Test Chernobylite

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PS4

Destination culte depuis une inoubliable mission de Call of Duty : Modern Warfare, la ville de Pripyat est une nouvelle fois au cœur d’un jeu vidéo ayant pour thème la catastrophe nucléaire de Tchernobyl de 1986. Le succès de la série éponyme ne doit pas non plus être étranger à la décision du studio The Farm 51 de réaliser un RPG en vue intérieure mêlant horreur et gestion de base qui sent bon la radioactivité. Mettez vos tabliers de plomb, c’est parti pour le test.

Un atome de bon sens

Ingénieur au secteur 7-G de la centrale nucléaire lors de l’accident du 26 avril 1986, le bon Igor Khymynuk a dû fuir la région en catastrophe, laissant derrière lui sa fiancée Tatyana. Rongé par le remord et encore hanté par de mystérieuses visions de son amour perdu, notre civil se décide 35 ans après les événements à retourner sur place pour voir si « quelque chose à survécu ». Ce projet un brin naïf sur le papier, aussi crédible que Hank Pim allant chercher une Janet van Dyne sans âge dans l’infiniment petit, a tout pour foirer. Dans le meilleur des cas, Tatyana serait une sexagénaire qui brille dans le noir. A moins qu’une matière créée lors de l’événement – appelée Chernobylite, le titre du jeu – soit capable de tordre l’espace et le temps au travers des trous de ver… Pour le découvrir, notre employé du siècle part jouer les touristes de l’extrême avec deux mercenaires, avant de comprendre que la zone est désormais quadrillée par une armée privée répondant à l’acronyme NAR. Un cuisant fail plus tard, notre amoureux se trouve une planque pour mieux préparer sa prochaine infiltration. Il faudra pour cela glaner des indices répartis entre les différentes missions principales de l’aventure.

Chernobylite prend la forme d’un jeu de rôle narratif en vue intérieure avec une part importante donnée à la survie, avec gestion de sa base et de son équipe. Pour parler d’équipe il faut déjà penser au recrutement, si bien que vos premières sorties seront consacrées à la récupération de denrées, de munitions et de renforts. Le jeu est découpé en journées, chaque matin vous vous réveillez dans votre quartier général et devez décider lequel de vous et de vos hommes sera envoyé en mission. Au départ ça se joue entre Olivier et Igor (vous), le premier étant le guide qui vous a accompagné au casse-pipe dans l’introduction. Ensuite, ça se décidera entre les autres survivants recrutés sur le chemin (jusqu’à cinq profils hétéroclites), qui, en fonction de l’équipement (arme et armure) que vous leur aurez octroyé, de leur état de santé et de leur moral, auront plus ou moins de chance de réussir. Exprimé en pourcentage, leur probabilité de succès pèse largement dans l’assignation des missions, au point de les laisser tranquille à la planque pour y aller vous-même quand elle avoisine les 50 %. Ce serait dommage de perdre une arme et le type qui la tient, d’autant qu’une protection biométrique empêche de récupérer celles des soldats du NAR sur le terrain. Ce serait trop simple.


Pour fabriquer des armes, des munitions, soigner le moral des troupes et agrandir votre base, le jeu impose une importante collecte de matières premières à l’extérieur, dans des missions secondaires de ravitaillement. Même si certains schémas de fabrication sont délirants (il faut des champignons et de l’essence pour fabriquer un lit de camp !), les notices de montage sont simplifiées pour récupérer facilement des pièces détachées. Aux abords de la centrale, on trouve surtout des herbes, des pièces mécaniques, des combustibles, des produits chimiques, des circuits imprimés et d’autres déchets du genre bien suffisants pour confectionner des éléments de confort. Au départ on se contente du minimum puis vient l’embourgeoisement et l’envie d’intimité, de distractions allant jusqu’aux plantations pour assurer son prochain repas sans devoir risquer sa peau. L’agrandissement de la base sert aussi à usiner des armes, des cartouches et des outils comme des crochets pour déverrouiller des portes et accéder à de belles planques sur le terrain.

Danse avec le loot

Les armes peuvent aussi être améliorées pour gagner en efficacité puisque, disons-le tout de suite, notre gars est plutôt un manche de la gâchette dont le moral baisse à chaque victime ! La partie action de la sainte trinité « survie - combats - gestion » est de loin la plus faible avec des gunfights mous contre des soldats qui ont perdu toute volonté de survivre en mode normal. Quand votre arc-de-cercle de furtivité passe au rouge les ennemis se contentent de vous tirer dessus sans élaborer de stratégie ou de repli tactique, s’en remettant à la supériorité de leur AK-47. Et comme au début vos cartouches sont comptées, préférez l’infiltration et l’élimination de dos, au moins sur certains types d’ennemis.

