Test Toki Tori 2+

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PS4

Avec un titre comme Toki Tori 2+ on penserait logiquement que ce jeu nous vient tout droit du Japon et apporte avec lui un vent de fraîcheur typiquement nippon. En réalité, les aventures du piaf jaune ont été conçues aux Pays-Bas, au sein du studio Two Tribes B.V dont le premier titre n'était autre que le Toki Tori original sorti en 2001 sur Game Boy Color. Peu importe ses origines, derrière ce nom étrange se cache un jeu de réflexion délicat emballé dans une réalisation enfantine. A l'occasion de sa sortie en boite sur PlayStation 4 le 26 février dernier pour une vingtaine d'euros, revenons quelques instants sur cette prise de tête colorée.

À la télé y'a un poussin

Que ce soit sur la jaquette de la boite ou au lancement du jeu, aucune justification scénaristique ne nous explique qui nous sommes, pourquoi nous sommes là et ce que nous devons faire. Il faut se tourner vers le communiqué de presse pour obtenir quelques bribes d’histoire. Apparemment un mystérieux cristal volant menace la faune et la flore d'une paisible île et cinq grenouilles ancestrales dispersées aux quatre coins du pays voient en notre héros à plumes le dernier espoir de les sauver. Elles lui envoient alors un message par télépathie pour qu'il se mette en route vers leur salut. A y regarder de plus près, une sorte de lave de couleur noire défigure effectivement certains endroits dans les niveaux, sans doute un des effets du fameux cristal.



Le début de Toki Tori 2+ est assez déroutant puisque notre oiseau rare tombe dans un niveau comme un cheveu sur la soupe. Pas de tutorial pour les commandes non plus, il faut y aller à tâtons ou se rendre dans le menu des commandes pour voir que seules deux touches sont sollicitées : le bouton Croix pour siffler et le bouton Carré pour marteler le sol avec son postérieur. Hé non, le fait d'incarner un oisillon obèse ne nous permet pas de voler librement de nos petites ailes dans les niveaux ni même de sauter. Seuls les déplacements horizontaux et les montées aux échelles sont possibles, pour le reste vous devrez manipuler la faune locale à vos fins. Siffler permet d'attirer à vous certains animaux quand l'onde de choc du saut en éloigne d'autres.

A vous de combiner les deux pour progresser dans les niveaux en écrasant le sol par exemple pour faire tomber un insecte dans la gueule d'une grenouille qui à son tour expulsera une bulle d'air (la digestion sans doute) dans laquelle notre piaf pourra s'engouffrer pour planer un moment jusqu'à l'implosion. Dans le même ordre d'idée des espèces de Bernard-l'hermite planqués dans des blocs de pierre servent de plateforme, des oiseaux peuvent nous transporter jusqu'à leur nid et des petites lucioles font offices de lampe-torche dans les niveaux souterrains. Vous l'aurez compris tout le gameplay repose sur l'exploitation des décors et de leurs habitants, ce qui n'est pas évident par moment. Malgré son design enfantin les puzzles sont rapidement complexes au point de se demander pendant de longues minutes comment s'y prendre d'autant que, encore une fois, le jeu nous laisse seul face au problème sans le moindre indice pour nous débloquer.

Et le poussin piou, et le poussin piou, et poussin piou….

La difficulté de certains passages de plateforme est même synonyme de Game Over répétés en raison de l'absence de barre de vie, le moindre contact étant mortel. Heureusement les checkpoints sont réguliers et il est possible de retourner au précédent point de passage à tout moment si on estime être piégé en sifflotant une mélodie particulière. Le degré de pression de la touche de chant libère une note de musique plus ou moins forte et en combinant jusqu'à huit de celles-ci dans un ordre précis nous obtenons des chants (jusqu'à cinq) aux actions diverses comme remonter le temps au dernier checkpoint ou voyager rapidement d'un point à l'autre de la carte. Le jeu est ainsi découpé en niveaux accessibles sur une carte de l'île. Si la progression est linéaire il est en revanche possible de retourner sur ses pas pour explorer des zones autrefois inaccessibles et qui le sont désormais grâce à la bonne mélodie. C'est idéal pour les complétistes qui veulent récupérer les 100 ailes dorées planquées dans le jeu ou qui veulent se lancer dans un safari photo des créatures du jeu pour remplir leur Tokidex. Un challenge annexe qui en ravira certains.

Bien que simple d'un point de vue purement technique, Toki Tori 2+ offre une réalisation chatoyante avec ses décors en 2,5D sans un pet d'aliasing, sans le moindre défaut visuel. Les niveaux sont colorés, les arrière-plans flous sont fouillés et les animaux sont modélisés avec un design rappelant la série 3D Caliméro. Les musiques sont festives et renvoient à des dessins animés ou même à certains niveaux de Rayman Origins. On leur reprochera juste d'être un peu répétitives malgré tout. La prise en main est immédiate en raison du faible nombre d'actions possibles pour notre oiseau et la durée de vie dépasse la dizaine d'heures de jeu, ce qui est très correct pour un prix de 13,99€ en dématérialisé et d'une vingtaine en boite.

Ces qualités esthétiques ne gomment malheureusement pas les défauts du jeu plus ou moins rédhibitoires selon les cas. Déjà, notons un certain décalage entre le côté bon enfant de la réalisation qui semble destiner le jeu à un jeune public et la difficulté assez élevée des énigmes et des phases de plateforme qui lorgnent plutôt vers un public de gamers purs et durs qui auront la patience de se creuser les méninges. Ensuite, le manque d'explications générales, tant au niveau du gameplay que de l'histoire, fait qu'on avance toujours à l'aveugle sans trop savoir où aller ni pourquoi au point de provoquer frustration et découragement. Enfin, la carte du monde est peu lisible et les niveaux doivent intégralement être refaits quand on revient sur nos pas (et non pas en choisissant un checkpoint particulier par exemple) ce qui n’incite pas à explorer les levels une seconde fois après les avoir péniblement bouclés. Bref, on est parfois plus près du chant du cygne que de la ballade bucolique.

Notre verdict

On aime

  • La réalisation toute mignonne
  • Une bonne durée de vie
  • De quoi se creuser les méninges

On n'aime pas

  • Aucune explication de gameplay ou d’histoire
  • Le décalage fond / forme
  • Une carte peu lisible
  • Des niveaux parfois décourageants
  • Musiques répétitives

Ne vous fiez pas à sa petite tête d’innocent mise en avant sur la jaquette et à sa réalisation chatoyante, Toki Tori 2+ n’est pas un jeu de plateforme destiné aux enfants mais un puzzle-game difficile qui fera même sécher les plus grands. Épuré de toute explication scénaristique et de gameplay, le jeu de Two Tribes B.V se concentre sur des énigmes complexes à base de manipulation de la faune locale en attirant les bestioles par vos sifflements ou en les effrayant par vos sauts. Le résultat est un challenge progressif  de longue haleine qui s’avère trop souvent frustrant pour le recommander à tous les publics.

Note finale : 6.5 / 10
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