Test Neverending Nightmares
Porté par son développeur Matt Gilgenbach et financé par une campagne Kickstarter couronnée de succès, Neverending Nightmares est un jeu d’horreur psychologique atypique. De par son esthétique proche de la bande dessinée et son histoire sujette à de nombreuses interprétations, ce titre est la preuve qu’on peut faire sursauter et réfléchir avec un sujet lourd comme la maladie mentale, la dépression et les troubles obsessionnels compulsifs. Afin d’en profiter au maximum, cette session de test a été réalisée sur PlayStation Vita, en pleine nuit et avec le casque fixé aux oreilles.
Inception
L’histoire de Neverending Nightmares prend place dans le pyjama à carreaux de Thomas, un type comme tout le monde qui se réveille après un horrible cauchemar mettant en scène l’agression d’une jeune fille poignardée à mort. Alors qu’il déambule calmement dans les couloirs d’une immense bâtisse pour se sortir mentalement de ses songes, les événements qui vont suivre vont révéler qu'il est encore en train de rêver. Comme le nom du jeu l'indique, notre héros est piégé dans un cauchemar sans fin. Un rêve dans un rêve dans un rêve, etc. un peu comme dans le film Inception mais d'une ampleur beaucoup plus profonde et sur un thème nettement plus angoissant. En effet, à chaque fois qu'il vivra quelque chose de choquant ou de violent, notre somnambule se réveillera de nouveau dans son lit avec parfois des changements notables de décor. Est-ce la dégradation de son état d'esprit qui a un impact direct sur les lieux ou bien le contraire ? A vous de le découvrir, en vous aidant sans doute de commentaires sur le net concernant l'interprétation du scénario.
Le gameplay en lui-même prend la forme d'une longue exploration de couloirs labyrinthiques, en se glissant d'une porte à l'autre, d'un escalier à l'autre, d'un étage à l'autre. De temps en temps il est possible d'observer des tableaux, de ramasser des objets clés à utiliser ou de se cacher dans des placards pour éviter les créatures qui rodent dans les parages. Les décors grisâtres ont un style griffonné donnant un côté bande dessinée interactive « à la Edward Gorey » à cette production, tout en mettant bien en valeur certains éléments de couleur comme les traces de sang ou les items interactifs. Les grésillements, tant sonores que graphiques, et la présence de plus en plus manifeste de traits de crayons noirs à l'approche d'un danger imminent font monter la pression. Des sursauts sont également à prévoir grâce à une bande sonore peaufinée avec soin – pleine de cris, de murmures et de pleurs d'enfants - et à certains artifices visuels efficaces à défaut d'être originaux (apparitions soudaines notamment). Forcément, le côté répétitif des décors, l'impression de tourner en rond et la lenteur du personnage ont de quoi frustrer les plus impatients, mais ils contribuent à installer l'ambiance tendue du jeu. Et puis notre asthmatique peut courir s'il le veut, même s'il s'essouffle bien vite, révélant au passage sa condition physique déplorable.
Neverending Stories
L’action est inexistante renvoyant ce titre au genre « simulateur de marche » qui a le vent en poupe ces derniers temps. La narration est en pointillés avec juste quelques inscriptions dans les décors (en français) et quelques cut-scenes réalisées avec le moteur 2D à des moments clés. Le fond de l’histoire repose sur l'analyse que l'on peut faire des couloirs, des pièces, des objets (genre des poupées en porcelaine) et des ennemis qui, s'ils nous attrapent, nous massacrent dans des mises à mort bien violentes. Le titre ne lésine pas sur les effets gores et certaines salles sont bien glauques avec leurs tas de cadavres empilés baignant dans des hectolitres d'hémoglobine. L'exploration ne dure malheureusement pas bien longtemps puisqu'une petite heure et demie suffit pour voir dérouler le générique de fin (de quoi vous occuper une soirée). Par chance la production propose trois fins différentes en fonction des embranchements que vous aurez empruntés à certaines étapes. Il n'y a pas de choix à faire à proprement parler, mais juste des chemins alternatifs à prendre de manière inconsciente.
Inutile de recommencer le jeu à zéro pour autant, il suffit de reprendre la partie au cauchemar qui nous intéresse pour prendre une autre voie et atteindre une autre fin. L’accès rapide à ces points d’embranchement est d’ailleurs une des nouveautés de cette version PlayStation. De quoi apporter un peu de rab à notre moulin sans toutefois prétendre à plus de deux heures trente de jeu au total. C’est un peu léger pour un titre vendu à 14,99€ (11,99€ pour les membres du PlayStation Plus jusqu’au 19 mai) même s’il est cross-buy et cross-save entre la PlayStation 4 et la PlayStation Vita. Le jeu est même compatible avec la PlayStation TV pour les possesseurs de la micro-console, et tourne en 60 images sur seconde sur les trois machines. La prise en main ne pose aucun problème, les déplacements se faisant en profondeur sur un même plan avec seulement un bouton pour courir et un autre pour ouvrir les portes. Simplissime pour se concentrer sur le fond et la forme.
Notre verdict
On aime
- La direction artistique maîtrisée
- La bande son redoutable d’efficacité
- L’ambiance glauque à souhait
- Plusieurs fins et interprétations
On n'aime pas
- Pas vraiment terrifiant
- Le gameplay très limité
- La durée de vie faiblarde
- La lenteur du héros
- L’impression de tourner en rond
Plus expérience interactive que jeu vidéo, Neverending Nightmares est une œuvre personnelle qui a permis à son auteur de partager ses émotions les plus sombres et les plus négatives pour les évacuer. La peur, l’horreur, l’angoisse, le désespoir, la douleur et la frustration sont des thèmes récurrents bien perceptibles, même si d’un point de vue purement vidéoludique il faut bien admettre que la traversée des cauchemars est parfois laborieuse, avec leurs couloirs redondants qui donnent l'impression de tourner en rond. L'ennui n'est jamais très loin, d'autant que les jump-scares ne sont au final pas si fréquents que ça malgré une ambiance glauque servie par une direction artistique originale et une bande son travaillée. Reste la présence de trois fins et de leurs interprétations pour nous questionner une fois le cauchemar rapidement bouclé.
WestDogg57
Ma question: es t'il en vostfr ou Vo ? Pourquoi ne pas précisé dans le test ?
Vincent
Donc oui, je te confirme que les dialogues sont en anglais sous-titrés français.
WestDogg57