Test Simon the Sorcerer Origins
Après deux épisodes en 2D devenus cultes dans les années 90, la saga Simon The Sorcerer a progressivement perdu en qualité en passant à la 3D jusqu’à sombrer dans l’oubli. C’était sans compter sur la ténacité du développeur Smallthing Studios, bien décidé à redorer le blason de la série qui fêtait récemment ses 30 années d’existence, avec un nouvel épisode sous forme de préquelle.
Simon, L’apprenti Sorcier
En 1993 sur Amiga le monde découvrait un nouveau représentant du genre point’n’click sous le chapeau du jeune magicien Simon. Entièrement réalisé en 2D pixélisée, ce titre tournant sous SCUMM - comparable à Monkey Island pour son humour qui brise régulièrement le quatrième mur puis à Discworld pour son côté magique et sa narration proche de celle de Terry Pratchett - connut un large succès lui ouvrant les portes d’une suite deux années plus tard. A l’instar des Chevaliers de Baphomet, le passage à la troisième dimension fut moins glorieux pour notre sorcier qui enchaîna les titres moins convaincants avant de disparaître. Pour la première fois sur une console de salon, l’insolent gamin débarque dans une origin story avec des graphismes 2D dessinés à la main et un humour décapant. L’histoire prend place le 4 avril 1993 quelque part en Angleterre. Un jeune garçon vient de déménager avec ses parents dans une nouvelle maison et à peine a-t-il passé le pas de la porte de sa chambre qu’il bascule dans une dimension magique. Désigné « enfant de la prophétie » par son mentor Calypso, Simon va devoir retrouver les grimoires du Premier Sorcier, l’élu par qui la magie est née, s’il veut retrouver sa vie ordinaire.
Simon The Sorcerer Origins est un jeu d’aventure de type pointer et cliquer réalisé par le studio Smallthing et édité par ININ Games. On y incarne évidemment ledit Simon avant sa toute première aventure sur Amiga. Les quarantenaires qui ont connu le premier volet, et ceux qui l’ont découvert plus tard sur tablettes et smartphones (une réédition est parue en 2013), sauront déceler quelques références de-ci de-là (des lieux et personnages notamment), mais l’histoire est avant tout écrite pour un nouveau public, un public consoles, qui découvre le rouquin pour la première fois. Disponible sur PS5 et PS4 depuis le mardi 28 octobre, le titre propose deux modes de contrôle à la manette. Dans le premier on dirige directement Simon au stick analogique, le faisant évoluer dans les décors à la recherche des petites interactions possibles. Dans le second, on déplace un curseur (une souris virtuelle) sur l’écran pour cliquer directement sur les objets intéressants, laissant le héros se déplacer automatiquement vers le point désigné. Les deux modes sont parfaitement jouables, même si on reconnaîtra que le déplacement direct du protagoniste se prête mieux à un maniement à la manette.
Pour nous éviter de cliquer n’importe où, les bulles interactives apparaissent sur les objets clés et on peut passer directement de l’une à l’autre à l’aide des boutons L1 et R1. Le bouton L2 fait apparaître tous les éléments cliquables à l’écran et R2 sert à courir pour grappiller quelques secondes sur les déplacements. Toujours dans cette optique de gagner du temps, on peut passer les dialogues en appuyant sur Croix si on lit plus vite qu’on écoute les doublages en anglais (avec la voix originale de Chris Barrie) ou en allemand. Les textes sont heureusement en français pour une bonne compréhension. Bien que le chapeau dans lequel Simon range ses trouvailles semble sans fond, l’inventaire accessible depuis le bouton Triangle ne possède que dix cases, dont deux sont réservées à la carte des lieux (pour des déplacements rapides vers les zones déjà explorées) et le journal magique listant les objectifs en cours. En dehors du journal, aucune forme d’aide n’est présente pour nous débloquer : pas d’indice, pas de soluce in-game. Il faut alors revenir aux méthodes à l’ancienne, comme essayer de combiner tous les objets entre eux au hasard, retourner sur ses pas pour tomber sur un nouvel événement, cliquer sur chaque objet, et user toutes les lignes de dialogues possibles avec tout le monde. Il y a toujours un PNJ plus bavard que les autres qui livre quelques pistes et les énigmes restent dans une certaine logique - malgré la présence de la magie - même si cette logique est de poser les bonnes questions dans le bon ordre pour convaincre un vendeur.
