Test Trackmania Turbo
Apparue sur PC il y a près de treize ans, la série Trackmania n’avait jusqu’ici fait que de timides incursions dans le monde des consoles de jeu, exclusivement sur DS et Wii. Les développeurs de Nadeo, épaulés par Ubisoft, tentent cette fois leur chance chez Sony et Microsoft en sortant leur nouveau titre non seulement sur PC mais aussi sur PlayStation 4 et Xbox One. De quoi ravir les possesseurs de ces machines, d’autant que la série n’a rien perdu de son charme dans la transition !
Pour ceux d’entre vous qui n’auraient jamais entendu parler de Trackmania, il n’est sans doute pas inutile de préciser que si nous sommes bel et bien en présence d’un jeu de course automobile, vous n’y serez presque jamais directement opposé à d’autres adversaires sur la piste : ces derniers peuvent certes être visibles en même temps que vous, mais ils le sont alors sous forme de fantômes avec lesquels aucune collision n’est possible. Ce sont en réalité vos performances individuelles qui permettent d’établir un classement et de définir un podium, l’accent étant ainsi clairement mis sur votre maîtrise du pilotage plutôt que sur votre bonne fortune quant à d’éventuels évènements de course.
Délirant mais exigeant
Ceci étant, n’allez pas croire que Trackmania ressemble de près ou de loin aux simulation que sont Project Cars ou Assetto Corsa : le gameplay du jeu est résolument orienté arcade, aussi bien dans la maniabilité des voitures que dans le tracé des circuits. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un œil aux différents trailers du jeu qui font la part belle aux pistes façon grand huit, aux sauts invraisemblables et aux dérapages interminables ! Autre particularité, vous n’aurez pas ici le loisir de collectionner des véhicules et de les régler comme bon vous semble : le jeu impose un bolide pour chacun de ses quatre environnements, si bien que vous piloterez tour à tour deux buggies, un Hot Rod et une monoplace façon Indy Car ou Formule 1. Quelques possibilités de customisation sont bien de la partie (drapeau, peinture, mascotte, numéro et matériau), mais on comprend très vite que les stars du jeu sont les tracés et non pas les voitures.
Il suffit pour s’en convaincre de faire un tour dans le mode Campaign qui abrite notamment la Campagne solo du jeu : comptant pas moins de 200 épreuves pour autant de tracés, elle est divisée en cinq séries (White, Green, Blue, Red, Black) à la difficulté croissante comptant chacune 10 épreuves pour chaque environnement (5 séries * 4 environnements * 10 épreuves = 200, le compte est bon !). Pour chacun de ces groupes, vous aurez droit à 8 épreuves vous demandant d’aller d’un point A à un point B, et à 2 épreuves sur circuit fermé avec un nombre de tours imposé. L’objectif est d’aller le plus vite possible, trois temps cible vous permettant de remporter une médaille d’or, d’argent ou de bronze. C’est en accumulant ces médailles que vous débloquerez peu à peu les séries suivantes, avec obligation d’obtenir toutes les médailles de bronze pour progresser dans les séries White et Green, celles d’argent pour les séries Blue et Red, et celles d’or pour la série Black. Autant dire que si les premières heures de jeu ne posent pas vraiment de problème, il faudra vous montrer particulièrement doué pad en main pour débloquer toutes les épreuves !
Car si la plupart des tracés sont relativement courts et se bouclent en moins d’une minute, ils regorgent de pièges qui vous forceront à retenter les épreuves des dizaines de fois pour enfin décrocher votre précieuse médaille d’or : on pense en premier lieu aux virages serrés et autres épingles, notamment sur les circuits haut perchés desquels vous pouvez tomber en cas de trajectoire mal calculée, mais aussi aux bosses qui peuvent vous faire décoller lorsque vous roulez à vive allure (attention à l’atterrissage !), et aux différents revêtements (bitume, boue, sable, herbe…) qui changent du tout au tout le comportement de votre bolide. Ceci dit ce sont sans doute les sections plus exotiques qui titilleront les pilotes virtuels comme celles à nitro dans lesquelles la voiture accélère toute seule, celles qui coupent votre moteur et vous forcent à bien gérer votre inertie (une belle trouvaille), celles qui vous collent à la piste grâce à la force magnétique et vous font faire d’impressionnants loopings, ou encore celles qui mettent à l’épreuve vos talents d’acrobate en vous obligeant à voler d’un tremplin à un autre.
