Test The Witch and the Hundred Knight : Revival Edition

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PS4

Il y a quand même des remasters que l'on s'étonne de voir débarquer sur les consoles de dernière génération... On pense d'emblée à l'oubliable Legend of Kay, revenu en 2015 sur les platesformes actuelles, dix ans après sa sortie initiale sur PlayStation 2. Aujourd'hui, c'est au tour de The Witch & The Hundred Knight de s'offrir une Revival Edition, exclusivement sur PlayStation 4. Passé quelque peu inaperçu sur PS3 il y a bientôt deux ans, le jeu méritait-il vraiment une seconde chance ? Pas sûr...

Pour ceux qui ne seraient jamais intéressés au jeu, de près ou de loin, rappelons brièvement son contexte. Désireuse de dominer le monde d'Amataya, la sorcière Metallia (Metallica dans la version japonaise) invoque le légendaire Hundred Knight, en tout début d'aventure, pour l'aider à assouvir sa soif de conquête et se débarrasser de ses rivales. Mauvaise surprise pour la « Grande sorcière du Marais », elle va devoir composer avec un guerrier minuscule, muet et dénué de tout sens de l'initiative... qui est, au passage, le personnage que l'on est appelé à incarner tout au long de ce hack'n slash nippon à la Diablo !

Ma sorcière mal-aimée

Cette situation est bien entendu propice à de nombreuses séquences comiques entre les deux protagonistes, très second degré, dans la veine des Disagaea. Dans l'écriture, la « patte » Nippon Ichi est reconnaissable entre toutes et confère au titre une vraie personnalité ; même si, une nouvelle fois, cela se fait au détriment du rythme, toujours haché par de longues phases de dialogues. On aurait encore pu se réjouir de vivre cette aventure du côté des méchants mais, en dehors de quelques scènes plutôt drôles, on en ressort finalement beaucoup moins enthousiaste que dans les précédentes productions du studio...

En effet, on s'aperçoit assez vite que The Witch & The Hundred Knight s'appuie sur un humour noir qui va tout de même assez loin, au-delà du cynisme ; excessif à tel point qu'il en devient vite lourd et parfois même dérangeant. Metallia, véritable incarnation de la cruauté (on vous épargne les détails), en est la plus « belle » illustration. Difficile, dans ces conditions, d'éprouver la moindre empathie pour un personnage véritablement antipathique...



Cette Revival Edition a pourtant jugé pertinent d'offrir au joueur la possibilité de l'incarner (très brièvement) durant l'ascension de la Tower of Illusion, le donjon inédit de cette version. Accessible dès la fin du premier chapitre, cette tour propose des niveaux générés aléatoirement que l'on peut parcourir à tout moment dans la partie. Chaque nouveau chapitre de l'histoire terminé débloque dix paliers de la tour, au sommet desquels attend toujours un boss. Petite originalité : l'adversité varie selon le niveau de l'arme sacrifiée avant d'entrer dans la tour, de même que la qualité du loot. On peut d'ailleurs y récupérer des catalyseurs, lesquels ajoutent divers effets aux armes après un passage par la boutique d'alchimie.

De quoi encourager la prise de risques donc, mais cet ajout – comme le fait de pouvoir contrôler Metallia – se révèle finalement assez anecdotique, rallongeant simplement la durée de vie déjà conséquente du titre (une quarantaine d'heures pour en voir le bout). On apprécie néanmoins l'effort de scénarisation sur ce contenu, qui enrichit un peu l'univers du jeu. A condition, une fois encore, d'avoir de bonnes bases en anglais, puisque le jeu n'a pas fait l'objet d'une localisation française...