Les missions sont toutes disséminées aux abords de la centrale, sur une poignée de zones ouvertes, à explorer à l’aide de la carte, de la boussole, et de notre compteur Geiger qui balaye régulièrement les alentours pour faire apparaître le butin. Cloisonnés par les radiations, délabrés comme un décor de The Walking Dead, ces environnements en extérieur sont très réussis et immergent dans une partie de l’Ukraine encore hostile de nos jours. Les feuillages bougent de manière ostentatoire, la météo inquiète et les effets de lumière flattent la rétine. Testé dans sa version PlayStation 4, machine sur laquelle le jeu est disponible depuis le 28 septembre, on a déjà hâte de voir tourner son Unreal Engine sur PS5 l’année prochaine. Les intérieurs sont en revanche bien moins impressionnants, avec des textures peu en joie quand on les a sous les yeux, du béton grisâtre des plus quelconque, et de la rouille à perte de vue. Plus réduits, ils ont au moins le mérite d’éviter les petits freezes constatés à chaque sauvegarde automatique en extérieur. Techniquement, le petit studio polonais n’a pas poussé la console de Sony dans ses derniers retranchements mais pour un titre aussi généreux proposé à 29,99€ (34,99€ en boite) à son lancement nous plaidons la clémence.


Pour en revenir aux missions, on y passe une bonne partie de son temps à remplir notre inventaire organisé en cases en nombre limité et à atteindre le point de largage des vivres marqué par un fumigène. Un raccourci manette astucieusement placé sur la croix directionnelle permet d’avoir jusqu’à huit objets sous la main sans ouvrir l’inventaire. En dehors de la base, Igor peut aussi se prendre pour McGyver pour cuisiner une soupe autour d’un feu de camp ou bricoler des pièges dont certains effets ne seront visibles que les jours suivants. En effet, le périmètre d’action étant limité par la géographie du cadre, le titre recycle ses cartes déjà explorées en y ajoutant des variations comme l’apparition de monstres qui n’ont pas que des atomes de crochus. Le bestiaire est tout de même très restreint et moins intéressant que les survivants avec lesquels les échanges donnent lieu à de bons dialogues doublés en anglais ou russe sous-titrés dans un français impeccable. Des réponses à donner et des choix moraux viennent régulièrement ponctuer l’aventure s’étalant sur une bonne vingtaine d’heures dont certaines conséquences ne seront visibles que bien plus tard. Rien d’irréversible cependant, un retour en arrière est toujours possible en échange de cristaux de Cherbonylite. Enfin, c’est auprès des humains que vous apprendrez de nouvelles techniques en investissant vos points de compétence alors si vous voulez devenir un meilleur soldat vous devrez vous montrez bienveillant avec vos collègues de galère puisque de mauvais choix pourraient les faire quitter le refuge et limiter ainsi vos nouveaux talents. Ici l’enfer ce n’est pas les autres, bien au contraire.

Notre verdict

On aime

  • Les extérieurs de toute beauté
  • L’ambiance de fin du monde
  • La partie gestion amusante
  • Les constructions faciles
  • Les choix qui comptent
  • Les rencontres humaines
  • La bonne durée de vie
  • Le prix réduit

On n'aime pas

  • Les gunfights ratés
  • L’intelligence artificielle irradiée
  • Le bestiaire limité
  • Les environnements se répètent
  • Techniquement un peu juste
  • Devoir attendre la version PS5

Alors que son prix étonnamment abordable de 29,99€ pouvait nous rendre méfiant, Chernobylite est une bonne surprise dont le gameplay plus profond qu’il n’y paraît repose sur trois solides piliers : la survie par la collecte de ressources, les combats frontaux ou furtifs et la gestion de sa base et de son équipe. Ajoutons à ça un environnement immersif et des choix moraux, et nous tenons là une expérience étonnante qui se heurte tout de même à des gunfights pas terribles, à des cartes recyclées et à une technique en dents de scie sur PlayStation 4. On a déjà hâte de le refaire sur next gen.

Note finale : 7.5 / 10
Les commentaires
Le
Merci pour le test, c'est vrai qu'il a l'air d'être sympa.
Le
Ah sinon le studio a annoncé la sortie sur PS5 ?
Le
A chaque fois que mes yeux survol le titre, je lis Chernobite
Le
Ho bordel je croyais que c’etait que moi :mdr:
Le
Et moi j'ai hesité avant de poster ça, parce que même les pervers du forum n'avait rien dit.

Du coup ca me rassure parce que tu es quand même sain.........quoique, c'est toi qui a inventé l'insertion..!

Pouetception
Le
Chernobiloute pour les gens du Nord.
Le
Tchernotiteblyte ou pas, ça donne vachement envie. Je vais me la prendre à tous les coups !

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