Test Deus Ex : Mankind Divided

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PS4

Cinq ans après la sortie de son troisième opus Human Revolution sur la précédente génération de consoles, Deus Ex revient et nous propose la suite des aventures d’Adam Jensen. Plutôt satisfaits, et à juste titre, du précédent opus qui avait su donner un second souffle à leur série, les développeurs d’Eidos se sont ici attachés à en gommer les quelques imperfections et à profiter de la puissance accrue des machines d’aujourd’hui.

Avant toute chose, rappelons que la série se déroule dans un futur proche où la technologie a suffisamment avancé pour permettre la greffe de puces électroniques sur les humains, dotant les bénéficiaires de pouvoirs particuliers appelés augmentations. Mankind Divided se déroule en 2029, soit deux ans après la fin de Human Revolution au cours de laquelle Hugh Darrow, le leader du Front des Anti-Augmentés, diffusa un signal visant à perturber toutes les puces du genre. Une manœuvre qui fit souffler un vent de folie meurtrière chez les augmentés, forçant les autorités à prendre des mesures drastiques en créant une véritable ségrégation au sein de la population : d’un côté les humains dits « organiques » peuvent continuer de vivre paisiblement quoique sous haute surveillance, tandis que de l’autre la majorité des augmentés est parquée dans des ghettos. Forcément certains d’entre eux ne l’entendent pas de cette oreille et se réunissent sous la bannière du Comité de Défense des Augmentés (CDA), alors que des terroristes augmentés non identifiés commencent à faire parler d’eux sur la planète.

Un scénario en demi-teinte…

De son côté Adam Jensen travaille désormais pour la Task Force 29 (TF29), une unité spéciale d’Interpol qui traque justement ces terroristes augmentés, tout en collaborant dans l’ombre avec le collectif Mastodonte dont les hackers pourraient l’aider à mettre la main sur les Illuminati, un mystérieux groupe apparemment à l’origine de l’incident de 2027. C’est à Dubai qu’on le retrouve au début de l’aventure, alors que l’équipe d’intervention dont il fait partie tente de mettre fin aux agissements d’un trafiquant d’armes notoire : tandis que l’agent infiltré ayant permis de monter la transaction s’apprête à arrêter la cible, une troisième faction fait son apparition sous la forme de soldats augmentés et affublés d’un masque d’or. Jensen et ses équipiers parviennent à les neutraliser et à récupérer les armes, mais ils restent dans le flou quant à l’identité de ces nouveaux ennemis.

De retour à Prague où se situe le quartier général de la TF29, Jensen retrouve un autre membre de Mastodonte, Alex Vega. Alors qu’ils sortent de la gare en s’interrogeant sur la signification des évènements de Dubai, un attentat a lieu qui est rapidement attribué au CDA malgré le manque flagrant de preuves. Sans surprise c’est Jensen qui sera chargé de confirmer la chose pour la TF29, tandis qu’il mènera une enquête parallèle sur ses employeurs officiels pour le compte de Mastodonte. Une aventure qui l’emmènera donc à Dubai puis à Prague où il sévira dans différents quartiers, mais aussi dans le ghetto de la ville baptisé Golem ainsi que dans un laboratoire secret des Alpes suisses.

Relativement convenue, la trame principale du jeu ne réserve que peu de surprises puisque tous les protagonistes, à l’exception peut-être de Miller, le chef de la TF29, portent leurs intentions sur le visage. De fait la quinzaine de quêtes principales s’enchaîne sans gros suspense, même si vous aurez des choix à faire à certains moments clés qui pourront modifier la fin de l’aventure. Cette dernière arrive par ailleurs de manière plutôt abrupte après quinze à vingt heures de jeu (si vous vous attardez sur les quêtes secondaires), laissant plusieurs points de l’intrigue inexpliqués : autant dire que la porte est grande ouverte pour quelques DLC ou une suite plus consistante. Mais rassurez-vous, vous pourrez aussi vous lancer dans douze quêtes secondaires particulièrement bien construites d’un point de vue scénaristique, et aussi enquêter sur quelques « points d’intérêt » qui vous apporteront de précieux points d’expérience sur lesquels nous reviendrons dans un instant.

…mais un gameplay aux petits oignons !

Dans la pratique vous évoluez donc dans des environnements semi-ouverts de bonne taille, cherchant la plupart du temps à atteindre un objectif situé derrière une porte fermée ou dans une zone en théorie interdite et par conséquent bien gardée. Quelle que soit la situation, vous constaterez rapidement qu’il existe de nombreuses méthodes pour parvenir à vos fins : dans le cas d’une porte verrouillée par un digicode, vous pourrez par exemple dans un premier temps tenter de trouver la combinaison en fouillant votre environnement à la recherche d’un document ou en examinant les e-mails stockés sur les ordinateurs alentours. Evidemment ces derniers sont la plupart du temps eux-mêmes sécurisés et il vous faudra donc les pirater (via un mini-jeu similaire à celui du précédent opus) avant d’accéder à leur contenu. De fait, pourquoi ne pas directement pirater le digicode si vos compétences en la matière sont suffisamment élevées ? Alternativement, un examen minutieux des lieux vous révèlera parfois un conduit d’aération plus ou moins bien caché, peut-être derrière un objet lourd qu’il faudra donc déplacer si votre force le permet.

