Test Back 4 Blood

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PS5

Privés des deux épisodes de Left 4 Dead en leur temps, les joueurs sur consoles PlayStation peuvent enfin découvrir un jeu estampillé Turtle Rock Studios sur leur machine de nouvelle ou d’ancienne génération (PS4 et PS5). Les auteurs du fameux jeu de survie coopératif en territoire zombie signent ici un Back 4 Blood qui aurait très bien pu faire office de Left 4 Dead 3 si la licence n’appartenait pas à Valve Software. Rassemblez des amis et c’est parti.

Le re-re-retour des morts-vivants

A l’image de Left 4 Dead, Back 4 Blood est un jeu de tir en vue intérieure jouable jusqu’à quatre en coopération et jusqu’à huit joueurs sur des parties en affrontement. En mode campagne chaque joueur incarne au choix un des huit survivants hétéroclites d’une énième apocalypse zombie causée cette fois par la prolifération d’un parasite qui prend progressivement le contrôle de son hôte. Cette espèce de ver loin d’être solitaire continue de faire muter son porteur, si bien que les morts-vivants de base sont très régulièrement accompagnés d’infestés spéciaux aux formes disproportionnées. Entre les mouchards à long cou qui hurlent pour attirer les hordes de cadavres, les géants qui se servent de leur bras gonflé comme d’un gourdin, les kamikazes qui explosent en faisant gicler du pus collant tout autour d’eux, les piqueuses qui nous tirent dessus à distance, les demi-types qui nous sautent dessus pour nous lacérer les entrailles ou les pestiférés qui nous vomissent de l’acide dessus, la menace est protéiforme et plus variée que dans les précédentes productions du studio. Objectivement, reconnaissons tout de même que certaines de ces unités ressemblent pour beaucoup à celles de Left 4 Dead, leur nom et leur apparence ayant été modifiés mais leurs fonctions restant les mêmes que les fameux boomers, hunters ou jockeys. Cette fois en revanche nous avons en plus à faire avec l’ogre, faisant office de boss, une sorte de gigantesque troll décharné qui balance des boules de chair putride.


Ces infectés représentent un danger nettement plus grand que les zombies de base, ces derniers ayant tendance à se laisser tirer dessus sans trop broncher à bonne distance, sauf à des moments clés où ils fondent sur nous en masse. Les hordes ont la fâcheuse habitude de germer de n’importe où pour mieux nous surprendre, même de pièces que nous avions sécurisées juste avant. Ce n’est pas très fairplay de leur part mais le respawn intempestif paraît inévitable pour maintenir la pression. La marée inhumaine est dans tous les cas bien plus absorbable que celle composée de centaines de corps des jeux World War Z. Pour y survivre, nos nettoyeurs peuvent s’appuyer sur un solide arsenal comprenant une arme de base, une arme secondaire, un projectile (grenade, cocktail Molotov, bombe artisanale, grenade flash) et une arme d’autodéfense à usage unique type taser pour se sortir immédiatement d’une prise au corps. Pistolets, mitraillettes, mitrailleuses, fusils de chasse, fusil de précision (…), toutes les pétoires peuvent être testées au stand d’entraînement du Fort Hope servant de hub pour faire émerger notre préférée. Les flingues ont tous leurs propres caractéristiques chiffrées et sont largement personnalisables, que ce soit pour l’aspect esthétique ou pour la technique, en rajoutant des freins de bouche, des crosses ou de plus grands chargeurs. Modifiables et échangeables à loisirs, les armes sont votre principale chance de survie alors choisissez-les bien, panachez les catégories avec vos coéquipiers et économisez vos balles ! Une fois à sec vous pourrez toujours lutter fièrement avec une arme de corps à corps telle que la batte de base-ball cloutée, la hachette ou la machette. Plus dangereux au contact mais bien mieux que ses simples poings.

Les quelques trente missions des quatre actes de la campagne commencent et se terminent toutes dans une planque sécurisée dans laquelle vous pourrez faire vos dernières emplettes avant de partir au combat. Munitions, améliorations d’armes, consommables (pansements, trousses de soin, défibrillateur) et accessoires (trousse à outils pour ouvrir des portes verrouillées, pétards, fil de fer barbelé) peuvent être achetés à l’aide des pièces de cuivre glanées sur le terrain. Certains de ces accessoires ont un intérêt stratégique indéniable dans ces moments de gloire où notre grappe de survivants doit tenir un siège contre les créatures. Disons-le franchement, ce sont surtout durant ces envolées héroïques, quand nous sommes quatre pauvres humains contre une déferlante infernale, que le plaisir est au maximum. Se répartir les tâches entre collègues, bien se placer, préparer des pièges en posant des bidons d’essence et des bonbonnes de gaz à des emplacements stratégiques, créer un goulet d’étranglement à l’aide du barbelé et des obstacles « naturels » (épaves de voitures, barrières…) donnent tout son sens à cette expérience collaborative. Ce n’est pas pour rien qu’une telle scène trône fièrement sur la jaquette du jeu. Les portes blindées sécurisées et les voitures sous alarmes peuvent aussi servir à détourner l’attention des zombies ou à les attirer dans un piège. Les possibilités ne manquent pas, à condition d’avoir suffisamment d’imagination pour en profiter… et de jouer avec des coéquipiers humains.

