Test Senua's Saga: Hellblade II

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PS5

Du studio anglais Ninja Theory, les plus fidèles lecteurs de PlayFrance se souviennent forcément du jeu Heavenly Sword, une production impressionnante des débuts de la PS3 mise en avant dès 2006 par la participation de l’acteur Andy Serkis à la motion capture. Après un passage par le reboot controversé de Devil May Cry, le développeur s’est à nouveau fait remarquer avec Hellblade : Senua's Sacrifice en 2017 dont la suite aurait dû échapper aux joueurs PlayStation du fait du rachat de la boite par Microsoft en 2018. C’est grâce à l’ouverture du catalogue Xbox à la concurrence que nous avons enfin pu réaliser ce test.

Ça chauffe en Islande

Ainsi nous retrouvons depuis le 12 août dernier la jeune Senua sur PlayStation 5 pour la suite de ses mésaventures islandaises situées au Xème siècle dans un monde sauvage et barbare. Notre héroïne a toujours cette particularité d’avoir une santé mentale précaire (elle souffre de psychose), avec plusieurs voix qui résonnent en permanence dans sa tête. Dans le jeu, cela se traduit par des dialogues extrêmement réguliers entre elle et elle-même, avec une spatialisation sonore impressionnante qui incite fortement à jouer au casque afin de discerner, telle une partie de ping-pong, les échanges entre l’oreille gauche et l’oreille droite. Cette narration omniprésente, entièrement en anglais sous-titrée français, est parfois difficile à suivre puisqu’il faudrait sans arrêt lire les textes des deux côtés de l’écran, ce qui est quasi-impossible dans le feu de l’action. Certains éléments risquent ainsi d’échapper à ceux qui ne comprennent pas bien la langue de Shakespeare. A dire vrai, de nombreuses subtilités de l’histoire peuvent de toute façon nous passer au-dessus de la tête, entre les noms islandais indéchiffrables, le background historique du premier jeu (rapidement résumé en vidéo) qu’il faut avoir en mémoire et les événements imaginés par Senua dont on peine à savoir s’ils sont réels ou non. Qu’importe, parcourir les terres vikings recréées à partir de prises de vues réelles est un dépaysement sans pareil.


A ce propos, le gameplay d’Hellblade 2 se décompose en trois phases distinctes : de l’exploration de grandes étendues naturelles, des passes d’armes lors de combats au glaive et des résolutions de puzzles. Pour la première, le monde d’apparence semi-ouvert est en réalité balisé par des traits de craie blanche qui indiquent le chemin à suivre. Quelques itinéraires alternatifs existent, pour mener à un totem dont les runes sont progressivement déchiffrées durant le périple, pour apporter un peu plus de profondeur à la narration. On peut flâner pour admirer les paysages (sublimes) ou tracer en courant à l’aide du bouton L1. Concernant les affrontements, en digne héritière de Conan, Senua manie le glaive avec aisance : la touche Carré pour des coups rapides mais faibles, la touche Triangle pour des coups plus lourds mais plus lents et la touche Croix pour une esquive salvatrice. La touche R1 permet de bloquer / parer les attaques en sachant qu’encaisser des coups (et en distribuer) remplit la jauge d’un miroir magique à déclencher avec R2 pour figer le temps et asséner des coups librement à des ennemis inertes. Cette technique est indispensable contre des opposants particulièrement retors, dont certains ressemblent aux claqueurs de The Last of Us dans leur frénésie. Enfin viennent les moments plus cérébraux de runes à reconstituer en jouant sur la perspective, de torches à déplacer malgré les cascades, de bûchers magiques à allumer ou à éteindre selon le contexte et des inversions des sols et plafonds en se concentrant à l’aide du bouton L2. Tant de petits mécanismes bienvenus qui demandent de la jugeote pour progresser. Les puzzles sont bien pensés et plus variés que dans le premier opus, évitant les redites et la lassitude durant les six chapitres que compte cette aventure solo de sept heures environ.

