Test Ghosts'n Goblins Resurrection
Quinze ans après l’excellent Ultimate Ghosts’n Goblins sur la non moins excellente PlayStation Portable, la licence culte de Capcom revient d’entre les morts pour une résurrection qui porte bien son nom. Après une courte exclusivité Switch en début d’année, le voici qui débarque le mardi 1er juin sur le PlayStation Store de la PlayStation 4 au prix de 29,99€.
Ghouls’n Ghostbusters
On ne présente plus la série Ghosts’n Goblins, une des plus vieilles licences du japonais Capcom ayant démarré sa carrière sur bornes d’arcade en 1985. Le jeu est surtout connu pour deux choses : son horrible difficulté et le caleçon blanc à cœurs du chevalier qui apparaît à l’écran lorsqu’il perd son armure… dès le deuxième coup reçu ! En 2021 l’histoire est-elle un éternel recommencement ? On pourrait le croire à la cinématique d’introduction de cet épisode Resurrection dessinée sur un parchemin moyenâgeux narrant l’idylle entre Arthur et sa princesse soudainement perturbée par l’apparition du roi démon qui enlève la demoiselle sous les yeux de notre chevalier. Il n’en fallait pas plus pour que notre gaillard revête son armure et s’équipe de lances pour occire zombies, goules et gobelins. Le gameplay n’a pas bougé d’un iota depuis sa création et nous sommes toujours face à un jeu de plateforme / action à fort challenge, les ennemis réapparaissant à l’infini pour nous tuer quand ce ne sont pas les décors en constante évolution qui s’en chargent.
Contrairement aux premiers épisodes, Resurrection offre le choix entre quatre modes de difficulté décroissante. Par défaut le jeu nous force la main sur ce qui se fait de plus dur, le mode Paladin, avec sa difficulté extrême légendaire dans laquelle deux coups suffisent à faire de nous un tas d’os, le premier faisant simplement voler l’armure d’Arthur en éclats comme une piñata. Autant dire que vous allez en baver pour finir le jeu dans ce mode rageant, même avec la présence de checkpoints découpant les longs niveaux en plus petites séquences. Ensuite vient le mode Chevalier dans lequel l’armure gagne légèrement en résistance puisqu’elle est capable de supporter deux coups avant de tomber en lambeaux ; avant de tout miser sur le coton du caleçon comme ultime chance de survie. Les ennemis sont également un poil moins envahissants et les checkpoints plus réguliers. Le mode Écuyer poursuit ce nivellement par le bas et rajoute une troisième claque possible à l’armure portant à quatre le nombre total de coups à recevoir avant de manger les pissenlits par la racine. Vient enfin le salvateur mode Laquais conçu comme humiliation suprême pour tout joueur de la série et qui offre le luxe de nous faire réapparaître au même endroit quelques secondes après être mort. Avec une immortalité virtuelle, ce mode easy déguisé représente pour beaucoup de joueurs le seul moyen de terminer le premier niveau, de voir les autres et d’atteindre le boss de fin après d’innombrables échecs tout de même. Attention cependant, les âmes sensibles sont prévenues qu’elles rateront de nombreux secrets du titre en jouant les domestiques et même la véritable fin. On vous le conseillera surtout pour apprendre par cœur les pièges des niveaux et découvrir les points faibles des boss avant de revenir la fleur au fusil dans un mode supérieur.
Autre symbole de modernité rajouté à ce retour, la présence d’un arbre de compétences baptisé « Arbre de Brocéliande » dont les fruits nous octroient quelque 25 magies ou habilités pour nos runs. Chaque niveau contient un nombre précis de fées magiques (parfois bien cachées) à libérer et à utiliser ensuite comme monnaie d’échange pour débloquer de nouveaux fruits de l’arbre. Particulièrement utiles, ceux-ci renferment par exemple une magie transformant tous les ennemis de l’écran en grenouille ou en pierre, un éclair magique partant dans les quatre directions, deux flammes protégeant Arthur, l’apparition d’un double ou encore la possibilité d’alterner entre deux armes récupérées. Ce n’est pas la solution à tous les maux pour autant puisque l’utilisation d’une magie demande de presser le bouton Carré ou Rond pendant quelques secondes, immobilisant notre héros suffisamment longtemps pour qu’il se fasse tuer ou à minima toucher, perdant ainsi le bénéfice de la charge. De plus, on ne peut en embarquer qu’une petite sélection avec nous et chaque magie exige un temps de recharge pour en user sans en abuser alors, dans le feu de l’action, on en oublie presque leur existence.
L’amore c’est mieux à deux
L’ajout le plus significatif de ce reboot est sans doute le mode coopération autorisant à tout instant un second joueur à venir prêter main forte à notre trompe-la-mort. Le deuxième joueur alterne alors entre plusieurs espèces de fantômes flottant aux côtés d’Arthur pour combattre avec lui et surtout, lui apporter un soutien de taille. Un spectre peut encercler notre héros d’un bouclier d’énergie quand un autre pourra bricoler un genre de passerelle au-dessus d’une fosse tandis que le dernier choppera carrément notre gars par les épaules pour le faire voler en lieu sûr. Une aide très appréciable dans les modes au-dessus de Laquais qui ne souffre que d’un (gros) défaut : n’être disponible qu’en local. Nous aurions aimé être dépanné par des amis à distance parce que nous n’avons pas toujours quelqu’un sous la main, surtout en cette période de distanciation sociale.
