Test Umbrella Corps
Dénommé Biohazard : Umbrella Corps au Japon, ce spin-off de la série Resident Evil a perdu son lien d'appartenance avec la série de survival-horror sur le marché occidental, comme si Capcom était conscient qu'affilier ce jeu d'action à sa licence phare risquait de lui faire du tort. Il n'a même pas l'honneur de sortir en version physique en dehors du pays du Soleil Levant mais uniquement en numérique sur PlayStation 4 et PC pour la coquette somme de 29,99€. La logique est compréhensible tellement ce titre annoncé en douce au dernier Tokyo Game Show s'avère être un ratage sur toute la ligne.
Grand (Umbrella) Corps Malade
Pour le vingtième anniversaire de la sortie de Resident Evil sur PS One, le japonais Capcom a décidé de saboter sa licence chérie avec un jeu d'action multijoueurs totalement insipide. Comme si c'était un échec volontaire de sa part, le développeur met toutes les chances de son côté pour rater son projet. Ainsi, Umbrella Corps ne s'embarrasse même pas d'une cinématique d'introduction ou d'un contexte narratif mais nous expédie sans aucune logique sur sept anciennes cartes tirées de précédents épisodes de la saga (les rues de Raccoon City de Resident Evil 2, le village espagnol de Resident Evil 4, la base en Antarctique de Code Veronica et le village africain de RE 5) pour affronter d'autres mercenaires d'Umbrella en trois contre trois avec des zombies en guise de figurants. Ces cartes sont de minuscules arènes dotées d'un level design impressionnant de pauvreté, qui mériteraient à peine leur place dans le mode Mercenaires en bonus d'un épisode canonique. Le jeu n'est même pas sorti en version définitive, et Capcom annonce déjà les sorties prochaines de deux cartes supplémentaires reprenant le manoir du premier Resident Evil et le quartier Lanshiang du sixième opus. On imagine qu'il faudra mettre la main au porte-monnaie pour se les procurer alors que le jeu coûte déjà 29,99€ en l'état.
Centré sur l'action compétitive comme ce que font de nombreux concurrents en ce moment avec bien plus de talent (Overwatch et Battleborn pour ne citer qu'eux), le soft ne propose que deux modes multijoueurs. Le premier nommé Extermination cache un simple Deathmatch dans lequel il faut éliminer les joueurs adverses. Le second, baptisé Multi Ops, demande de compléter des objectifs imposés sur plusieurs manches. Rien de très original pour autant puisqu'il suffit de collecter toutes les mallettes de la carte, de tenir une mallette loin de l'adversaire le plus longtemps possible ou de tuer une créature spéciale (un zombie mutant) pour en prélever l'ADN. Et c'est tout, jusqu’à la sortie future du mode « 4 survivants » en chacun pour soi déjà promis par l'éditeur et qu'il faudra sans doute payer.
Évidemment Umbrella Corps assure le service minimum avec des parties classées, des parties publiques, des parties privées et une importante dose de personnalisation. L'équipement et ses couleurs sont modifiables pour avoir son soldat rien qu'à soi : casque, masque, Jammer-Z, protège-épaule, écusson et stickers peuvent être changés / ajoutés pour avoir la classe. Les sets d'armes et d'émotes – pour faire passer un message sans parler – sont aussi paramétrables avant la bataille. Le kit de personnalisation en vente à 14,99€ pour s'offrir les faciès de Léon, Chris, Barry, Wesker ou Hunk entre autres goodies est inclus dans l'édition Deluxe à 39,99€ si vous n'êtes pas regardant sur la dépense. Enfin, l'onglet Carrière répertorie vos statistiques sur le terrain et des Défis Umbrella proches des trophées peuvent être complétés pour tuer le temps. Pas de quoi faire sauter une braguette.
