Test Shadow of the Colossus

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PS4

Sorti en 2006 sur PlayStation 2 puis porté en 2011 sur PlayStation 3, le deuxième chef d’œuvre de Fumito Ueda et de sa Team ICO fera son grand retour sur PlayStation 4 le 7 février prochain. Mais contrairement à nombre d’anciens titres adaptés un peu facilement en se contentant de profiter de la puissance de la petite dernière de Sony pour offrir une meilleure résolution et une plus grande fluidité, Shadow of the Colossus a cette fois fait l’objet d’un remake complet signé Bluepoint Games qui fait entrer ce petit bijou vidéoludique dans une autre dimension.

Les joueurs de longue date se souviennent sans doute que le studio était déjà à l’origine de la version PS3 du jeu, dont les principales améliorations concernaient justement la résolution et le frame rate. Nous avions à l’époque pointé du doigt les modèles 3D pas ou peu retouchés depuis l’ère PS2, mais aussi et surtout le manque flagrant de détails dans les textures, apparemment reprises directement du jeu original. Rassurez-vous la prestation technique de cette version PS4 n’a rien à voir avec celle du portage PS3, son moteur ayant été intégralement redéveloppé afin de proposer un rendu que ne renieraient pas certains titres modernes. Mais avant de faire le point sur ces améliorations, il n’est peut-être pas inutile de rappeler pourquoi Shadow of the Colossus a marqué les esprits lors de sa sortie en 2006.

Une quête mystique

L’aventure s’ouvre sur l’arrivée dans un temple du jeune Wander chevauchant son étalon Agro avec dans les bras le corps inanimé d’une jeune fille. A peine a-t-il déposé la dépouille sur l’autel faisant face à une vaste prairie que d’inquiétantes silhouettes noires apparaissent : notre héros pointe vers elles son épée de laquelle émane une force surnaturelle, et elles s’évaporent comme par enchantement. La voix d’un mystérieux esprit baptisé Dormin résonne alors dans le temple : c’est lui que Wander était venu chercher afin qu’il redonne vie à la jeune fille sacrifiée. Un vœu qui ne pourra être exaucé que si le brave guerrier parvient à trouver et à détruire seize colosses cachés dans les environs du temple.


L’aire de jeu étant relativement vaste, la recherche des colosses elle-même peut constituer un défi de taille malgré l’aide précieuse de l’épée : il suffit en effet de la brandir pour qu’elle reflète les rayons du soleil et indique par un faisceau lumineux la direction générale du prochain monstre, mais le terrain accidenté oblige parfois à de grands détours avant d’enfin tomber sur la cible. Et si la majeure partie des déplacements s’accomplit en chevauchant Agro, il faut aussi parfois abandonner notre fidèle destrier pour atteindre puis affronter seul les imposants colosses.

Si ces derniers ont tous une taille démesurée par rapport à celle de Wander, ils présentent des morphologies très différentes et évoluent selon les cas au sol, dans l’eau ou dans les airs. Ceci étant, la méthode pour les battre reste toujours la même : identifier leurs points faibles, les atteindre, et les perforer de votre épée ou avec les flèches de votre arc. C’est souvent la deuxième étape qui se montre la plus délicate, puisqu’elle vous oblige d’abord à grimper sur le colosse : une manœuvre aisée pour les premiers adversaires, mais qui peut nécessiter un peu de réflexion pour les plus avancés (n’hésitez pas à vous servir de votre environnement et de votre arc !).

Une fois accroché au colosse, vous devez en atteindre les points faibles en escaladant son pelage et vous accrochant aux aspérités de son corps : il faut alors bien gérer votre barre d’endurance dont le niveau baisse rapidement dès que vous êtes suspendu dans le vide. Lâcher prise lorsque le monstre est calme et que vous êtes à la verticale est impératif pour récupérer un peu d’énergie, sans quoi vous vous épuisez avant d’atteindre votre but et finissez par tomber.

Histoire de vous faciliter la tâche contre les colosses les plus forts, vous pourrez explorer votre environnement afin d’y dénicher des fruits et des lézards spéciaux qui vous permettront d’améliorer respectivement vos jauges de vie et d’endurance. Des stèles sont aussi disséminées un peu partout au pied desquelles vous pourrez vous prosterner pour soigner vos blessures.

Sans trop en dire sur le scénario du jeu au cas où vous ne le connaîtriez pas encore, sachez qu’il joue clairement la carte de l’émotion avec une présence forte des sentiments de solitude et de mélancolie. Une ambiance franchement réussie et un gameplay atypique qui avaient déjà fait mouche en 2006, et qui se retrouvent aujourd’hui magnifiés grâce à une réalisation de haut vol.

Un écrin de toute beauté

Si comme indiqué plus haut le remaster PS3 sorti en 2011 dans la compilation Ico & Shadow of the Colossus Collection avait déjà permis d’améliorer la résolution (FullHD) et la fluidité (30fps stable) du jeu, le remake PS4 qui nous intéresse aujourd’hui va beaucoup plus loin dans sa revisite du rendu.

