Test Tomb Raider IV-VI Remastered

Publié le par
PS5

Une année jour pour jour après la sortie de la remasterisation de la trilogie originelle, le studio Aspyr récidive en offrant aux nostalgiques de Lara Croft pour la Saint-Valentin une mise à jour graphique des trois épisodes suivants. Est-ce-que l’opération séduction fonctionne toujours ? Pas si sûr...

Aspyr, expire

Inutile de vous faire l’affront d’une présentation exhaustive de Lara Croft, l’aventurière britannique étant bien intégrée dans la culture populaire depuis bientôt 30 ans (le premier volet date de 1996). A la place, nous vous invitons plutôt à relire notre test complet de la précédente remasterisation. A l’époque nous avions souligné l’absence du quatrième volet – sous-titré La Révélation Finale – et dans une moindre mesure du cinquième – Sur les traces de Lara Croft – afin de boucler la refonte graphique des épisodes PlayStation. En 2025 nous voilà exaucés puisque le studio américain Aspyr nous présente une compilation des épisodes IV, V et VI.


Après un troisième épisode écorné par la critique en raison de ses nombreux bugs, de sa grande difficulté et du basculement assumé vers plus d’action, le studio Core Design opérait en 1999 un léger retour aux sources avec La Révélation Finale. Les joueurs du premier Tomb Raider ayant particulièrement aimé les niveaux en Égypte, c’est sur la terre des pharaons que se déroulera la quasi-intégralité de cet opus bien plus apprécié. Les graphismes ont gagné en finesse, les sauvegardes sont libres, les niveaux sont vastes, non linéaires, avec une part plus importante accordée aux énigmes. Les fans remarquèrent néanmoins la disparition du manoir au profit d’un entraînement aux commandes d’une jeune Lara alors guidée par son mentor. Le jeu fut une réussite, avec un cliffhanger final laissant notre héroïne pour morte, libre de profiter d’un repos bien mérité, ainsi que pour son développeur historique Core Design après avoir enchaîné des jeux sans relâche.

C’était sans compter sur l’opiniâtreté de l’éditeur Eidos Interactive qui voulut presser le citron jusqu’à la dernière goutte en réclamant un dernier épisode sur PlayStation avec « Sur les traces de Lara Croft », un épisode best of basé sur une succession de courts flashbacks pour autant de souvenirs que se remémorent les proches de la disparue lors de sa veillée funèbre. Boudé par une partie des joueurs, malmené par la critique, ce dernier tour de manège est le symbole de l’exploitation d’une licence à bout de souffle, un volet sans ambition, destiné uniquement à vider les poches des fans les plus fidèles de la belle anglaise. C’est aussi le dernier chapitre des Tomb Raider historiques, avec de nombreuses références aux volets précédents et à des films du moment (la fameuse tenue Matrix). Rien que pour ça, celui-ci tient encore une petite place dans le cœur des plus hardcore des fans.

On ne pourra pas en dire autant de la résurrection de Lara dans L’Ange des Ténèbres, l’épisode unanime du déclin de la franchise. Attendu comme l’exclusivité PlayStation 2 qui devait faire vendre des consoles par palettes, celui-ci sort à moitié terminé pour coller à la sortie du second film. Il est alors bourré de bugs, incompréhensible, amputé d’une partie de son contenu et handicapé par des choix douteux comme sa localisation à Paris, ses phases d’infiltration ou la présence d’un second personnage jouable aux pouvoirs mystiques. Cet échec tant critique que public – à une époque sans patch où les erreurs étaient irréparables – scellera le destin de la nouvelle trilogie programmée au point que la licence soit retirée à Core Design pour être reprise par Crystal Dynamics ensuite, qui signera en 2006 un reboot avec Legend. Avec une telle réputation d’épisode maudit, on s’étonne de sa présence dans une compilation censée vendre « le meilleur de Lara Croft ».