Expérience cinématographique

Nous l’avions remarqué il y a pratiquement vingt ans déjà, l’immersion cinématographique est dans l’ADN du studio Ninja Theory et la technologie actuelle permet aux développeurs de nous faire vivre une expérience narrative digne du septième art. La présence de deux bandes 16/9ème à l’écran était un premier indice, celui de la motion capture en est un second. Nous sommes là pour vivre le jeu, pour ressentir le doute, la douleur, les hésitations et les ténèbres personnels de Senua. Le jeu d’acteur de Melina Juergens est une nouvelle fois exceptionnel, et elle a bien mérité le prix de la meilleure performance obtenu lors des Game Awards 2024 pour succéder à celui déjà raflé en 2017. Le moteur Unreal Engine 5 fait des merveilles sur les textures, les effets de lumières, les visages et les environnements, et nous profitons d’une version Enhanced sur la console de Sony, optimisée pour la PS5 Pro. Le jeu offre évidemment le choix entre un mode performance privilégiant la fluidité (en 60 images par seconde) et un mode qualité poussant la résolution un peu plus haut en contrepartie d’un frame-rate plus light. La technologie d’upscaling utilisée est laissée au choix du joueur entre le TSR (Temporal Super Resolution) de l’Unreal Engine et le PSSR (PlayStation Spectral Super Resolution) de la console. Dans tous les cas le jeu est sublime, un des plus beaux de la console, épaulé par un mode photo très fonctionnel. C’est une vitrine technologique, un nouvel étalon de mesure pour les prochaines comparaisons à venir.

Cette immersion est renforcée par l’excellente gestion spatiale du son (le jeu a également obtenu le prix du meilleur design sonore aux Game Awards 2024) au casque ou directement sur les enceintes via la technologie Dolby Atmos. On en prend plein les yeux et les oreilles pour être transportés. L’utilisation du retour haptique de la DualSense contribue également à « rentrer » dans ce titre qui est autant une vidéo qu’un jeu, au risque de frustrer certains qui lui reprocheront de survoler sa partie purement gaming. Pas d’inventaire, pas de compétences à acquérir, pas de points d’XP, pas de barre de vie ou de jauge d’endurance, ici c’est la narration qui nous pousse au voyage et non le culte de l’accomplissement. Un parti pris assumé et convaincant en dépit d’une durée de vie un peu courte pour 49,99€ et dépourvue de rejouabilité. Notez néanmoins que l’édition Deluxe numérique contient également le premier jeu en version Enhanced lui-aussi, et l’envoûtante bande sonore pour 69,99€. Avec deux jeux complets au prix d’un, c’est une bonne invitation à découvrir la saga.

Notre verdict

On aime

  • La réalisation somptueuse
  • Le jeu d’acteur magistral
  • Le travail sur le son
  • Le dépaysement garanti
  • Le thème de la santé mentale

On n'aime pas

  • L’histoire pas toujours très claire
  • La narration parfois dure à suivre
  • Une durée de vie un peu courte
  • La boite se fait attendre

C’est un réel plaisir de voir le studio Ninja Theory revenir sur la console qui l’a vu naître en livrant un Senua’s Saga : Hellblade 2 amélioré aux joueurs PlayStation 5. L’expérience cinématographique narrative est un régal pour les yeux et les oreilles tant la technologie embarquée et le jeu d’acteur sont solides. Certes, le jeu n’est pas bien long pour 50 euros, et une fois terminé il n’y aucune raison d’y retourner. Le gameplay n’est pas non plus très riche et semble survolé au profit de la narration, mais l’immersion et le dépaysement valent à eux seuls le détour à condition de savoir à quoi s’attendre.

Note finale : 8 / 10
Les commentaires
Le
Super merci Vincent !

J'attends la version boite, j'ai hâte !
Le
Merci pour ceci

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