Traversée du désert en solitaire
Avant d'entrer sur le terrain de la compétition, il est conseillé de boucler rapidement le tutorial. Présenté en deux sections (simple et avancé), cette mise en bouche explique les rudiments des commandes et du gameplay. Niveau prise en main, on s'affligera d'une caméra bien trop proche du personnage qui mange tout le côté gauche de l'écran, rendant invisible les ennemis présents juste à nos côtés et dans notre dos (au point de placer une vue rétroviseur sur une direction de la croix), comme si on jouait à Resident Evil 6 avec le bouton de joug pressé en permanence. Pour viser avec précision (encore que) un zoom fait passer la caméra en vue FPS avec le canon de l'arme présent à l'écran pour réaliser des headshots. Pas plus pratique et suffisamment longue à basculer pour se faire tuer entre temps, cette caméra est à proscrire. Notre soldat d'élite peut aussi lancer des grenades, courir, s'accroupir, s'allonger, se planquer derrière des éléments des décors, grimper à des échelles, passer par-dessus des obstacles, ouvrir des portes à coups de pied et atteindre des sommets à l'aide de son piolet. La panoplie est large mais l'exécution est pénible dans le feu de l'action, les commandes étant loin d'être intuitives pour des mouvements de base comme franchir un obstacle. Par conséquent l'écran est en permanence pollué par des commandes d'actions contextuelles censées nous aider.
Niveau gameplay le titre semble fier de ses deux « trouvailles » que sont le Jammer-Z et le Brainer. Le premier est un boîtier dorsal que possède chaque mercenaire le rendant (pratiquement) invisible aux yeux des zombies. Le second est le piolet mentionné plus haut, utile pour grimper sur des surfaces en hauteur mais aussi lutter au corps à corps. Dans les faits ce sont deux fausses bonnes idées de plus. Capcom pensait sans doute pimenter les parties en rendant le dos des soldats sensibles au tir en faisant d’eux des appeaux à créatures une fois leur Jammer-Z cassé. En réalité personne ne s'en préoccupe et les armes biologiques ne sont que des victimes collatérales durant les échanges mais jamais des menaces concrètes. Quant au Brainer, il est tellement puissant qu'il tue les ennemis de base en un coup et les plus gros en étant chargé si bien que les joueurs en abusent et privilégient le corps à corps pour expédier les combats. Le résultat est un pugilat sans aucune subtilité ni équilibre, ni amusement.
En parlant de choses fadasses, abordons le cas du mode solo tout à fait grotesque. L'expérience (c'est son nom) consiste en une simple collecte de vingt fioles d'ADN sur les cadavres des zombies et autres créatures rencontrées dans les niveaux. Il suffit donc de survivre aux morts-vivants qui respawnent en sortant de marres d'entrailles jonchant le sol (!), d'en exterminer suffisamment avec les armes imposées et de recommencer sur le niveau suivant situé parfois sur la même carte ! Avec vingt niveaux pour sept cartes, le recyclage garantit la redondance, heureusement de courte durée. Terminons cette purge avec des graphismes assez vilains tournant sous le moteur Unity en configuration tablette, et des musiques faussement entraînantes qui ne collent pas à l'ambiance horrifique voulue et vous comprendrez qu'il n'y a pas grand-chose à sauver de ce triste naufrage.
Notre verdict
On aime
- Des lieux connus en guise de cartes
On n'aime pas
- Solo dénué d’intérêt
- Aucune mise en scène
- Caméra trop proche du joueur
- Des futures cartes et modes en DLC
- Cartes bien trop petites
- Gameplay vérolé par la présence du Brainer
- Graphiquement simplet
- Trop cher et vendu en kit
- La licence souillée à jamais
Umbrella Corps est un jeu d’action bâtard qui tente de séduire les fans de Resident Evil en recyclant les décors mythiques de la série pour mieux les poignarder dans le dos en proposant un gameplay aux antipodes du survival-horror. Là où Operation Raccoon City demandait au moins de se serrer les coudes pour survivre à l’invasion de morts-vivants et autres créatures génétiquement modifiées, ce nouveau spin-off multijoueurs place l'affrontement entre soldats au cœur du gameplay. Il en ressort une bouillie d'entrailles, de tirs et de coups de piolet dans le crâne tournant à vide et ne rivalisant en aucun cas avec les meilleurs jeux compétitifs du moment. Avec l'ambition d'un mod amateur et la réalisation d'une production iPad, Umbrella Corps est une aberration vidéoludique à éviter, même pour les inconditionnels de la licence.
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