Test The Bunker

Publié le par
PS4

Dans la lignée de certains jeux des années 90 en full motion vidéo comme Night Trap ou Phantasmagoria, le studio Wales Interactive Limited tente avec The Bunker de renouer avec le plaisir du film interactif. Entièrement réalisé en prises de vue réelles dans un bunker nucléaire désaffecté du gouvernement anglais, cette aventure rappellera au public PlayStation le jeu Hysteria Project et sa suite sortis dans la gamme Minis de la PSP.

La saine routine

L'histoire de The Bunker commence avec celle d'une femme enceinte (Sarah Greene), prête à accoucher dans un abri antinucléaire anglais alors que des attaques semblent faire rage à la surface. Entourée d'un médecin et d'un infirmier, elle arrive à extraire le 59ème occupant de ce bunker, refuge salutaire pour certains privilégiés. Une ellipse temporelle plus tard, on retrouve John, le divin enfant devenu adulte et apparemment dernier survivant du sarcophage de béton. Notre brave simplet, interprété par Adam Brown qui jouait le nain Ori dans The Hobbit, occupe son quotidien grâce à une routine bien huilée qui le maintient en vie et à peu près sain d'esprit. C'était sans compter sur le déclenchement soudain d'une alarme faisant voler en éclat son train-train et son sentiment de sécurité. Il doit désormais sortir de sa zone de confort pour explorer des recoins oubliés du bunker qui raviveront en lui des souvenirs enfouis…

C'est sur ce pitch que va se tricoter la trame de The Bunker, une aventure interactive qui tient davantage de la vidéo que du jeu. Le gameplay est aussi limité que celui d'un jeu de Telltale Games, le choix dans les dialogues en moins puisqu'il n'y personne avec qui parler. A l'aide du stick analogique et du bouton Croix le joueur doit cliquer sur les portes à ouvrir, les couloirs à emprunter, les leviers à actionner, les documents à lire, les ordinateurs à allumer (…) pour lancer une nouvelle séquence vidéo en haute définition. De temps en temps il est amené à faire des choix (sans qu'ils n'affectent le déroulement du scénario), des efforts en martelant le bouton Croix et des actions rapides (les fameux QTE) en cliquant dans la zone adéquate avant la fin du temps imparti. Il n'y a pas d'inventaire, ni de puzzle à résoudre mais juste des actions basiques à réaliser pour prolonger l'histoire. De ce fait, le jeu est accessible aux joueurs du dimanche même si on peut lui reprocher un déplacement du curseur un peu lent, des zones d'action très petites et des séquences répétitives impossibles à passer, chaque déplacement déclenchant la même vidéo de notre gars ouvrant une porte ou déambulant dans un couloir. Les temps de chargement entre chaque chapitre ont également le chic pour perturber l'immersion mais c'est une contrainte technique obligatoire.

Debunked

Prenant et réaliste, le scénario écrit par des auteurs ayant oeuvrés sur The Witcher, SOMA et Les Chevaliers de Baphomet se laisse consommer sans modération au point d'en boulotter la totalité en une soirée à peine. Comme une bonne soirée télé, le générique de fin tombe environ deux heures après le démarrage du film et même si le jeu propose deux conclusions différentes il suffit de recharger sa partie pour voir la seconde quelques minutes après. C'est un peu court pour un titre vendu à 19,99€ tout de même (et 15,99€ pour les membres du PlayStation Plus) mais ça correspondant au prix d'un film sur support DVD. Pour prolonger le plaisir les complétistes peuvent toujours s'amuser à récupérer toutes les figurines, les ordinateurs et les documents cachés pour débloquer un trophée de platine facile à choper.



Pas aussi flippant ou stressant qu'un jeu vidéo traditionnel où on maîtrise toutes les actions du héros, The Bunker est néanmoins intéressant à suivre grâce au jeu d'acteur crédible et à l'intrigue qui promet un dénouement surprenant. Bon, ce n'est pas à la hauteur de certains épisodes de la Quatrième Dimension ou d'un Shyamalan des grandes heures, mais ça se tient suffisamment pour ne pas se sentir floué. Là où l’on a en revanche le sentiment de se faire avoir, c'est dans la présence de textes uniquement en anglais. Que les développeurs aient voulu préserver le jeu d'acteur en proposant des dialogues en version originale est tout à fait compréhensible, mais ne proposer d'une seule langue pour les sous-titres est inexcusable. Le studio se coupe ainsi d'une part de son audience alors que les dialogues sont finalement plutôt rares et réservés aux flashbacks. Dans ces conditions, les anglophobes se priveront de certaines subtilités de l'histoire, zapperont les documents à lire ou n'achèteront tout simplement pas le jeu. Shocked.

Notre verdict

On aime

  • Bon jeu d’acteur
  • Suffisamment prenant pour le faire d’une traite
  • Le choix de la fin

On n'aime pas

  • Entièrement en anglais
  • Aussi cher et pas plus long qu’un DVD
  • Impossible de passer certaines séquences
  • Plus vidéo que jeu
  • Le dénouement pas renversant

Davantage vidéo que jeu, The Bunker est une œuvre anachronique qui ravira les amoureux du septième art à la recherche d'une histoire un peu interactive pour occuper leur soirée. Un peu cher pour une durée de vie de deux heures, le titre se heurte surtout à un manque de sous-titres français le réservant à une caste de connaisseurs. Il ne mérite quand même pas un Oscar mais Adam Brown y met de la conviction et ça change un peu des softs que nous voyons habituellement sur nos machines.

Note finale : 6 / 10
Les commentaires
Le
Graphiquement c'est du photoréalisme à ce stade. :mdr:

Jeux concernés

Publicité