Autant d’actions possibles qui nous amènent directement aux augmentations caractéristiques de la série : celles-ci sont débloquées en dépensant des Points Praxis (de 1 à 3 par augmentation), eux-mêmes étant obtenus en accumulant les points d’expérience évoqués plus haut et octroyés par vos différentes actions (réussite des missions mais aussi exploration des lieux, récupération d’informations et neutralisation des ennemis). Si les habitués retrouveront les augmentations de Human Revolution, sachez que de nouvelles sont aussi au programme grâce à un petit tour de magie des scénaristes. A vous donc de sélectionner celles qui correspondent le mieux à votre style de jeu, qu’il privilégie la furtivité ou la puissance, ou qu’il soit un savant mélange des deux.

A titre indicatif, nous avons pour notre part opter pour la discrétion en maximisant rapidement nos capacités de piratage puis celles de piratage à distance : nous avons ainsi pu désactiver les systèmes de surveillance (caméras, lasers) et retourner les dispositifs de défense (tourelles, robots) contre nos ennemis, enchaînant les éliminations furtives et économisant au maximum nos munitions. Les augmentations d’invisibilité (camouflage GlassShield) et de déplacement discret se sont elles aussi révélées bien utiles, même si leur consommation d’énergie oblige à les utiliser avec parcimonie : dans ce contexte, il est astucieux d’acquérir aussi les augmentations qui allongent la durée de vie des batteries et celles qui réduisent la consommation d’énergie ! Et là encore une fouille minutieuse de l’environnement peut se révéler salvatrice en nous permettant par exemple d’accumuler des biocellules qui servent, entre autres, à se recharger quand le besoin s’en fait sentir.

Les amateurs d’action pourront eux s’orienter plutôt vers les augmentations favorisant l’attaque en augmentant leur force, en améliorant leur maniement des armes, et en débloquant des protections leur permettant de survivre au feu adverse. Il faut dire que les affrontements directs n’ont rien d’une partie de plaisir pour un Adam Jensen non préparé : les ennemis sont parfaitement capables de vous acculer dans un recoin du décor avant de balancer des grenades à fragmentation ou étourdissantes pour ensuite fondre sur vous l’arme à la main ou bien vous contourner. Autant dire que la partie n’est pas gagnée d’avance si le niveau de votre jauge de vie n’est pas au plus haut et que vous ne disposez pas d’un arsenal conséquent. A ce sujet, sachez que vous pourrez customiser vos armes (pistolet, fusil à pompe, fusil mitrailleur, fusil d’assaut, fusil de sniper…) à la volée par simple pression sur le bouton Carré, et ainsi ajouter une mire, un zoom ou un silencieux, sélectionner les munitions les plus adaptées à vos ennemis (classiques, perforantes pour les armures et IEM pour les machines), et régler le mode de tir (coup unique, semi-automatique, automatique).



Vous l’aurez compris Mankind Divided marche dans les traces de son prédécesseur en offrant un maximum d’options au joueur dans ses déplacements comme dans son approche, discrète ou brutale, de chaque mission. Comme d’habitude dans ce genre de jeu on se retrouve souvent à tenter l’approche furtive avant de se faire repérer et de faire parler la poudre, mais il est tout à fait possible pour les plus acharnés de boucler le jeu sans déclencher aucune alarme ni tuer aucun ennemi. Un constat qui, bonne nouvelle, vaut aussi pour les boss, même s’il faut bien avouer que l’aventure n’en offre qu’un seul (le boss final) digne de ce nom : non seulement les autres ne se montrent pas aussi coriaces (même s’il existe des méthodes pour remporter votre ultime combat en une fraction de seconde !), mais il est même possible de carrément les éviter (ce que nous avons fait sur notre run) via un système de conversation à choix multiples. A vous de trouver les réponses adéquates (l’une des augmentations vous y aidera) pour rallier votre interlocuteur à votre cause et résoudre le problème pacifiquement !

Une fois bouclée l’aventure pour la première fois, vous aurez accès au mode Nouvelle Partie + qui vous permettra de conserver vos augmentations pour un second run et donc tenter de maximiser les capacités de Jensen en tentant, pourquoi pas, d’autres approches plus frontales. Un quatrième niveau de difficulté appelé Réaliste sera lui aussi débloqué, qui vous fera mourir à la moindre balle encaissée et effacera votre sauvegarde si par malheur vous perdez la vie !

