Test Les Chevaliers de Baphomet Reforged

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PS5

Lorsque j’ai eu pour la première fois le disque des Chevaliers de Baphomet entre les mains, c’était en 1997 sur PlayStation, lors d’un prêt entre collégiens. A l’époque je n’aurais jamais imaginé que je rédigerais un test de celui-ci en 2024 dans sa version remasterisée. La vie de joueur est décidément pleine de surprises.

Un Américain à Paris

Rares sont les jeux à avoir marqués si durablement le genre très élitiste du point’n’click sur consoles. On pense naturellement à la série des Monkey Island qui perdure encore aujourd’hui avec la sortie d’un épisode en 2022, à celle des Leisure Suit Larry, aux épisodes très inégaux, dont le dernier volet remonte lui-aussi à 2022 ou encore à celle du duo Sam & Max et ses nombreux portages. Et dans le carré d’as, il y a évidemment la série initiée par Charles Cecil : Les Chevaliers de Baphomet.

Lancée pour la première fois sur PlayStation et PC en octobre 1996, elle fit immédiatement sensation avec ses graphismes 2D très fins (pour l’époque) proches d’un dessin animé interactif, ses doublages français d’une qualité irréprochable, ses dialogues ciselés, la finesse de son scénario et son humour aussi subtil qu’omniprésent durant cette aventure dépaysante. De ce succès naquit une suite un an plus tard, Les Boucliers de Quetzalcoatl (et sa mythique faute de frappe sur la tranche du boîtier PSX), aux charmes équivalents si ce n’est supérieurs. Ensuite les choses se gâtèrent quand les développeurs succombèrent à la mode de la 3D avec deux volets nettement moins bons (dont un n’est jamais sorti de l’environnement PC) avant un retour en grâce en 2D en 2013 sur PSVita dans La Malédiction du serpent. Un sixième volet est d’ores et déjà en préparation pour l’année prochaine dont l’intrigue tournera autour de la pierre de Parzival.


Mais au lieu de parler de l’avenir de la saga, reprenons depuis le début. Broken Sword (son titre original anglais) est un jeu d’aventure graphique du type pointer-cliquer racontant les mésaventures de George Stobbart, un tourisme américain accoudé à la terrasse d’un café parisien de beau matin lorsqu’un assassin déguisé en clown entre dans l’échoppe pour y déposer une bombe destinée à tuer un mystérieux homme en imper. Sauvé par la toile de son parasol, notre blondinet va mener sa propre enquête afin de découvrir pourquoi il a failli être la victime collatérale d’un attentat. Très rapidement il fera la rencontre de Nicole Collard, une journaliste française avec qui ils formeront une équipe de choc le temps de résoudre l’affaire, et plus si affinités. Dans les faits, le joueur ne dirige pas directement notre étasunien mais la sacro-sainte souris à balayer sur l’écran jusqu’à tomber sur une possible interaction : examiner un objet, le saisir, entamer le dialogue. L’habituel inventaire sans fond permet aussi de combiner des objets entre eux et de les utiliser dans le décor. Les rouages de gameplay ont été largement éprouvés alors inutile de s’y attarder davantage.

Outre les qualités citées plus haut (réalisation, doublage, scénario, humour), si le jeu est devenu culte, c’est aussi pour ses énigmes subtiles voire complexes, mais jamais délirantes ou tirées par les cheveux ancrant cette production dans une réalité bienvenue. Une aide a été intégrée directement au sein des menus, ce qui limitera la durée des blocages. Certes, il faut accrocher au mythe des Templiers et de ce qui gravite autour mais à moins d’être totalement hermétique aux mystères historiques vous êtes assurés de voir du pays pendant une dizaine d’heures.

