Test Immortals Fenyx Rising
En juin 2019 lors de sa conférence de presse pré-E3, le géant français du jeu vidéo Ubisoft dévoilait un tout nouveau titre mélangeant des éléments open world d’un The Legend of Zelda : Breath of the Wild à la mythologie grecque chère à la série God of War. Ce Gods & Monsters était alors prévu pour une sortie le 25 février 2020 sur PlayStation 4 avant d’entrer dans la vague de retards de l’éditeur pour une série d’améliorations et un passage de relais avec la nouvelle génération de machines. Il s’appelle désormais Immortals Fenyx Rising et c’est finalement sur PS5 qu’il est testé.
L’illusion du Phénix
Un simple regard sur Immortals Fenyx Rising suffit à comprendre que le jeu d’Ubisoft Québec ne cible pas les mêmes joueurs que le dernier Assassin’s Creed Valhalla où les têtes roulent au sol. Ici nous sommes face à une production 12 ans et plus qui s’oriente davantage vers un public plus jeune, plus familial. C’est sans doute la raison pour laquelle l’introduction nous présente un Zeus à la bonhomie digne d’un Obélix et un Prométhée (qui n’a pas les entrailles à l’air comme lors de sa rencontre avec Kratos dans God of War 2) simplement attaché mais toujours festif et enclin à raconter au Dieu suprême de l’Olympe l’histoire de Fényx, le protagoniste de cette production. En effet, toute l’épopée que nous allons vivre en sa compagnie n’est en réalité qu’un flashback, un dialogue entre les deux gars qui viendront très souvent (trop ?) interrompre l’action pour se disputer ou partager des anecdotes. Si on saluera l’effort du studio d’avoir doublé les dialogues en français avec Lionnel Astier dans le rôle de Zeus, l’omniprésence du duo, la régularité de leurs interventions et les tentatives d’humour qui tombent à plat nuisent au côté épique de la quête de notre avatar. Nous précisons bien avatar puisque Fényx prendra l’apparence voulue par le joueur en choisissant son sexe, son visage, sa coupe de cheveux, ses tatouages faciaux, sa barbe et sa voix. Dans une volonté d’inclusivité poussée à l’extrême toutes les combinaisons sont possibles : femme à barbe, homme à voix féminine voire carrément peaux aux couleurs de l’arc-en-ciel. Rien d’irréversible toutefois en cas de regret, l’aspect physique de notre personnage pouvant être modifié durant la partie.
Se réveillant sur une plage de l’île d’or à la suite d’un naufrage, Fényx s’aperçoit que ses anciens compagnons d’armes (y compris son frère) sont transformés en statue de pierre. Ce n’est pas un coup de la méduse mais bien de Typhon, le titan jadis emprisonné dans le Tartare par Zeus et dont les chaînes récemment rompues lui permettent enfin d’assouvir sa vengeance sur les Dieux, en commençant par Aphrodite, Arès, Athéna et Héphaïstos. Vidés de leur essence divine, ces quatre-là se retrouvent disséminés sur la carte et c’est à vous qu’incombe la mission de restaurer leur puissance pour qu’ils viennent grossir les rangs de Zeus afin de renverser Typhon. La banale excuse de « sauver le monde » sert de point de départ à l’exploration des sept différentes parties de l’île à pied, sur le dos d’une monture apprivoisée (à invoquer avec Triangle) ou en planant avec vos ailes bricolées par Dédale. L’exploration est au cœur du gameplay, talonnée par les affrontements contre des figures mythologiques telles que les cyclopes, les gorgones et autres griffons. Les coups d’épée rapides sortent avec R1, les coups de hache plus puissants mais plus lents avec R2 et les esquives avec la touche Carré couplée à une direction. Un arc peut être bandé avec L2 et une flèche décochée avec R2 ou R1 pour suivre sa trajectoire jusqu’à sa cible. Un projectile que nous pourrons aussi enflammer pour résoudre des puzzles. Plus tard des pouvoirs divins viendront se greffer à la touche L1 à additionner avec les symboles PlayStation pour par exemple jeter d’énormes pierres sur vos ennemis. Les plus discrets tenteront même des attaques silencieuses mortelles dans le dos des ennemis. On s’y fait assez vite mais, si vous préférez les boutons classiques de la manette, sachez que les commandes sont entièrement paramétrables pour le confort de tous.
Assassin’s Kids
A l’instar de la série Assassin’s Creed, la découverte de la carte passe obligatoirement par l’ascension d’un point d’observation au sommet duquel nous pourrons nous « synchroniser ». Bonne nouvelle, Fényx peut littéralement grimper partout même quand les textures n’ont pas l’air de s’y prêter. Elle est uniquement freinée par sa jauge d’endurance qui s’épuise à mesure de nos efforts, au risque de la faire chuter à quelques mètres du point culminant. Heureusement, des potions placées intelligemment sur la croix directionnelle peuvent la doper pour lui apporter un second souffle. Ces potions sont néanmoins en quantité limitée et, pour les obtenir, il faut looter des champignons, des fleurs, des grenades, tout ce qui se cueille. Une fois au sommet la jeune élue doit se servir d’une vue lointaine placée sur la touche R3 pour faire le tour du panorama et marquer les coffres, quêtes annexes et autres collectibles qui jonchent la carte. Guidé par les vibrations de la manette on s’amuse à faire des repérages pour faciliter nos futurs raids en quête d’une nouvelle arme, crypte à explorer, défis à relever ou cristaux à glaner. Il y a même des défis éphémères proposés chaque jour en ligne. Avec les déplacements rapides en quelques secondes sur PS5 c’est aussi facile qu’agréable de traverser la carte d’un point à l’autre et un GPS nous montre ostensiblement la direction à prendre et le nombre de mètres qui nous séparent de notre objectif. Impossible de se perdre donc.
