Test Ys Origin

Publié le par
PSV

Sorti au Japon en décembre 2006 uniquement sur PC, le préquel de la fameuse série Ys est finalement arrivé sur les consoles de Sony cette année grâce aux efforts de l'éditeur français DotEmu. D'abord lancé sur PlayStation 4 le 21 février dernier, l'action / RPG est disponible sur PlayStation Vita depuis le 30 mai pour 19,99€ avec option cross-buy. Faut-il le glisser dans toutes les poches ? Réponse dans ce test.

Au commencement

Pas aussi populaire que des séries mainstream comme Final Fantasy ou Dragon Quest alors qu'elle fête elle aussi ses 30 ans en 2017, la saga Ys poursuit son bonhomme de chemin avec deux épisodes cette année sur les machines de Sony. En attendant de voir débarquer Ys VIII : Lacrimosa of Dana à partir du 15 septembre prochain sur PlayStation 4 et PlayStation Vita (et trois jours plus tôt sur Steam), la saga de Falcom nous fait patienter avec un portage du préquel lancé il y a une décennie sur ordinateur. Cet épisode fondateur situé 700 ans avant le premier opus raconte comment une invasion démoniaque du royaume d'Ys a contraint les déesses locales à utiliser leur magie pour faire littéralement décoller leur île, et mettre ainsi ses habitants en sécurité dans les cieux. A l'instar de l'histoire biblique de la tour de Babel, les créatures bâtissent alors une immense tour pour mettre les humains à leur portée. Seul espoir de l'humanité, les déesses ont malheureusement disparu et sont supposées être prisonnières de cette tour infernale. On recherche un volontaire pour partir à leur secours, et c'est évidemment à vous que revient cette tâche cruciale. Tout ceci est expliqué dans une introduction en images de synthèse doublée dans un français à peine compréhensible, oscillant entre le vieux patois franchouillard et l'accent qu'on entend dans un restaurant vietnamien au moment de passer commande. Les sous-titres français sont heureusement là pour nous éclairer durant tout notre périple, ce qui est plutôt rare pour cette série. Les autres dialogues du jeu sont en anglais par défaut, et les musiques alternent le bon (des sonorités épiques) et le moins bon (de la musette).

Ys Origin laisse le choix entre deux protagonistes en début de partie. Côté féminin nous avons Yunica Tovah, une sorte de bûcheronne qui manie la hache avec une aisance insolente. Côté masculin nous avons Hugo Fact, le Harry Potter local adepte de la magie et qui n'a pas sa baguette dans sa poche. Chacun dispose de ses compétences propres et de son histoire afin d'inciter le chaland à boucler le jeu deux fois. Si vous le faites, vous serez récompensés par un troisième personnage jouable et donc une nouvelle aventure. Avec une dizaine d'heures de jeu par personnage, le titre pompera votre batterie pendant dix, vingt ou trente heures selon votre envie de creuser l'histoire de chacun ou de vous contenter d'une seule. Le but est ici de gravir chaque étage de la tour à la recherche des déesses Reah et Feena, en dégommant les ennemis et les boss intermédiaires qui croisent votre route. Pour ceux qui ne connaissent pas la série, elle s'apparente au genre action / RPG dans la lignée d'un Adventures of Mana avec des combats en temps réel, pas mal de passages de plateforme, quelques puzzles et une gestion de l'expérience simplifiée. Nettement plus orienté action que jeu de rôle en fait, Ys Origin est pour ainsi dire davantage un hack’and’slash où il faut enchaîner les coups et les victimes pour maximiser son multiplicateur d'expérience et progresser rapidement (on peut pratiquement doubler son XP en enchaînant bien). Les ennemis en éclatant laissent derrière eux des consommables capables de booster de manière temporaire nos caractéristiques ou notre gain d'expérience, si bien qu'on se jette sur ces petites sphères comme un affamé sur un buffet à volonté. Pas de point à répartir ici, la barre de vie et la puissance des attaques croissent automatiquement à chaque level pris. Des magies et attaques spéciales supplémentaires (des talents) viennent par la suite se greffer à l'éventail des combos pour tenir tête au bestiaire de plus en plus coriace à mesure des étages. L'ascension ne se fera pas la fleur au fusil, même si la présence de trois modes de difficulté (facile, normal, difficile) limite l'arrachage de cheveux en cas de mort subite. Avec son gameplay à l'ancienne, le jeu saute la case sauvegarde automatique et place ses checkpoints uniquement dans les mains des statues croisées généralement au début du palier (qui servent également à améliorer son stuff). En cas de game over on y retourne et on recommence la purge puisque les ennemis respawnent à chaque écran. Ce qui peut s'avérer intéressant pour l'expérience devient aussi gonflant quand on décide volontairement de se téléporter à une statue pour sauvegarder par prudence. Heureusement, lors des affrontements contre les boss, l'échec nous fait juste recommencer au début du combat.

