Test Song of the Deep

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PS4

Le studio américain Insomniac Games est surtout connu sur PlayStation pour ses séries Resistance et Ratchet & Clank. Deux licences qui sentent bon la poudre, les armes délirantes et l’action nerveuse. Quelle ne fut pas notre surprise de voir arriver sur notre console le jeu Song of the Deep, une production plus intimiste à la limite du titre indépendant réalisé par un studio habitué aux triples A. Cette parenthèse créative, éditée par Gametrust (une branche du revendeur Gamestop) a le droit à sa version boite chez une unique enseigne et à une version numérique sur PS4, Xbox One et PC pour 14,99.

Bloop

Visiblement destiné à un jeune public avide de poésie, ce conte marin est raconté par une voix-off féminine sur fond de planches dessinées. L’introduction permet de découvrir l'histoire de Merryn et de son père pêcheur de profession, leur vie modeste et leur grande complicité. Tout allait bien jusqu'à la disparition subite du paternel poussant notre jeune héroïne à se fabriquer à la va-vite un sous-marin de poche pour partir à sa recherche sous la mer. Une prise de risque énorme justifiée par l'amour et les bons rapports père-fille. La gamine va ainsi découvrir les vestiges de civilisations englouties et la faune largement hostile qui se cache sous l'eau. Il faut dire que la môme s'arme uniquement de bonnes intentions et que le reste de son équipement sera à choper au gré de la marée.

Song of the Deep est un jeu d’action / aventure tendance Metroidvania. L’exploration y occupe une large part du gameplay mais elle se heurte sans cesse à des obstacles de plusieurs natures : des murs de pierres, des portails cadenassés, des forts courants marins, des voies trop petites pour l’engin ou des bestioles dangereuses comme des méduses par exemple. Certains passages sont donc bloqués dans un premier temps et imposent de revenir sur nos pas pour prendre des chemins de traverse jusqu'à l'obtention de l'objet qui déverrouillera la situation. Ainsi une pince pourra briser des poutres en bois et soulever des fermoirs, un puissant projecteur effrayera les mollusques, un sonar actionnera des interrupteurs spécifiques, une meilleure hélice permettra de faire face aux courants et des torpilles vous frayeront un chemin par la force. Les gadgets peuvent par la suite être améliorés auprès d'un Bernard l'Hermite faisant office de magasin et acceptant les vieilles pièces de monnaie en échange. Le capitalisme n'a vraiment plus aucune limite.


Tous les objets et les trésors oubliés sont soigneusement cartographiés pour ne rien perdre de ses découvertes, et revenir en arrière plus tard n’est pas tellement un calvaire puisque des distorsions sous-marines servent de téléporteur pour se rendre d’une zone à l’autre. L’objectif actuel est clairement identifié par une croix sur la carte, les légendes des icônes sont visibles en permanence et le temps de jeu ainsi que le nombre d'objets récupérés occupent la partie statistique. Le jeu fait preuve d'une certaine pédagogie à la limite de l'assistanat pour la résolution des énigmes et la navigation in-game. On sait toujours où se rendre et trop s'écarter du balisage est presque inutile puisque nous n'aurons pas de quoi progresser en l'état. Insomniac Games semble cibler les joueurs novices qui découvrent le genre plus que les baroudeurs de la manette, en témoigne l'absence d'un mode New Game + cher aux gamers en quête de speed run ou du 100 % de découverte.

20 000 vieux sous grand-mère

Alors que tout semble indiquer une expérience familiale jouable dès 7 ans, Song of the Deep étonne par certains moments de grande frustration. Non pas que les combats soient particulièrement complexes (bien que les ennemis réapparaissent de manière sporadique et régulière), mais à cause d’une inertie mal dosée et en même temps assez logique pour un appareil subaquatique incapable de s’arrêter net comme en plein air. Ainsi, difficile de ne pas criser lorsqu’on s'empale sur des pieuvres dignes des pires passages dans les égouts des Tortues Ninja sur NES, ou quand on tombe sans le vouloir sur un ennemi capable de nous tuer en un coup. Les points de passage ont beau être nombreux et réguliers, devoir se retaper toute une zone à cause d'un manque de visibilité, d'un contrôle approximatif ou d'une difficulté mal dosée, a de quoi déranger. La physique de certains objets à manipuler est discutable, tout comme la présence de bugs irritants (et parfois bloquants) dans des moments déjà tendus comme une course-poursuite ou la résolution d'un puzzle assez pénible.

Certains casse-têtes sont heureusement plutôt brillants par leur inventivité et leur exploitation de l’environnement. Dans l’ensemble, le manque de finition qui sent le travail précipité pour assurer une sortie estivale fait tâche dans le parcours jusqu’ici quasiment sans faute du développeur en matière de technique et de gameplay. Ce ne sont pas les curieux ralentissements qui diront le contraire. Malgré ces écueils qui pour la plupart auraient pu être évités, l'exploration des fonds marins reste une expérience intéressante et agréable. Les graphismes en 2.5D ne sont pas spectaculaires pour les yeux mais la direction artistique est mignonne à souhait, les décors en arrière-plan sont souvent grandioses et l'excellente bande-son donne une aura poétique et précieuse à l'ensemble. Les doublages de la narratrice contribuent à cette impression d'assister à une fable pour enfants, et les musiques douces collent parfaitement à l'ambiance feutrée du monde du silence. La durée de vie avoisine les sept heures de jeu, ce qui est au-dessus de la moyenne pour un petit soft vendu à une quinzaine d'euros. On s'ennuie parfois un peu devant mais voici de quoi occuper une petite partie de votre été et un mois de juillet particulièrement pauvre en grosses sorties.

Notre verdict

On aime

  • Direction artistique mignonne
  • Musiques envoûtantes
  • Accessible à tous
  • Quelques bonnes énigmes
  • Bon rapport quantité / prix

On n'aime pas

  • Certains passages frustrants
  • Les combats pas terribles
  • Les bugs et les ralentissements
  • Les sous-titres minuscules

Song of the Deep est une œuvre mineure dans la carrière du studio Insomniac Games et les nombreux soucis de finition et de conception auront de quoi frustrer les plus zens d’entre nous. Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain pour autant : le cadre original, dépaysant et les musiques magiques aident à passer un bon moment devant sa console. Plutôt longuet pour un jeu vendu à 14,99 en boite, l’exploration des fonds marins offre un moment de pure poésie et une bonne initiation au genre Metroidvania à défaut d'en être un solide représentant. Le gameplay est loin d'être parfait mais faute de concurrence cet été vous pouvez vous boucher le nez et mettre la tête sous l'eau sans problème.

Note finale : 6.5 / 10
Les commentaires
Le
Mouais pas super convaincu pour le test. Je le prendrai PS+ ou avec une bonne reduc
Le
+1 j'attendrais une réduction, dommage qu'il soit pas cross-play avec la Ps Vita.

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