qui va faire du bruit

Comme nombre d'aventures narratives, le gameplay de Silence n'a rien de folichon pour ne pas perdre le joueur dans une complexité inutile alors que tout l'intérêt réside dans le scénario et ses dénouements (deux fins sont possibles). Le jeu de Daedalic Entertainment fait le job puisque les personnages sont attachants (en particulier la petite Renie, fragile et innocente), l'univers charmant et la trame intéressante à suivre. On se sent tellement bien dans le monde de Silence qu'on aurait aimé y rester plus longtemps que les cinq heures nécessaires pour terminer ses trois chapitres. Deux chapitres supplémentaires n'auraient pas été du luxe pour enrichir les personnages secondaires et déployer davantage de décors. Surtout qu'avec un prix de 29,99€ sans même une petite réduction pour les membres du PlayStation Plus on reste carrément sur notre faim. Un tarif aux alentours de 19,99€ (comme Deponia ou Dead Synchronicity) était sans doute plus légitime que ce 29,99€ digne d'une saison entière d'un jeu Telltale qui court sur cinq chapitres justement. Sans doute que le surplus doit couvrir le budget « direction artistique », elle qui est littéralement prodigieuse et qu'on imagine gourmande en ressources.

La réalisation magnifique contribue allègrement au dépaysement : les sublimes décors combinant arrière-plans en 2D et éléments 3D au premier plan sont très détaillés, baignés par des rayons de lumières chaudes et abondamment colorés par des nuances de jaune, de vert ou de bleu. La direction artistique est incroyable et chaque nouveau tableau est un enchantement pour les yeux. Nous tenons là un nouvel étalon de mesure dans le genre aventure. En contrepartie, il faudra accepter de petits chargements d'une dizaine de secondes entre les écrans, sans doute imputables à cet émerveillement. Le character design n'est pas en reste, les personnages ont un côté cartoon qui n'est pas pour déplaire avec leurs gros yeux et leurs proportions irréalistes. Les oreilles sont tout autant choyées avec des musiques symphoniques envoûtantes et génératrices d'émotions. Encore du tout bon dans la forme.

Enfin, signalons que les doublages anglais sous-titrés français tiennent la route et que l'absence de portage console du premier volet – Les Chroniques de Sadwick : The Whispered World – est un poil pénalisante pour la compréhension de cette suite. Notre duo fait souvent référence à des événements passés et au clown triste sans que nous puissions saisir toutes les subtilités de leur conversation. Tant pis, on prendra le train même s'il est en déjà en marche !

Notre verdict

On aime

  • La direction artistique magique
  • Les musiques délicates
  • Le personnage de Renie, attachant à souhait
  • L'histoire prenante et poignante
  • Deux fins

On n'aime pas

  • Un peu court
  • Un peu trop facile
  • Dix euros de trop
  • L'univers et les PNJ pouvaient être encore plus exploités

Beaucoup plus orienté aventure narrative que point'n'click pur jus en abandonnant le système de curseur et d'inventaire, Silence se recentre sur son scénario pour capter l'attention des joueurs. Et il y parvient avec brio : l'émotion est au rendez-vous, la direction artistique est superbe et les musiques sont envoûtantes. On s'attache facilement aux héros – en particulier Renie – mais les 29,99 à débourser pour voyager dans ce monde fantastique sont chèrement payés pour une durée de vie qui avoisine seulement les cinq heures. Ceux qui ont parcouru le premier opus apprécieront les références appuyées mais risquent de trouver cette nouvelle aventure bien plus facile que la précédente.

Note finale : 7.5 / 10
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