Vous l’aurez compris Trackmania Turbo saura vous imposer un challenge digne de ce nom grâce à ses tracés nombreux et inventifs, et il y a fort à parier que vous passerez des heures sur certaines épreuves pour améliorer encore et encore votre temps. Si cet aspect trial & error peut parfois décourager dans certains titres du genre, il est ici plus un moteur qu’un frein au plaisir de jeu notamment grâce à l’excellente maniabilité des voitures, et à la possibilité de recommencer une épreuve ou de repartir du précédent checkpoint par simple pression sur un bouton (respectivement Rond et Triangle sur PlayStation 4) : pas de manipulation lourdingue (Pause + Recommencer + Confirmer) ou de temps de chargement si vous ratez votre premier virage !
Le multi à l’honneur
Si la campagne solo du jeu a déjà de quoi vous occuper de longues heures, le principal attrait de la série Trackmania réside depuis ses débuts dans ses options multijoueurs. En ligne, l’idée de base est simple : créer une compétition sous la forme d’une playlist de défis et rassembler un maximum de joueurs (jusqu’à 100 selon les salons) qui tenteront leur chance simultanément. Le tournoi peut être de type Contre-la-montre / Time Attack (vous devez réaliser la meilleure performance possible dans le temps imparti), Rounds (plusieurs manches sont disputées et le premier joueur à atteindre le score cible a gagné) ou Tours (il faut boucler un nombre de tours donné du circuit). Une variante Stunt existe pour chaque type, qui permet aux pilotes de diriger leur bolide dans les airs grâce aux sticks et ainsi de réaliser des figures qui leur permettront de remplir leur jauge de boost : un bon moyen de prendre le dessus sur vos adversaires.
Comme indiqué plus haut aucune interaction directe n’est possible entre les concurrents, mais il est toujours amusant de voir les fantômes de nos adversaires se planter sur la piste. Seul petit hic : il est impossible de désactiver l’affichage de ces voitures tierces (seul le pseudo des joueurs peut être caché), si bien que le tracé de l’épreuve n’est pas toujours extrêmement lisible : espérons qu’un petit patch viendra améliorer cela histoire que l’on puisse, quand on le désire, se focaliser sur l’épreuve sans être distrait par nos adversaires. Hormis ce détail, les compétitions sont logiquement très plaisantes mais il vous faudra faire preuve de beaucoup de talent pour accumuler suffisamment de points et ainsi figurer sur le podium final. Précisons au passage que le jeu gère en permanence votre classement mondial, national, régional et départemental : sans grande utilité mais toujours amusant !