La meilleure façon d’y rejouer

Retour sur le grand écart 1996-2024 avec cette remasterisation 4K de l’opus original duquel tout est parti. Présenté sous le sous-titre Reforged, celui-ci conserve sa trame originale, écartant d’un revers de la main les ajouts de la version Director’s Cut de 2010 qui incluait des dialogues à l’aide de cases comme dans une bande dessinée, des passages jouables supplémentaires avec Nicole Collard et des mini-jeux pour la reconnaissance de mouvements de la Wii. D’un côté c’est dommage car ces morceaux inédits apportaient une profondeur supplémentaire à l’histoire sans la dénaturer. De l’autre, on retrouve ici le chef d’œuvre dans sa version la plus pure. Pour autant nous n’aurions pas été contre retrouver cette mouture en bonus de cette réédition, tout comme la version Game Boy Advance franchement bien foutue malgré son absence de doublages et une palette de couleurs réduite.

D’un point de vue strictement technique, pour profiter d’une résolution plus de 50 fois supérieure à celle de l’opus PSone plus d’une centaine d’arrière-plans ont été retravaillés, avec de nouvelles couleurs, de nouveaux détails (ombres de personnages, expressions faciales) et de nouvelles animations sur les 30 000 sprites que contient cette histoire. Pour se convaincre du travail de restauration effectué, il suffit de presser le bouton R3 pour basculer en temps réel entre les graphismes originaux et les reforgés. Les options, nombreuses, laissent également le choix entre la bordure d’écran originale ou réduite, tout un tas d’options d’interface, de dialogues et des réglages préremplis selon qu’on s’intéresse davantage au gameplay ou à l’histoire. La bande-son a également été réorchestrée pour la partie musique et bruitages mais pas sur les doublages, conservant ainsi un léger aspect étouffé, compressé, comme on avait sur un CD-Rom de 700 Mo alors que le jeu pèse désormais 10 gigas de données. Bien sûr, il paraissait trop coûteux que les voix soient entièrement retravaillées, d’autant que le laps de temps qui sépare les deux versions a vu certains acteurs passer de vie à trépas…

L’expérience conserve ainsi ce côté désuet, à l’image du Paris fantasmé dans lequel on se balade, figé dans la seconde partie des années 90 et qui fera forcément chaud au cœur aux nostalgiques de la première heure qui voudraient replonger dans leurs souvenirs et faire découvrir cette fabuleuse aventure aux jeunes joueurs autour d’eux. Les Chevaliers de Baphomet : L’ombre des Templiers – Reforged est disponible depuis le jeudi 19 septembre sur le PlayStation Store de la PlayStation 5 pour 29,99€. Une version boite est d’ores et déjà prévue pour 10€ de plus dont la date exacte reste à définir.

Notre verdict

On aime

  • L’impressionnante refonte visuelle
  • Les sauvegardes automatiques
  • L’aide de jeu intégrée
  • Le passage d’une version à l’autre avec R3
  • Tout un tas d’options d’interface et de gameplay
  • Une œuvre toujours aussi culte

On n'aime pas

  • Les doublages ont un aspect étouffé
  • On n’aurait pas dit non à la version Director’s Cut en bonus
  • 29,99€ tout de même, le prix de la trilogie Tomb Raider
  • On veut la même chose pour sa suite

Presque 15 ans après sa dernière mise en avant dans sa version Director’s Cut, l’excellent jeu d’aventure de Charles Cecil a de nouveau droit à un travail de restauration pour s’accommoder aux écrans 4K. Si la refonte graphique est remarquable et exemplaire, la partie doublage paraît un peu trop compressée pour nos oreilles de 2024, bien qu’on puisse comprendre le parti-pris artistique de conserver ceux d’origine. C’est à n’en point douter la meilleure façon de (re)découvrir ce chef d’œuvre aujourd’hui malgré un prix relativement élevé avouons-le. On attend maintenant un traitement similaire pour sa suite !

Note finale : 8.5 / 10
Les commentaires
Le
Test lunaire complètement déconnecté de la réalité.
Le
Merci, je prends ça comme un compliment venant de toi.
Le
Vincent a écrit : mar. 24 sept. 2024 19:48 Merci, je prends ça comme un compliment venant de toi.
:lol:

Non super test. J'ai trop envie d'acheter ce jeu à cause de toi.
Le
C’était le but !

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