Sachez d’abord que toutes les données graphiques du jeu ont été recréées pour cette nouvelle version, à savoir les modèles 3D et les textures : les premiers comptent ainsi plus de polygones que par le passé et paraissent donc moins anguleux, tandis que les secondes offrent bien plus de détails et ne se transforment plus en bouillie de pixels au moindre gros plan. Tout en restant fidèle au jeu d’origine, cette nouvelle version propose des environnements nettement enrichis avec en premier lieu une végétation (arbres, herbes…) plus crédible, mais aussi des falaises aux flancs plus travaillés, ou encore des étendues d’eau et une fourrure des colosses mieux rendues. La gestion des ombres et de la lumière est évidemment elle aussi plus pointue, et donne plus de relief à l’ensemble. Autant dire que l’on redécouvre littéralement les environnements du jeu, et qu’il n’est pas rare, comme en 2006, que l’on s’arrête lors de nos chevauchées pour admirer le paysage.


Les développeurs de Bluepoint Games ont d’ailleurs intégré un mode Photo au jeu, activable à tout moment en appuyant sur la flèche bas de la croix directionnelle, qui vous permettra de régler une multitude de paramètres (champ de vision, inclinaison, cible, filtre, grain photo, luminosité, contraste, exposition, profondeur de champ…) avant de prendre le cliché de vos rêves.

Contrepartie logique à cette qualité nettement rehaussée du rendu, le jeu se contente sur une PS4 de base d’un affichage FullHD en 30fps, comme sur PS3. Les joueurs PS4 Pro pourront en revanche opter pour les modes Cinématique ou Performance : le premier affichera du 30fps en 4K si vous disposez de l’écran adéquat, ou du 30fps en 1080p rescalé à partir d’une image 1440p si vous ne disposez que d’un écran FullHD, tandis que le second affichera du 60fps en 1080p. Pour information c’est cette dernière option que nous avons préféré durant nos sessions de test. Au cas où vous vous poseriez la question, contrairement à son homologue PS3 de 2011 cette version PS4 du jeu n’offre pas de mode 3D pour les écrans compatibles.

Hormis sa superbe mise à niveau graphique, le remake PS4 offre différentes configurations pour les contrôles afin de rendre le jeu plus accessible pour les nouveaux venus. Il est vrai que la maniabilité n’était pas vraiment le point fort de l’original (et plus généralement des jeux de la Team ICO !), mais le remapping des boutons proposé ici ne suffira sans doute pas à convaincre l’ensemble des joueurs. A ce sujet précisons que la caméra reste parfois problématique lors de l’escalade des colosses, tout comme la détection des collisions à la jonction de leur pelage et des rebords en pierre. Rien de dramatique toutefois, le joueur finissant par s’habituer à ces petits défauts.

Côté bande son pas grand-chose à signaler puisque la performance est comparable à la version PS3 qui elle-même était dans la droite lignée de l’original sur PS2 : les chevauchées à dos d’Agro et vos déplacements à pied seront toujours accompagnés de bruitages d’ambiance renforçant l’impression d’être seul au monde, tandis que les combats contre les colosses et les cut-scenes vous permettront d’apprécier à leur juste valeur les splendides compositions de Kow Otani. Dans ce domaine, on voit mal comment Bluepoint Games aurait pu améliorer la performance de 2006 !

Notre verdict

On aime

  • Un rendu qui sublime l’expérience originale
  • Des musiques toujours aussi envoutantes
  • Un gameplay qui reste atypique aujourd’hui
  • Le sympathique mode Photo
  • Un incontournable du jeu vidéo

On n'aime pas

  • Pas de véritable nouveauté
  • La caméra peut encore poser problème
  • Les contrôles encore parfois capricieux
  • La disparition de la compatibilité avec les écrans 3D

Nos lecteurs les plus fidèles le savent, nous ne sommes pas les plus enthousiastes à la vue des légions d’anciens jeux portés plus ou moins intelligemment sur nos consoles modernes, et ce d’autant plus que de nombreuses adaptations se montrent paresseuses, vraisemblablement plus motivées par l’idée de vider notre porte-monnaie que par l’envie de titiller notre fibre nostalgique. Et pourtant ce Shadow of the Colossus version PS4 nous a séduits, ravis, enchantés. Evidemment nous connaissions déjà les tenants et les aboutissants de son scénario, toutes les ficelles permettant de vaincre les colosses, et la plupart de ses secrets plus ou moins bien cachés, mais le remake mis au point par Bluepoint Games pousse si loin ses améliorations dans la présentation du jeu que nous avons presque eu l’impression de redécouvrir l’œuvre de la Team ICO et de Fumito Ueda. Alors certes les vraies nouveautés sont sans doute un peu timides, et la caméra comme les contrôles restent peut-être sujets à caution, mais il s’agit là d’un incontournable du jeu vidéo présenté dans son plus bel écrin : que vous connaissiez ou non l’une des précédentes versions, vous devez absolument intégrer celle-ci à votre ludothèque !

Note finale : 9 / 10
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Ça va être génial

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