Quelques errances techniques

D’un point de vue visuel, vous ne serez sans doute pas surpris d’apprendre que Mankind Divided profite de son passage à la dernière génération de consoles et de l’arrivée du Dawn Engine pour flatter un peu plus la rétine : textures plus fines, jeux de lumière plus poussés et environnements plus vivants que par le passé sont au programme, et nous plongent dans un futur proche certes peu reluisant mais diablement convaincant.

Mais la perfection n’étant pas de ce monde on pourra reprocher au jeu, du moins dans sa version PlayStation 4 testée ici, une fâcheuse tendance à saccader lors des déplacements dans certaines zones de Prague. Les affrontements contre plusieurs ennemis après avoir été repéré auront certes tendance à accentuer le phénomène, mais il survient aussi plus souvent qu’on le voudrait lorsque tout est calme autour de vous. Moins gênant, la synchronisation labiale est parfois complètement à l’ouest avec des lèvres immobiles alors que l’on entend parler notre interlocuteur, ou bien des lèvres qui bougent sans que le moindre son ne sorte. Le mixage sonore a en outre quelques ratés durant les cinématiques et oblige à pousser le son très fort pour éviter que les dialogues ne soient inaudibles. Enfin, les chargements en début de partie et entre deux morts, ou bien lorsque l’on passe d’un quartier de Prague à un autre (par le métro) semblent un peu longuets après quelques heures de jeu.

Un contenu bonus bienvenu

Outre sa bonne rejouabilité et les missions supplémentaires de la section « Histoires d’Adam Jensen » disponibles pour ceux ayant précommandé le jeu ou sous forme de DLC, Mankind Divided inclut un mode Breach qui emprunte autant aux VR Missions de Metal Gear Solid qu’au mode Ultimate Team de FIFA. Il vous propose d’incarner un ripper chargé de récupérer des données dans les serveurs de différentes entreprises du monde de Deus Ex, notre héros utilisant pour cela un dispositif de réalité virtuelle aperçu dans la campagne du jeu. Vous plongez ainsi dans des niveaux aux décors très polygonaux et flashys à la Tron, et tentez d’atteindre différents objectifs au travers d’un gameplay identique à celui des missions principales, qui vous permet donc d’opter tantôt pour la discrétion et tantôt pour la force brute.

Si votre tâche principale sera presque toujours d’entrer dans un niveau, de télécharger les données présentes sur les différents relais, puis de rebrousser chemin pour vous échapper, vous devrez aussi de temps à autre remplir d’autres objectifs pour boucler des dossiers importants sur telle ou telle entreprise. Des modificateurs peuvent aussi être utilisés par le ripper ou par le serveur lui-même pour changer les règles habituelles, et donc apporter un peu de fraîcheur.



Chaque niveau passé vous rapporte à la fois des points d’expérience et des crédits : les premiers vous feront monter de niveau et vous accorderont des Points Praxis pour débloquer des augmentations, tandis que les seconds vous permettront d’acheter des Booster Packs contenant des objets utilisables durant vos missions. Armes, munitions et consommables pourront ainsi être récupérés, chaque objet obtenu par ce biais étant affublé d’une note (C, B, A ou S) indiquant son degré de rareté. A vous ensuite de bien fignoler votre inventaire en transférant les objets nécessaires à votre prochaine mission depuis votre espace de stockage !

Terminons en signalant la présence de défis qui peuvent être lancés par le jeu ou par d’autres rippers, ainsi que l’existence d’un classement global vous permettant de comparer vos performances à vos amis et plus généralement aux joueurs du monde entier : de quoi assurer quelques heures de jeu supplémentaires pour les plus acharnés.

Notre verdict

On aime

  • Une grande liberté d’approche dans les missions
  • L’univers extrêmement riche et bien exploité
  • Des missions secondaires très bien construites
  • L’originalité du mode Breach

On n'aime pas

  • Une fin un peu abrupte
  • Quelques ralentissements
  • Le mixage sonore pas toujours au point
  • Un seul vrai boss

Sans révolutionner la recette mise au point par Human Revolution ni proposer un scénario particulièrement haletant, Mankind Divided parvient à offrir une aventure prenante qui vaut surtout par la grande liberté laissée au joueur dans l’approche de ses différentes missions. Les environnements et le système de progression de Jensen ont en effet été pensés pour permettre à chacun d’adopter le style qui lui convient, et ce ne sont pas les quelques errances de l’intelligence artificielle et les petits soucis techniques du jeu qui vous empêcheront de profiter de la richesse de son gameplay et de son univers. Alors certes on aurait aimé que le plaisir dure un peu plus longtemps et que des boss mémorables fassent partie de l’expérience, mais le petit dernier d’Eidos a déjà tout ce qu’il faut pour séduire un large public.

Note finale : 8.5 / 10
Les commentaires
Le
Tiens, je m'attendais à plus!
C'est quand même un sacré jeu.
Le
Je m'étais planté à la publication, ceci dit il ne manquait qu'un demi point. :P

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