Minion Knight

Pour le reste, The Witch & The Hundred Knight n'a pas beaucoup évolué depuis 2014. Dans la peau du Hundred Knight, on part étendre l'influence de notre maîtresse mal-aimée en faisant tomber des piliers organiques, au bout de niveaux plus ou moins longs, toujours bien gardés par un boss. Peu intuitif au premier abord (la faute à un didacticiel vite expédié), le système de combat repose principalement sur le choix réfléchi de son arsenal. Associer les bonnes armes (on peut en équiper plusieurs) donne accès à des techniques particulièrement dévastatrices ; il est donc nécessaire d'expérimenter un maximum de combinaisons pour tirer le meilleur de son équipement.

Une approche du genre assez offensive qui donne lieu à des joutes très dynamiques, mais aussi malheureusement très brouillonnes. Un constat dû en grande partie à une interface invasive à l'extrême. Il suffit de jeter un œil à quelques screenshots pour prendre la mesure du véritable foutoir visuel qu'impose le jeu in-game...

Toutes ces informations prennent énormément de place à l'écran et nuisent très rapidement à la lisibilité de l'action. Les nombreux effets visuels accompagnant les attaques ne sont pas en reste, gênant là aussi à une bonne lecture de ce qu'il se passe devant nos yeux. Pour ne rien arranger, la caméra ne permet pas toujours de se repérer, pour peu que l'on soit confronté à plusieurs ennemis en même temps. C'est d'autant plus délicat que le Hundred Knight est parfois plus petit que ses adversaires... Sans compter la palette de couleurs des environnements, riche à l'excès, qui finit elle aussi par faire désordre à l'écran.

A terme, la somme de ces erreurs finit par épuiser le joueur, qui ne prend aucun plaisir à suivre l'action. C'est regrettable dans la mesure où le système de combat s'avère plutôt accrocheur, une fois assimilé, même s’il se montre un brin répétitif sur la durée. Et puis le jeu propose aussi quelques idées intéressantes – dans son contexte, du moins – comme la possibilité de s'en prendre à de simples PNJ, ainsi qu'à leurs biens, en vue d'obtenir de meilleurs objets. Les combats de boss, dont les pattern invitent à un peu plus de réflexion, en sont aussi un bon exemple. La gestion de la faim du Hundred Knight semblait également pertinente sur le papier mais, comme le reste, cette feature se révèle finalement mal exploitée – bancale même – car trop aléatoire et complexe.

Enfin, sur la qualité du portage en lui-même, on ne peut pas dire que Nippon Ichi se soit vraiment foulé... Le lifting graphique se résume ainsi à un simple lissage des textures qui, c'est vrai, a le mérite de sublimer la direction artistique très colorée du titre. Outre le donjon additionnel évoqué quelques lignes plus haut, les ajouts se comptent sur les doigts de la main : le menu de sélection des armes peut s'ouvrir désormais via le pavé tactile de la manette ; les cris (vite agaçants) du Hundred Knight s'échappent maintenant du microphone de la DualShock 4... Rien que du très anecdotique, en somme. A l'image du sentiment que laissera le jeu, une fois bouclé.

Notre verdict

On aime

  • Solide durée de vie (40 heures de jeu environ)
  • Musiques assez inspirées
  • Quelques bonnes idées
  • Une vraie personnalité...

On n'aime pas

  • … mais la tentative d'humour noir tombe à plat
  • Action parfaitement illisible
  • Bien trop bavard
  • Des ajouts assez anecdotiques
  • Toujours pas de localisation française

Portage bien paresseux que ce The Witch & The Hundred Knight : Revival Edition. Ce remaster sur PlayStation 4 offre bien des graphismes un peu plus fins et un donjon supplémentaire, mais on attendait surtout qu'il corrige les défauts de sa version d'origine. Raté, puisque le jeu se montre toujours aussi brouillon dans le feu de l'action, la faute à une interface invasive à l'extrême et à une caméra inadaptée. Seule son originalité pourra éventuellement sauver le titre, aux yeux des amateurs de curiosités nippones. Les autres, en revanche, auront du mal à passer outre ces importantes lacunes, qui rendent l'expérience beaucoup trop laborieuse pour être réellement agréable. Dommage.

Note finale : 5 / 10
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