L’autre versant du multijoueurs qui a bénéficié d’une attention toute particulière dans cet opus concerne les parties à plusieurs en local. Les habitués de la série retrouveront les classiques modes Hotseat (jusqu’à 16 joueurs se lancent tour à tour dans un défi), Arcade (vous avez trois chances pour figurer dans le Top 10 d’une épreuve) et Split Screen (pour 4 joueurs simultanément, avec cette fois une gestion des collisions), mais une nouvelle option baptisée Secret fait aussi son apparition dans le menu Multiplayer. Une fois sélectionnée, elle vous propose d’appuyer successivement sur trois boutons pour activer différents modes de jeu combinant les options évoquées plus haut ainsi que plusieurs de leurs variantes. Par exemple Mono Screen regroupe 4 joueurs sur un unique écran et pénalise les pilotes qui sortent du cadre, Bonus vous permet de récupérer des power-ups pour faciliter votre course ou compliquer celle de vos adversaires, et Smash vous oblige à accélérer en martelant le bouton plutôt qu’en le maintenant. Des idées sympathiques sur le papier mais pas forcément convaincantes une fois le pad en main, certaines combinaisons rendant les courses aussi aléatoires qu’illisibles et donc en totale contradiction avec l’esprit de base de la série. En outre, il aurait sans doute été plus judicieux de proposer un écran des options à activer ou non plutôt que de recourir à un obscur « code secret »…
Dernier aspect important du multijoueurs, les développeurs ont inclus dans Trackmania Turbo la fonctionnalité Double Driver qui permet à deux joueurs de contrôler une seule voiture : la console fait une moyenne des actions de chacun (direction, accélération, freinage) et oblige donc le duo à bien se coordonner pour passer les sections les plus difficiles : fous rires garantis ! L’option est évidemment disponible en multi local mais il convient de préciser qu’elle s’étend à toute la campagne du jeu qui peut donc être ainsi parcourue à deux.
Une technique convaincante
Nous l’avons déjà dit, le petit dernier de Nadeo débarque sur nos machines avec pas moins de 200 tracés tous plus délirants les uns que les autres. Mais l’aventure Trackmania ne s’arrête pas après les avoir tous découverts puisque l’éditeur de circuits TrackBuilder 2.0 est aussi intégré au jeu. Disponible en trois versions (Débutant, Normal, Avancé), il vous permettra de créer vos propres tracés de manière ludique et dispose même d’un didacticiel servant à en appréhender les principales fonctions. Que les allergiques à ce type d’outil se rassurent : ils pourront aussi utiliser le générateur automatisé qui se chargera de leur concocter des circuits aléatoires, ou bien simplement profiter des créations des autres joueurs puisque l’objectif ultime est évidemment de partager ses plus belles réalisations avec la communauté du jeu.
Et il serait dommage de ne pas prolonger le plaisir de cette manière puisque Trackmania Turbo se montre techniquement très solide avec ses quatre environnements bien distincts (Canyon Grand Drift, Down & Dirty Valley, International Stadium et l’inédit Lagoon Rollercoaster) et son animation sans faille. Que ce soit en solo dans la Campagne ou contre une centaine d’adversaires en ligne, la fluidité est toujours de mise et nous n’avons pas constaté un seul ralentissement durant nos longues heures de test : une performance. Histoire de pinailler nous pointerons tout de même du doigt les temps de chargement un peu longs avant chaque épreuve (en local comme en ligne), mais ceux-ci sont vite oubliés une fois lancé sur la piste.
Côté bande son le jeu fait la part belle aux rugissements des moteurs mais des dizaines de musiques viennent aussi rythmer les épreuves et peuvent même s’emballer par simple pression sur le pavé tactile du DualShock 4 : de la nitro musicale pour pilote en mal de motivation après un virage mal négocié !
Notre verdict
On aime
- Un contenu énorme
- Le gameplay aux petits oignons
- De jolis environnements
- Une fluidité parfaite
- L’éditeur de circuits
- Moins de 40€ pour des heures de fun !
On n'aime pas
- Les temps de chargement un peu longs
- Impossible de cacher les autres joueurs en ligne
- Certaines options en multi local un peu fouillis
La série Trackmania débarque sur consoles avec fracas sans rien perdre de ce qui a fait sa renommée sur PC : le gameplay est toujours aussi précis et exigeant, la réalisation de bonne facture, les circuits se comptent par dizaines, l’éditeur de circuits est bel et bien de la partie, et les courses en ligne se montrent toujours aussi amusantes. Le multi local paraît quant à lui un peu en retrait, la faute à des choix de design discutables qui cachent peut-être le manque de conviction des développeurs eux-mêmes, mais à moins de 40€ un titre aussi complet et convaincant pad en main, vous auriez tort de vous en priver !
Self