Test Beyond Good & Evil - 20th Anniversary Edition

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PS5

Échec commercial à sa sortie en 2003, Beyond Good & Evil reste un jeu culte de l'ère PlayStation 2. Un culte qu'il doit à ses indéniables qualités mais aussi, au chaotique développement de sa suite, dont l'aura de plus grand arlésienne du jeu vidéo (elle a été annoncée en... 2008 !) dépasse aujourd'hui le petit cercle des fans. En attendant des nouvelles de BG&E 2, le premier volet se rappelle à notre bon souvenir dans une 20th Anniversary Edition rutilante, en 4K et 60 FPS.

Un peu plus de vingt ans après sa sortie initiale, faut-il encore présenter Beyond Good & Evil ? Sorti de l'imagination de Michel Ancel (aujourd'hui retiré du jeu vidéo), ce Zelda-like "à la française" nous emmène dans un futur très, très lointain, en 2435, sur la planète Hillys. On y incarne Jade, une journaliste indépendante qui, sollicitée par un réseau de résistants, va tenter de mettre au jour un terrible complot des autorités. Le tout, sur fond de menace extra-terrestre.

Aux commandes de l'intrépide reporter, on s'enfonce dans des grottes, se faufile dans des complexes industriels et militaires, appareil photo à la main, en quête du prochain cliché compromettant... Exploration en monde ouvert (dans les limites de l'époque), infiltration et combats sont ainsi les trois principales composantes de cette aventure rondement menée, et dont le format très resserré - le jeu se finit en dix heures - s'apprécie d'autant plus à l'heure des open world à rallonge.


Sans exceller dans un domaine en particulier, le jeu livre une proposition suffisamment solide et équilibrée pour retenir l'attention. Si son propos apparaît très naïf aujourd'hui, BG&E n'en demeure pas moins très plaisant à parcourir, notamment dans la découverte de son univers, dense et chatoyant. C'est d'ailleurs là sa meilleure trouvaille : en invitant le joueur à porter son regard sur la faune et la flore d'Hillys (on vous laisse découvrir comment) ; la planète dépasse son rôle fonctionnel d'espace de jeu, elle devient un environnement vivant, tangible. Cet effet d'immersion est encore saisissant aujourd'hui et y est pour beaucoup dans le charme du jeu (avec son casting super attachant).

Un lifting globalement réussi, mais...

Après un portage correct sur PlayStation 3 développé en 2011, en interne à Shanghai, Beyond Good & Evil s'offre aujourd'hui une pimpante 20th Anniversary Edition. Pour l'occasion, Ubisoft s'est associé à Virtuos, un collaborateur de choix, passé maître dans l'art du remaster/remake (et qui aide actuellement Konami sur Metal Gear Solid Delta: Snake Eater). Textures plus détaillées, éclairage "next-gen", fréquence d'images à 60 fps... Visuellement, BG&E se présente là sous son meilleur jour ; loin, très loin de sa version PS2 dont les bandes-noires tassaient une image pas toujours fluide. Mais sans bouleverser son esthétique pour autant.

Comme tout remaster, les animations sont effectivement restées d'époque et certains éléments ont aussi échappé au travail de lifting global. On pense notamment à cette grotte au plafond étrangement brumeux, à cette entrée "barrée" par une texture, ou encore au rendu de l'eau, bluffant à l'époque et ici, pas du plus bel effet... C'est qu'en 4K, les quelques errances se remarquent davantage ! C'est aussi vrai sur le plan sonore, avec un mixage un peu moins abouti sur les bruitages que sur les dialogues et musiques. Rien de honteux, cela dit.

En revanche, on est un peu moins indulgent en ce qui concerne la maniabilité : malgré un réagencement des touches, le contrôle de Jade est toujours aussi lourd et accuse largement son âge. Le jeu reste tout à fait jouable, accessible, mais les déplacements (surtout en phase d'infiltration) et les combats souffrent aujourd'hui de ce manque de souplesse, qui ne répond pas aux exigences de 2024. Et c'est d'autant plus flagrant que l'aventure se joue désormais à 60 fps constants (encore heureux). Puis, il y a ça et là quelques petits accrocs techniques plus ou moins agaçants. En particulier ce bug sonore, assez prégnant dans notre partie, qui va faire tourner en boucle un bruitage. Citons aussi ce trophée qui ne s'est pas vraiment débloqué dans les conditions requises (ça, c'est pour les complétionnistes)... Des broutilles faciles à patcher, mais qu'il convient de noter en l'état.

Des bonus bienvenus

En dépit de ces menus écueils, auxquels on est forcément attentifs dans le cas d'un "portage" next-gen, cette 20th Anniversary Edition apporte son lot de bonnes petites surprises. Outre de nouveaux costumes in-game inspirés des travaux préparatoires (on y reviendra), on retient les 15 réorchestrations signées Christophe Héral, qui insufflent une subtile densité à des thèmes musicaux qui n'ont rien perdu de leur magie. BG&E s'enrichit par ailleurs d'un mode... Speedrun ! Une feature plutôt étonnante dans un jeu qui prône, au-delà de son récit, une certaine forme de contemplation. Mais l'idée est ici plutôt bien exécutée et, finalement, assez raccord avec le format resserré de l'aventure. Selon speedrun.com, le record en date est établi à 1h34. Bon courage pour s'en approcher !

Riche d'anecdotes et d'archives inédites, la galerie bonus est captivante, en dépit d'une présentation pour le moins austère. Davantage d'incarnation et d'interactivité aurait été appréciable, à la manière d'un The Last of Part 2 Remastered (toutes proportions gardées). Enfin, et c'est peut-être ce qui marquera les plus grands fans de la licence, une chasse aux trésors inédite a été intégrée à l'aventure. A défaut de dévoiler une nouvelle facette du jeu, cette quête secondaire apporte un peu plus de lore autour de Jade, faisant surtout le lien avec BG&E 2. Une petite note d'optimisme après 16 ans d'un développement contrarié (pour ne pas dire chaotique) et qui laisse supposer qu'Ubisoft compte toujours sortir cette suite dont on n'avait plus de nouvelles depuis... 2020 ! A suivre.

Notre verdict

On aime

  • Le charme intact de l'aventure
  • L'habile mélange des genres
  • Le travail de remasterisation réussi
  • Des bonus qui plairont aux fans
  • Les superbes réorchestrations
  • Le prix honnête au lancement (20€)

On n'aime pas

  • La maniabilité dans son jus
  • Des petits bugs parfois agaçants
  • L'austérité de la galerie

Malgré les années, BG&E n'a rien perdu de son aura. Cette 20th Anniversary Edition est là pour nous le rappeler, en donnant au jeu un ravalement "next-gen" globalement satisfaisant. La copie n'est pas parfaite, et on aurait sans doute aimé des contrôles un peu plus fluides, mais l'aventure demeure toujours aussi plaisante à jouer. Son rythme, son habileté à jongler entre les genres et son univers attachant n'ont pas pris une ride. Mieux encore, son format très resserré - le jeu se finit en dix heures - s'apprécie d'autant plus aujourd'hui, à l'heure des open world "ubisoftiens" à rallonge. Enfin, on retient de cette remasterisation des bonus pertinents, dont une nouvelle quête qui fait le lien avec l'attendu Beyond Good & Evil 2. De quoi combler les fans, et donner aux autres l'opportunité de découvrir un petit bijou d'action-aventure dans son meilleur écrin.

Note finale : 8 / 10
Les commentaires
Le
Il est dans ma liste, j'attends juste une promo.

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