Test Gears of War : Reloaded
Avec leurs armures, leurs mâchoires carrées, leurs mitrailleuses-tronçonneuses et leur virilité toxique, c’est tout un pan de l’Amérique des années 2000 qui débarque sur PlayStation 5 par l’intermédiaire des soldats de Gears of War dans cette remasterisation de l’Ultimate Edition, la précédente édition anniversaire du hit d’Epic Games.
De l’action avec un grand AAA
Chez Microsoft, on aime les hommes en armures. Alors que le masterchief de Halo fut le fer de lance de la première Xbox, sur la seconde console de salon de l’Américain ce sont cette fois les bidasses blindés de Gears of War qui firent leur entrée. C’était en 2006, une année où le studio Epic Games, encore préservé de Fortnite, voulait autant vendre son moteur Unreal Engine aux studios que son jeu d’action à la troisième personne aux joueurs. Déjà à l’œuvre sur sa série Unreal Tournament, le character design des gaillards engoncés dans des armures de combat est à nouveau utilisé dans cette histoire de lutte entre des survivants humains contre les autochtones Locustes sur la planète Sera. En effet, dans cet univers fantastique, l’extraction d’une nouvelle source d’énergie (l’imulsion) a réveillé la colère de créatures intraterrestres belliqueuses que seule la Coalition des Gouvernements Unis - dont fait partie notre héros Marcus – peut enrayer. La résistance de locaux armés face à un envahisseur venu piller les ressources naturelles dans le sous-sol de leur planète imaginaire avait de quoi résonner avec une certaine réalité du moment à sa sortie...
En dépit d’un scénario prétexte, qui n’est clairement pas la plus grande qualité du titre, ce fut un carton mondial qui engendra une série de cinq épisodes, sans compter les spin-off Judgment et Tactics. Le prochain volet, E-Day, est prévu sur Xbox Series pour 2026 et il se murmure qu’il pourrait bien sortir simultanément sur PlayStation 5, conformément à la nouvelle politique éditoriale de Xbox Game Studios. On se heurte alors au premier écueil de ce remaster : pourquoi ne proposer que le volet fondateur et non pas l’intégralité de la saga aux joueurs PlayStation ? Tomb Raider l’a bien fait, en s’y reprenant à deux fois. Peut-être que d’autres épisodes viendront par la suite pour raccrocher les wagons scénaristiques, qui sait… En attendant nous avons déjà à faire à du très grand jeu d’action, doté d’une campagne jouable en solitaire et en coopération à deux en écran partagé ou en ligne, et saupoudré de batailles multijoueurs pour ceux qui en voudraient encore après avoir terminé l’histoire qui dure déjà une dizaine d’heures en comptant l’acte bonus déjà présent dans l’édition de 2015.
Si Gears of War est devenu une référence et le point de départ d’une saga, ce n’est pas sans raison mais bien parce qu’il fait les choses correctement : système de couverture derrière des éléments du décor, tir à l’aveugle depuis sa planque, possibilité de porter quatre armes à la fois (deux lourdes, une légère et des grenades), utilisation de tourelles fixes et d’un rayon venu du ciel, santé qui se restaure d’elle-même à l’abri, réanimation de ses coéquipiers tombés au combat et assignation d’ordres simples (regroupez-vous, cessez le feu, attaquez). Quelques-unes de ses features sont même devenues sa signature : la présence d’une tronçonneuse accolée au fusil d’assaut Lanzor pour découper les curieux avec le bouton Rond, la technique de rechargement manuelle de l’arme qui permet d’obtenir un bonus de dégât quand on appuie sur R1 sur un fragment précis de la barre, et la présence de chemins alternatifs durant les niveaux qui permettent de se les refaire par la suite d’une manière légèrement différente (en coop chacun prend son propre chemin). Des qualités ludiques, le jeu n’en manque pas - en plus d’avoir été une vitrine technologique en son temps - avec quelques beaux moments de bravoure aussi épiques que flatteurs pour la rétine. C’est donc avec une joie non dissimulée qu’on trouve enfin cette pépite sur une console de Sony.
Mâles alpha-bêtes
Avec pratiquement vingt bougies au compteur, le titre avait bien besoin d’un bon coup de polish pour tenir la dragée haute aux productions actuelles. C’est désormais chose faite en tournant en résolution 4K en 60 images par seconde durant la campagne, avec la présence d’une sortie 120Hz, du multijoueurs jusqu’à 120 images par seconde, un mode qualité, un mode performance, une compatibilité avec le HDR, l’audio 3D et une prise en compte du retour haptique et des gâchettes adaptatives de la DualSense. Résultat, le titre est beau, fluide, immersif et agréable à prendre en main. Pas aussi bourrin qu’il en a l’air, le gameplay oblige à avancer de planque en planque pour ne pas se faire submerger par les ennemis rarement isolés : ils sortent du sol, par vagues la plupart du temps.
En revanche, si la forme s’est bonifiée avec le temps (et les refontes successives), certains aspects de son gameplay demeurent inchangés et souffrent du poids du temps. On pense notamment à certaines commandes toujours aussi rigides, comme cette touche pour courir en ligne droite sous le feu ennemi, avec une caméra « immersive » au niveau des jambes, alors qu’une simple accélération serait bien plus maniable. Même chose pour l’action de passer par-dessus des obstacles, qui nécessite d’abord de se planquer derrière ceux-ci pour ensuite avoir le droit de les enjamber alors que presser Croix durant le déplacement devrait automatiquement permettre de glisser dessus en mode parkour. Quelques animations paraissent également lourdes et datées, tout comme l’intelligence artificielle pas toujours réactive et cohérente, que ce soit du côté de nos frères d’arme ou des monstres pas toujours enclins à prendre la meilleure décision pour survivre, comme s’adosser à la partie du muret face à l’ennemi et non derrière. Encore heureux, me direz-vous, que les développeurs aient fait du chemin sur le sujet de l’IA depuis 2006 et qu’on fait désormais mieux que ça sur des productions actuelles (et encore, pas toutes). Rassurez-vous, ces petits défauts ne gâchent en rien l’expérience et l’immersion, appuyées par des doublages français sympas et des musiques hollywoodiennes.
Enfin pour ce qui est du fond, on saluera la générosité de cette réédition avec toutes les cartes et modes multijoueurs (incluant team deathmatch, king of the kill, 2 vs 2) et un large choix de personnages, cinématiques, illustrations, bandes dessinées et cosmétiques à débloquer en trouvant des plaques militaires disséminés sur le champ de bataille. Avec les différentes statistiques présentes dans le journal de guerre, les choses n’ont pas été faites à moitié pour son arrivée sur PS5 comme le fait remarquer la disponibilité en day-one d’une version boite à 39,99€, au même prix que la version numérique.
Notre verdict
On aime
- La mise à jour graphique et technique
- La coopération en ligne et hors ligne
- Des moments épiques
- Des tas de bonus
- Dispo en boite en day-one
On n'aime pas
- Les animations et l’IA d’époque
- La lourdeur de certaines commandes
- Le scénario prétexte
- Où sont les autres épisodes ?
Voir débarquer une licence aussi culte que Gears of War sur la console de Sony est forcément un événement, le partage d’un des joyaux de la couronne Xbox, que nous devons saluer bien que le temps n’ait pas fait de cadeau à certaines animations et errances de l’intelligence artificielle. Mais si on regarde ce remaster avec nostalgie, en le prenant dans son jus, on verra qu’on tient surtout entre nos mains la version la plus belle, la plus aboutie et la plus complète du classique d’Epic Games. C’est un morceau de la culture vidéoludique auquel nous avons enfin accès. Joie.
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