Test Trials Rising
Près de vingt ans après sa création par le studio RedLynx, la série Trials revient en force et délaisse autant l’aspect futuriste de son épisode Fusion (2014) que le côté hallucinogène du spin-off Blood Dragon (2016) pour s’ancrer dans un présent bien réel en nous proposant un tour du monde de pistes de trial situées aux quatre coins de la planète. L’occasion de retrouver son gameplay si simple à comprendre et si difficile à maîtriser, dont l’exigence grandit au travers d’un nouveau système de progression et de tracés toujours plus acrobatiques.
Pour ceux qui ne seraient jamais intéressés à la série, une rapide description s’impose : comme ses prédécesseurs Trials Rising vous propose d’enfourcher une moto et de parcourir le plus rapidement possible des pistes de plus en plus alambiquées en ne vous préoccupant que de l’accélération (R2), du freinage (L2) et de la position du pilote sur la moto (stick gauche). Des contrôles apparemment simplistes, mais qu’il faudra savoir utiliser avec précision pour réussir les meilleurs chronos.
Malgré sa présentation en 3D qui permet d’offrir d’impressionnants angles de caméra, le gameplay reste cantonné à deux dimensions tout en offrant ici ou là quelques passages alternatifs qui permettent de s’écarter pour un temps du chemin prédéfini. Évidemment les chutes sont légion, et vous aurez tôt fait de recourir au bouton Rond qui permet à tout moment de revenir au dernier checkpoint validé, ou au pavé tactile dont la partie gauche redémarre instantanément l’épreuve. Autant dire que le jeu prend vite un air de die & retry pour négocier au mieux les différents obstacles et ainsi gagner de précieuses secondes ! Vos bonnes performances seront récompensées par des médailles faites dans un premier temps de bronze, d’argent ou d’or, et vous débloquerez par la suite la possibilité d’obtenir des breloques de platine puis de diamant.
Une progression plus laborieuse
Alors que ses prédécesseurs adoptaient un découpage en évènements regroupant plusieurs pistes, à débloquer l’un après l’autre en accumulant suffisamment de médailles, Trials Rising opte à la place pour une carte du monde divisée en zones (Amérique du Nord, Europe, Asie…) et en catégories, avec un système à base de points d’expérience et de niveaux. La différence peut paraître ténue, et à vrai dire le changement n’impacte pas franchement la progression sur les premières heures de jeu, mais ses conséquences deviennent par la suite beaucoup plus évidentes : le nombre de points d’expérience nécessaire pour passer d’un niveau au suivant devenant de plus en plus important, et les gains de ces mêmes points n’augmentant pas au même rythme, on se retrouve rapidement obligé de faire et refaire les pistes d’une même zone en attendant d’atteindre le niveau requis pour la phase finale. Petite nouveauté à souligner, cette dernière se déroule en trois manches dans un stade : vous êtes d’abord opposé à sept adversaires, puis à trois, et c’est enfin un duel que vous devez remporter pour débloquer la zone ou la catégorie suivante.
Histoire de ne pas perdre trop de temps à débloquer toutes les pistes du jeu, il est grandement conseillé de s’intéresser aux différents sponsors qui apparaîtront au fil de votre progression. Ils vous proposeront en effet des contrats bien juteux sur les pistes déjà débloquées, impliquant d’accomplir durant de votre run un ou plusieurs défis tels que battre un adversaire spécifique, finir en un temps donné, ne pas dépasser un nombre maximal de crashs, réaliser un nombre donné de backflips ou de frontflips, parcourir une distance minimale sur la roue arrière... Remplir les conditions imposées vous permettra d’obtenir des récompenses en plus ou moins grande quantité selon la difficulté des défis, et vous engrangerez ainsi de l’expérience, de l’argent et des objets de customisation.
Chacun son style
Trials Rising sacrifie en effet à la mode de la personnalisation à outrance, avec différents accessoires à la rareté variable symbolisée par une couleur : gris pour les objets ordinaires, jaune pour les rares, bleu pour les légendaires et vert pour ceux obtenus via des sponsors. Vous récupèrerez ainsi différentes poses pour votre pilote (écran de chargement, victoire, défaite), des accessoires pour modifier son apparence (casque, gant, veste…), des pièces pour votre moto (jantes, pneus, carénage…) et des centaines de stickers à appliquer comme bon vous semble sur ces différents objets (la plupart peut en accueillir jusqu'à 200). Rassurez-vous ceux-ci ont une vocation uniquement cosmétique et ils n’influent en rien sur les caractéristiques de votre pilote ou de sa moto !