« Un rouquin, et une robe de seconde main ? Tu es forcément un Weasley »
Simon The Sorcerer Origins est une œuvre légère dans les lignées des jeux LucasArts de la belle époque avec un humour sarcastique plaisant et des parodies / clins d’œil appuyés à des œuvres de la pop culture comme Le Seigneur des Anneaux ou Harry Potter. L’ambiance générale est décontractée, loin de l’austérité d’un Sherlock Holmes, et les énigmes consistent presque toujours à franchir l’obstacle qui bloque notre progression jusqu’au chapitre suivant (sur les 12 que compte le jeu). Que les chauves se rassurent, il n’y a généralement pas de quoi s’arracher les cheveux, on est ici davantage pris par la narration que par les prises de tête. La présence d’une sauvegarde automatique évite d’avoir à y penser durant les dix – douze heures demandées pour arriver au générique de fin. Les jeunes qui découvrent le genre par l’intermédiaire de Simon mettront davantage de temps à le boucler. Les plus expérimentés resteront peut-être sur leur faim, la qualité d’écriture étant dans son ensemble inférieure à celle des Monkey Island dont on parlait plus haut.
On apprécie les animations labiales et les expressions faciales des personnages qui parviennent à faire passer leurs émotions, en particulier pour Simon doté d’un fort capital sympathie. En revanche les décors, bien que dessinés à la main sous Unity, paraissent assez vides et peu détaillés, dans la lignée de certains contes pour enfants qu’on trouve en médiathèque. C’est dans l’esprit des Disney des années 90 me direz-vous, mais c’est nettement moins impressionnant que les rues du Paris fantasmé des aventures de George Stobbart. Les vieux de la vieille pourront toutefois y appliquer des filtres graphiques : un effet VHS pour des couleurs qui bavent et du bruit vidéo et un effet TV qui bombe les côtés de l’image comme un vieux tube cathodique. Nostalgie quand tu nous tiens...
Proposé à 24,99€ en numérique sur les consoles de Sony, Microsoft, Nintendo et PC, le jeu contient de base des suppléments à trouver dans son menu principal : une galerie d’artworks, un inventaire des vidéos du jeu, un récapitulatif des trophées. La version Digital Deluxe à 34,99€ contient en plus la très jolie bande son numérique de Mason Fisher ainsi qu’un artbook dématérialisé de 90 pages contenant des visuels commentés faisant office de making of. Dommage que ce travail passionnant ne soit proposé qu’en anglais… Enfin, notez qu’à 29,99€ vous pouvez retrouver le jeu en boite en grande surface sur PlayStation 5 et Switch pour compléter votre collection.
Notre verdict
On aime
- Deux types de commandes
- Les énigmes logiques
- L’humour décomplexé
- Les graphismes dessinés à la main
- Les belles mélodies
- Une boite à 29,99€
On n'aime pas
- Les décors peu détaillés
- Pas de doublages français
- Aucune aide quand on est bloqué
- L’artbook numérique en anglais seulement
- En dessous des références du genre tout de même
Pour sa première apparition sur consoles, Simon the Sorcerer a la bonne idée de proposer une préquelle à sa première aventure qui parlera aux nostalgiques de la première heure tout en convenant aussi à un jeune public de non-initiés. Cette aventure de type point’n’click, servie par un humour omniprésent et des énigmes ingénieuses sans être capillotractées, s’avère très agréable à suivre et boucle idéalement avec le début du jeu de 1993. On aimerait maintenant un remaster du premier épisode, pour poursuivre l’épopée de Simon le Sorcier sur PlayStation.
sophocle