The Walking Deck

Back 4 Blood peut tout à fait être joué en solitaire avec trois bots contrôlés par l’ordinateur. Ces derniers sont réactifs et efficaces, n’hésitent pas à vous soigner quand vous tournez de l’œil et partagent gentiment leurs munitions avec vous. Ils sont indifférents aux butins et ne constituent donc pas de concurrence pour se remplir les poches. On les entend même échanger quelques phrases et anecdotes entre eux, histoire d’enrichir leur background respectif et de diffuser un esprit de camaraderie. Par contre il leur arrive quand même de tourner le dos au danger et de rester bloqués en arrière de la carte, figés au milieu du décor ou contre un obstacle. C’est assez rare et leur présence n’est de toute façon pas requise pour clôturer la mission alors tant pis pour eux, ils reviendront au prochain niveau. Aussi fidèles que Lassie, ils nous collent aux basques sans possibilité de leur donner des ordres. Impossible alors de les placer sur des zones clés (en hauteur pour un sniper par exemple) pour la jouer fine. Pour ça, il faudra avoir recours à l’intelligence humaine, ce qui ne devrait pas manquer à la sortie du jeu puisqu’il est cross-play avec les autres plateformes du marché (PC et Xbox).

Vous serez également bien content de trouver du monde pour jouer au mode Nuée, un affrontement en 4 contre 4 sur trois manches maximum durant lequel un premier groupe joue les nettoyeurs devant exterminer les menaces le plus rapidement possible pendant que l’autre camp incarne les infectés. Au second round les rôles sont inversés et le chrono devient un compte à rebours pour faire mieux que ses adversaires. Les humains peuvent utiliser leurs compétences spéciales et les monstres – qui se jouent à la troisième personne – peuvent « évoluer » pour devenir encore plus efficaces au combat. Un bon défouloir en perspective mais assez éloigné de l’esprit de la campagne puisque dénué d’objectifs scénarisés.


Ceux qui se contenteront de la campagne passeront déjà un long moment devant l’écran grâce à un artifice vendu comme offrant une rejouabilité infinie : un système de cartes de bonus et de malus. Au même titre que ses armes et accessoires, le joueur doit définir les cartes qu’il souhaite abattre avant de se lancer dans un niveau en piochant dans un deck prédéfini par le jeu ou dans celui qu’il s’est constitué en dépensant ses points de ravitaillement. Plus d’une centaine de cartes octroient des améliorations ou des bonus statistiques sur le terrain et servent à contrer les effets des cartes de corruption déposées par l’ordinateur avant de démarrer. Si les bonus ne sont pas toujours perceptibles quand il ne s’agit que de quelques pourcentages supplémentaires sur une caractéristique, les malus sont plus identifiables et relancent l’intérêt des cartes déjà traversées. Jouer dans le brouillard, avec des zombies en tenue de protection, avec des hordes régulières ou un boss à nos trousses change parfois la donne, surtout dans les niveaux de difficulté supérieurs. De quoi offrir de l’inattendu à chaque partie. On saluera également l’excellent travail de level design des cartes, aux décors et aux situations variés, qui alternent de larges zones ouvertes et des couloirs plus restreints dans le même niveau pour changer notre approche de la survie.


D’un point de vue technique cette mouture PlayStation 5 affiche de jolis graphismes en 4K et 60 images par seconde sans un poil de ralentissement même quand les niveaux sont bien chargés d’infectés. Le ray tracing gourmand en ressources est passé à la trappe pour garantir un jeu propre et fluide en toutes circonstances et sur toutes les plateformes. Le jeu étant cross-play, rappelons-le, il était indispensable que tout le monde joue sur un même pied d’égalité, résolution mise à part. Les doublages français sont excellents et évitent d’avoir à lire des sous-titres dans le feu de l’action. Nos huit nettoyeurs ont tous un petit quelque chose qui leur donne un soupçon de personnalité. Des modifications cosmétiques peuvent même être débloquées mais en termes de gameplay les survivants se jouent tous de la même façon - seules leurs armes de départ et trois caractéristiques varient entre eux. C’est un peu dommage de ne pas avoir des gameplay différents, mais on imagine qu’il s’agit là encore d’une question d’équilibre. Enfin, la manette DualSense voit sa gâchette de droite se raidir au moment de tirer et les vibrations agitent nos mains lors des coups de feu nourris d’une mitraillette. Rien de comparable avec Astro’s Playroom mais ce sont toujours des sensations additionnelles qu’on ne va pas refuser.

Notre verdict

On aime

  • Le nombre et la variété des cartes
  • Huit héros, huit personnalités
  • Des moments de gloire durant les sièges
  • Une difficulté progressive
  • Plein d’armes évolutives
  • L’intérêt constamment renouvelé
  • L’énorme rejouabilité grâce aux cartes
  • Le mode Nuée jusqu’à huit

On n'aime pas

  • L’IA qui se perd parfois dans les niveaux
  • Les personnages sont interchangeables
  • Des unités qui sentent le déjà-vu
  • L’effet de certaines cartes à peine visible
  • On aurait aimé encore plus de zombies à l’écran
  • Plein tarif sur PlayStation, dans le Game Pass ailleurs

Plus d’une douzaine d’années après le premier Left 4 Dead, il était temps que le travail de Turtle Rock Studios débarque sur PlayStation. En bon troisième épisode masqué, Back 4 Blood offre toujours un plaisir bourrin coopératif plus stratégique qu’il en a l’air dès qu’on passe à la difficulté supérieure et qu’on s’entoure d’amis. En solo, épaulé par une intelligence artificielle efficace, l’expérience reste très agréable à jouer mais ne libère pas son plein potentiel tactique de la survie dans un monde post-apocalypse zombie. Certes, les situations et les unités ressemblent beaucoup à celles déjà rencontrées dans les précédentes productions du studio mais l’implémentation des cartes de corruption apporte une rejouabilité appréciable en faisant varier de nombreux paramètres de jeu. De quoi enchaîner les parties sans trop se lasser, ni se prendre la tête.

Note finale : 8 / 10
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