Si les contrats mentionnés ci-dessus vous permettront déjà d’enrichir votre collection, la principale source d’objets de customisation se trouve en réalité dans le système des caisses de matos obtenues à chaque passage de niveau. Chacune vous permettra de recevoir trois objets choisis aléatoirement, ce qui conduira inévitablement à avoir quelques doublons, mais vous pourrez revendre les exemplaires inutiles pour récupérer un peu de monnaie in-game. Celle-ci pourra être dépensée pour acheter d’autres objets, mais vous préfèrerez sans doute dans un premier temps débloquer le vélo Helium et la mini-moto Donkey (10.000 et 15.000 crédits respectivement !) qui attireront de nouveaux sponsors et donc de nouveaux contrats.
Puisque nous en sommes à l’aspect « financier » du jeu, profitons-en pour préciser que certains objets ne peuvent être achetés qu’avec une monnaie alternative, les glands bleus (on ne rigole pas…), qui peuvent être obtenus avec de l’argent bien réel au travers de microtransactions ou en faisant la chasse aux 62 objets collectors cachés sur les pistes.
Un contenu impressionnant
Pour en revenir à l’aspect « tour du monde » du jeu, il nous semble important d’insister sur le fait que sa carte n’est pas qu’un élément décoratif servant à présenter les différentes épreuves. Au contraire chaque piste s’inspire ou reprend carrément un lieu iconique de sa région et en fait son élément central comme par exemple le Transsibérien, la Tour Eiffel, le village de Buñol (avec sa bataille de tomates), les ruines d’Angkor ou encore la Muraille de Chine. Vous aurez aussi l’occasion d’exercer vos talents dans un avion-cargo en vol (avec trous d’air inclus) ou de terminer une épreuve dans la salle du trône d’un château médiéval. Outre les bosses, rampes, et autres loopings que vous devrez apprendre à maîtriser, les pistes incluent de nombreux pièges avec lesquels il faudra composer : on ne parle pas simplement de classiques tronçons qui s’écroulent à votre passage ou apparaissent au dernier moment devant vous, mais de catapultes, explosifs, ventilateurs et autres boules de démolition !
Avec pas moins de 117 épreuves à débloquer partout dans le monde, Trials Rising est sans conteste l’épisode le plus généreux de la série. Mais n’allez pas croire que les développeurs ont cédé à la facilité en nous proposant des pistes répétitives ou des clones de tracés pour gonfler artificiellement l’offre de leur dernier bébé : certes on peut trouver des similarités entre deux courses situées non loin l’une de l’autre sur la carte (les environnements peuvent alors être quasiment identiques), mais les pièges qui vous attendent sont toujours différents et particulièrement bien conçus.
Outre ses épreuves « classiques », le jeu propose un tutoriel extrêmement bien pensé (une première dans la série !) baptisé University of Trials : sa douzaine d’exercices permettra aux nouveaux venus de bien comprendre les bases du jeu, et notamment l’importance d’une accélération réfléchie (aller à fond et sauter très haut est souvent contreproductif pour un chrono) ou celle du positionnement du pilote (un transfert de masse mal exécuté peut très vite conduire à une chute !). Dans un autre registre les jeux d’adresse déjantés font leur grand retour, avec parmi les dix proposés le saut en longueur (il faut s’éjecter de la moto puis rebondir sur des barils explosifs), le basket ou encore le football américain. Seul petit hic ces deux catégories d’épreuves sont elles aussi liées à la progression de votre niveau, ce qui comme nous l’avons déjà expliqué vous obligera à un fastidieux grinding. Si le procédé peut se comprendre pour les mini-jeux, il nous semble en revanche moins facile à justifier pour le tutoriel !
Une expérience à partager
L’aspect multijoueur n’a évidemment pas été oublié avec la possibilité d’affronter d’autres joueurs en ligne ou de réunir des amis autour de sa console. Dans le premier cas vous affronterez jusqu’à sept adversaires dans des compétitions en trois manches, et pourrez vous lancer dans des saisons durant approximativement trois mois afin d’accéder aux divisions supérieures. Dans le second cas vous aurez le choix entre le mode Party pouvant accueillir jusqu’à quatre joueurs et disposant de nombreuses options de customisation (contrôles inversés, gravité faible...), et le tout nouveau mode Tandem qui vous proposera de grimper à deux sur la moto éponyme. Chaque joueur pourra alors contrôler la monture (freinage/accélération) ainsi que sa propre posture, ce qui demandera évidemment une excellente coordination pour réussir de jolis chronos !