Les quêtes annexes les plus intéressantes et lucratives sont les cryptes inexplorées qui, à la manière des donjons d’un Zelda, offrent de précieuses récompenses à ceux qui en résoudront les énigmes. Classées en trois niveaux de difficulté, ces dernières jouent souvent sur la manipulation des éléments ou du temps pour enclencher des mécanismes. Juste de quoi affûter son esprit entre deux vols planés ou affrontements. Notre inventaire n’est pas limité en poids et les armes sont indestructibles alors la progression se fait de manière plaisante, à garnir notre râtelier d’une douzaine d’épées, de haches, de casques, d’arcs, d’ailes et d’armures différentes. Depuis la halle des dieux on peut également améliorer toutes ces classes d’armes, confectionner des potions, agrandir notre barre de vie, celle d’endurance ou acquérir une vingtaine de nouvelles compétences et de nouveaux pouvoirs divins en échangeant nos gains lors de missions accomplies. Les bénédictions divines se font, elles, uniquement en accomplissant des tâches pour les dieux. D’une difficulté générale vraiment accessible, on s’étonne alors de la présence d’un magasin « réel » accessible à tout moment depuis le menu pause et permettant d’acheter avec de véritables euros de nouveaux packs de personnage (avec armure, casque, monture et familier), des packs d’armes, ou carrément des packs de crédits allant jusqu’à 49,99€. Bien sûr, ces contenus ne sont pas inclus dans le season pass de 39,99€ qui contient, à notre sens, deux campagnes en lien avec la trame principale qui méritaient de figurer dans le jeu de base. Et comme ces packs ne se trouvent que dans la boutique, les complétistes risquent d’être déçus ou de repasser à la caisse.
Rien à voir chez les grecs
En sortant le jeu simultanément sur PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series, PC, Stadia et Switch, on se doutait que la version « next gen » ressemblerait fortement aux autres versions. Nos craintes s’avèrent fondées et rien ne diffère vraiment la version PS5 de sa grande sœur si ce n’est un affichage en 4K natif et 30 images par seconde en mode qualité et en 4K dynamique et 60 images par seconde en mode performance. La distance d’affichage est un peu plus grande aussi et les gâchettes adaptatives sont sollicitées lors de la vue lointaine et de l’utilisation de l’arc. Pour le reste on doit partager les mêmes textures simples, à la végétation parfois juste plaquée dessus, les mêmes couleurs criardes, les mêmes modélisations et personnages inexpressifs lors des cinématiques les faisant ressembler aux marionnettes de la série britannique Thunderbirds pour paraphraser Alx. La synchronisation labiale accuse aussi quelques ratés. La direction artistique divise donc pas mal, entre ceux qui trouvent le jeu très joli, chaleureux, plein de petits détails sympas et les autres qui ont l’impression d’être devant un épisode de Sam le pompier. Ce qui est certain, c’est que l’esthétique est raccord avec l’aventure qui ne se prend jamais au sérieux et qui traite de mythologie grecque sans en faire une tragédie. Le monde est vaste, présente un cycle jour / nuit en temps réel, offre des décors différents en fonction des parties de l’île avec quelques interactions bienvenues comme les arbres qui s’écroulent sous nos coups. La liberté est totale et l’exploration est toujours récompensée ce qui a tendance à nous tenir éveillé encore pour cette « petite demi-heure » de plus, bercé par les très bonnes musiques d’ambiance de Gareth Coker. Avec une durée de vie d’une trentaine d’heures pour terminer correctement l’histoire et une cinquantaine pour tout explorer comme il faut, vous en aurez pour votre argent d’autant que les versions PS5 et PS4 sont comprises pour le même prix. Une excellente politique qu’il convient de souligner.
Notre verdict
On aime
- Un vaste monde ouvert à explorer
- De nombreux à-côté facultatifs
- Un peu de réflexion dans les cryptes
- Accessible à un public de pré-ado
- Les doublages français
- Une grosse durée de vie
- Techniquement solide
- Un bon Zelda-like sur PlayStation
On n'aime pas
- Les graphismes pas vraiment next gen
- Une direction artistique qui divise
- Les dialogues souvent ratés
- Trop bon enfant pour être épique
- Les micro-transactions et les DLC
Fruit d’une union fantasmée entre Breath of the Wild et Assassin’s Creed Odyssey, Immortals Fenyx Rising donne naissance à un bon jeu d’action / aventure en monde ouvert explorant une mythologie grecque adoucie et enrobant ses graphismes en plastique sous une direction artistique et des dialogues ciblant les pré-adolescents. De fait, le jeu est loin de faire honneur aux capacités de la PS5, l’ambiance manque cruellement de souffle épique et l’histoire peine à traduire la cruauté des dieux et la violence de ses créatures mythiques. Pourtant on se laisse facilement transporter dans cet univers attachant et on a du mal à s’arrêter quand on commence à se balader sur l’immense carte qui ne demande qu’à être explorée, aisément, et sans jamais donner l’impression d’être une corvée. Pour une nouvelle licence Ubisoft, c’est une réussite.
Self
Pouet
Vincent
Vincent
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