Tant que nous sommes dans les écueils, rouspétons aussi sur la lourdeur d’époque d’Arthur, certes préservée pour satisfaire les fans, mais réellement pénible lorsqu’il s’agit de faire des sauts millimétrés ou pour viser convenablement les ennemis. Impossible de tirer en diagonale, seulement à gauche, à droite, juste au-dessus de nous et en dessous à condition d’effectuer un saut simultanément. Pas de double saut non plus pour étendre notre élan. Et le côté aléatoire, façon roulette de casino, de la distribution des armes lorsqu’on ouvre un coffre ou dès qu’on prend - parfois par erreur - le contenu de la jarre qui était sur le dos d’un ennemi qu’on vient de mettre à terre peut agacer. Chaque arme à son propre fonctionnement et celui-ci n’est parfois pas du tout adapté aux ennemis du moment comme cet arc qui tire dans deux directions différentes ou ce marteau à la portée ridicule. C’est carrément frustrant quand on démarre un niveau avec talent et qu’une sélection hasardeuse d’arme plombe nos efforts en nous rendant impuissant face à l’ennemi. Les choses s’améliorent un peu avec l’habileté qui permet de switcher entre deux armes.
Le jeu s’étale sur cinq royaumes et même sept si on tient compte du fait que les deux premiers proposent deux parcours différents, hérités respectivement de Ghosts’n Goblins et de Ghouls’n Ghosts, à choisir librement en début de partie. La durée de vie dépend énormément du mode de difficulté choisi, prenant simplement une grosse soirée avec les respawn infinis du mode Laquais (avec la mauvaise fin donc) à la dizaine d’heures voire plus pour les acharnés qui auront le courage de tenter les modes au-dessus. Après l’avoir terminée une première fois, l’aventure pourra aussi être retentée en mode ténèbres rajoutant de nouvelles difficultés. Quand on aime souffrir, on ne compte pas. Le calvaire paraîtra plus doux devant la beauté de la réalisation propulsée au RE Engine (le moteur des derniers Resident Evil !) proche d’un style dessiné et qui offre des décors variés, colorés, souvent en mouvement et assez inventifs comme celui éclairé par des bougies qu’il faut éteindre pour progresser ou celui à dos de dragons. Le bestiaire absolument classique, bien détaillé et aussi rigide que notre héros, ne dépaysera pas les habitués de la série. Enfin, mention spéciale aux boss de bonne taille et aux attaques originales qui nous donnerons encore plus de fil à retordre que le chemin pour les atteindre.
Notre verdict
On aime
- La coopération bienvenue
- L’arbre de compétences
- La réalisation colorée
- Le mode Laquais accessible
- La difficulté extrême (pour certains)
On n'aime pas
- La difficulté extrême (pour tous les autres)
- Forcément très court en mode Laquais
- La lourdeur d’Arthur fidèle à elle-même
- Pas de coopération en ligne
- Les armes aléatoires souvent malvenues
Ghosts’n Goblins Resurrection remet sur le devant de la scène l’une des plus anciennes licences du jeu vidéo de fort belle manière, tant sur le plan esthétique qu’au niveau du gameplay. Côté forme on l’admirera pour sa réalisation colorée à l’aspect dessiné qui ne lésine pas sur les effets pyrotechniques et le nombre d’ennemis à l’écran. Côté ludique on saluera des nouveautés bienvenues comme un arbre de compétences débloquant progressivement de nouvelles magies / habiletés, un mode coopératif salvateur en local et bien sûr des modes de difficultés plus accessibles dont le mode Laquais et ses résurrections infinies. La durée de vie en prend forcément un coup mais c’est sans doute le seul moyen pour beaucoup d’entre nous de voir une des fins et de ne pas s’énerver trop souvent devant la difficulté atroce qui a fait la réputation de la série. Vous savez à quoi vous attendre.
Bejita
Pourquoi pas aussi un mode ou on a directement le générique de fin, ah non, ça existe déjà
Vincent
Sn@ke
Bejita
A moins que les "cheat codes" reviennent à l'ordre du jour
Sn@ke
Bejita
Silversun
Bejita
Oui les jeux étaient en général bien plus durs, surtout parce que la durée de vie était assez famélique, néanmoins, les cheat codes étaient présents (et c'était même un business), chose qui a disparu avec l'avènement des comptes associés aux joueurs....et le nivellement vers le bas de la difficulté, sauf pour de rares cas.
Sur Neo Geo, vu que c'était la borne à la maison, on pouvait avoir les vies infinies....mais vu le prix des cartouches, valait mieux s'arracher les cheveux sur un Magicien Lord, Last Resort ou autres Sengoku....
Après je vois aussi de grosses différences, entre un jeu certes dur, voir très dur comme G&G, mais faisable et d'autres titres volontairement infinissables sans cheats à cause d'une difficulté complètement loufoque ou d'un gameplay complètement à l'ouest. C'est aussi pourquoi G&G à bien marché, ça restait un titre beau, dur, bien ficelé, mais pas volontairement pété comme pas mal de titres issus de bornes.