En plus de tout cela Trials Rising inclut un mode Challenge inédit disponible une fois le niveau 24 atteint, qui vous demandera d’affronter successivement trois adversaires de plus en plus forts sur la même piste, en ne vous autorisant que trois erreurs de parcours. La bonne idée est qu’il ne s’agit pas là d’intelligences artificielles mais de joueurs dont la performance a été enregistrée par les serveurs du jeu : le fantôme affiché à l’écran vous permet de comprendre pourquoi vous perdez du temps le cas échéant, et donc de constamment améliorer votre run. Précisons que ces fantômes sont partagés par toutes les versions du jeu (PlayStation 4, Xbox One, Switch, PC), et qu’une victoire vous permettra de remporter une caisse de matos challenger dont les objets sont plus précieux que ceux des caisses de matos classiques.
Pour compléter le tout le jeu propose à nouveau un éditeur de pistes complet qui permettra aux plus inspirés d’entre vous de créer les tracés de leurs rêves, puis de les partager avec la communauté encore une fois sur toutes les plateformes concernées. Après avoir passé un moment sur ce sympathique outil il paraît évident que le combo clavier/souris des joueurs PC se montrera plus efficace que la DualShock 4 pour envisager un travail sérieux, mais les consoleux les plus acharnés sauront sans doute déjà l’exploiter pour réaliser de belles choses.
Techniquement abouti
Avec un gameplay si prenant et un contenu aussi étoffé, il aurait été dommage que Trials Rising se loupe sur sa réalisation. Heureusement il n’en est rien, et c’est une prestation de qualité qu’exécutent ci les développeurs de RedLynx : non seulement les thèmes des pistes sont variés et leur design réussi, mais en plus leur présentation est du même acabit avec une caméra dynamique qui met en valeur les décors fouillés, les effets spéciaux de toute beauté, les superbes jeux de lumière (quelques contrejours valent vraiment le détour) et les textures de bonne facture. Dommage que ces dernières mettent parfois une seconde à s’afficher au départ d’une épreuve ou dans les menus, et que le jeu par ailleurs extrêmement fluide avec ses 60 images/seconde souffre de micro-freezes rares mais souvent synonymes de crash inévitable : les passionnés du genre savent qu’une session de perfectionnement sur une piste donnée finit par ressembler à un jeu de rythme, et que le moindre décalage rend forcément caduques tous les automatismes acquis jusque-là !
Terminons avec un mot sur la bande son dont les effets sont comparables à ceux de ses prédécesseurs (cris du pilote, moteurs qui vrombissent et bruits liés à l’environnement), mais dont les musiques renvoient aux meilleurs moments des séries SSX ou Tony Hawk : les fans de hard rock et de heavy metal, dont votre serviteur, seront aux anges... les autres sans doute un peu moins !
Notre verdict
On aime
- Un contenu extrêmement riche
- Les pistes inspirées de lieux réels
- Des tracés toujours aussi bien conçus
- La moto en tandem
- Une bande son qui envoie du lourd
- L’éditeur de pistes
On n'aime pas
- La progression un tantinet fastidieuse
- Les épreuves du tutoriel liées au niveau
- Quelques micro-freezes
- L’affichage parfois tardif des textures
Belle surprise que ce Trials Rising dont on ne savait pas trop quoi attendre après le déjà très réussi Fusion et le trop exotique Blood Dragon. S’il est vrai que le gameplay n’a pas franchement évolué depuis ces deux titres, Rising s’impose indiscutablement comme l’opus le plus complet avec son nombre faramineux de pistes aux environnements variés, dont le design pointu demandera de longues heures d’entraînement pour espérer décrocher toutes les médailles de diamant. Les modes multijoueur et l’éditeur de piste allongeant encore la durée de vie déjà très confortable du jeu, les fans n’ont aucune raison de passer à côté s’ils peuvent s’accommoder d’un système de progression un poil lourd à notre goût, et de petites imperfections techniques suffisamment rares pour ne pas gâcher le plaisir.
Pouet
Eric
Ce qui est etonnant c'est qu'apparemment je suis le seul que ce systeme a gene: je n'ai trouve qu'un test anglo-saxon qui relevait aussi le probleme.
MeWa