Chercher les intrus

Le studio Aspyr lui-même semble avoir conscience qu’il ne pourra pas réhabiliter L’Ange des Ténèbres et donne l’impression d’avoir expédié sa remasterisation. La différence graphique entre la version PS2 vieille de 23 ans et celle sur PS5 ne saute pas tellement aux yeux, si bien qu’on finira par s’appuyer sur certaines textures de murs pour vérifier quelle version tourne effectivement. Les modèles 3D des personnages sont restés pratiquement les mêmes, les effets spéciaux aussi, tout comme son gameplay boiteux la plupart du temps. Évidemment, le contenu tronqué à l’époque n’a pas été miraculeusement retrouvé pour ce remaster alors n’espérez pas retrouver ici la version complète tant espérée par les fans, un peu à la Snyder’s Cut pour Justice League. Désolé pour lui, mais ce Tomb Raider porte toujours les stigmates du pire volet de la saga alors passez votre chemin sans regret.

Cette compilation offre toute de même de bien jolies choses : des graphismes plus accueillants, un passage instantané à la version originale en pressant le bouton options de la manette, des sauvegardes illimitées, des commandes modernes en plus des commandes « tank » d’époque, un compteur de munitions, les doubles armes dans le sixième jeu, des changements de tenues, la présence des codes de triche (munitions infinies, passer le niveau…), plus de 150 trophées et quelques animations inédites pour fluidifier l’exploration. Lara peut désormais continuer sa course directement après la glissade d’une pente, descendre en toute sécurité d’un rebord en mettant le genou à terre ou se retourner sur elle-même après une roulade. C’est anecdotique mais plaisant de voir que les développeurs ont voulu parfaire la palette de mouvements déjà très large de l’aventurière.


Par contre la compilation n’offre pas de contenu inédit sur consoles alors que les deux premiers jeux récupéraient les niveaux exclusifs aux versions PC. On peut aussi s’agacer sur l’absence de sauvegarde automatique et de mode rewind (comme les Classics PlayStation du PlayStation Store) qui auraient été bien pratiques après une chute prématurée. En matière d’innovation, signalons tout de même la présence d’un mode vidéo baptisé Flyby Camera Maker pour parfaire le mode photo. Ce dernier permet de réaliser des petites séquences cinématiques en plaçant jusqu’à 20 caméras le long d’un chemin. Libre à vous alors de travailler la prise de vue, le champ de vision, le zoom et la position de Lara Croft avant de lancer le « moteur, action ». Un gadget que la majorité n’utilisera probablement pas mais qui a le mérite d’exister pour les réalisateurs en herbe. Enfin, la durée de vie s’avère plutôt généreuse avec une trentaine d’heures pour une trentaine d’euros. Un bon rapport quantité / prix.

Notre verdict

On aime

  • La refonte graphique des jeux PSone
  • Le passage instantané aux versions originales
  • Les doublages français conservés
  • Les commandes modernisées
  • Quelques nouveaux mouvements
  • L’épisode IV toujours aussi bon
  • Sauvegarder à tout moment
  • Le prix correct pour trois jeux

On n'aime pas

  • L’Ange des Ténèbres toujours aussi raté
  • L’épisode V dispensable
  • Pas de sauvegarde automatique
  • Pas de mode rembobinage
  • Les défauts d’époque inchangés
  • Pas de contenu inédit ni de bonus

Capitalisant sur les bonnes bases de la première compilation sans améliorer sa formule pour autant (sauvegarde auto absente, pas de rewind ni de corrections de gameplay), cette « suite » nous offre la possibilité de redécouvrir l’excellent quatrième volet des aventures de Lara Croft sous un jour meilleur. Le chapitre suivant est encore relativement plaisant à parcourir quand on est un fan pur et dur, bien qu’il s’agisse d’un épisode mineur, sans envergure ni fil conducteur. Quant à L’Ange des Ténèbres, il restera définitivement dans l’ombre de ses aînés et ne mérite pas plus qu’un coup d’œil curieux tant il fait figure d’erreur de parcours au sein de la saga. Avec un bon jeu, un passable et un mauvais, on est quand même en dessous de la précédente célébration.

Note finale : 7 / 10
Les commentaires

Aucun commentaire pour le moment. Soyez le premier à donner votre avis !

Jeux concernés

Publicité