Du challenge à chaque étage

Ce bon gros défouloir est facile d'accès et rapide à prendre en main. Quelques minutes suffisent pour assimiler la gestion du boost, les attaques simples, les sauts et la combinaison des trois pour passer certains gouffres plus larges. Une part importante du gameplay repose sur l'ouverture de portes et donc sur le moyen d'atteindre un socle sur lequel marcher, ou un coffre contenant une clé. Ensuite pour savoir quelle porte la clé ouvre, débrouillez-vous ! Le jeu n'est pas là pour vous prendre par la main ou vous faciliter la vie au point de zapper une carte des niveaux qui aurait été fort pratique. Une frustration qu'il faudra partager avec celle d'une difficulté bien réelle sur les étages supérieurs, même si ça fait sans doute aussi partie du plaisir. En revanche, on ne peut que dénoncer l'absence quasi-totale de quêtes secondaires et d’apartés récréatives à cette varappe d'intérieure. On nettoie les levels les uns après les autres, avec la même régularité qu'un facteur qui frappe aux portes des étages pour venir chercher ses étrennes. En conséquence de quoi les décors n'offrent pas le dépaysement ni la fantaisie qu'on est en droit d'attendre de ce type de jeux. Si vous comptiez visiter des mondes engloutis, des monts enneigés ou des forêts vierges, ce n'est pas la bonne crèmerie : ici c'est surtout pierre, sable et laves.


Graphiquement pourtant le jeu n'a rien de rebutant et le travail de remasterisation est très satisfaisant, plus fin, plus joli que la mouture initiale. Les sprites 2D sont kawaï, certains effets de lumière, arrière-plans et effets spéciaux en mettent même plein la vue sur la nomade. Ce portage PlayStation Vita s'en sort honorablement la plupart du temps mais accuse quelques ralentissements perceptibles lors des attaques les plus chargées des boss. La bonne nouvelle est que le jeu est cross-buy alors, pour 19,99€, vous pourrez aussi le faire sur PlayStation 4. La mauvaise est qu'il n'est pas cross-save alors vous devrez recommencer votre partie depuis le début. Il n'est pas possible de commencer son aventure sur la télé pour la poursuivre en extérieur et, comme Ys Origin n'est pas compatible avec la PlayStation TV, la ruse consistant à glisser sa carte mémoire dans le boîtier ou à télécharger le jeu sur les deux supports (PS Vita et PS TV) en reprenant sa sauvegarde via le cloud PlayStation Plus ne s'applique pas ici. Dommage.

Notons pour être exhaustifs que le jeu propose, après un premier run, un mode Time Attack où vous affrontez les boss avec un chronomètre pour intégrer un classement mondial, un mode Arena pour survivre à une succession de vagues d’ennemis et des trophées, évidemment. Ce préquel constitue une excellente mise en bouche pour découvrir cette série culte et permettra, pourquoi pas, d’enchaîner avec Ys I & II Chronicles, Ys : Memories of Celceta, Ys : The Oath in Felghana, et Ys Seven d’ores et déjà disponibles sur le PlayStation Store de la portable de Sony.

Notre verdict

On aime

  • De l’action nerveuse et soutenue
  • Les améliorations graphiques
  • Les sous-titres français
  • Plusieurs personnages jouables, plusieurs histoires
  • Cross-buy avec la version PS4

On n'aime pas

  • Pas de carte des niveaux
  • Des ralentissements contre les boss
  • Le système de sauvegarde manuel
  • Les décors souvent froids, vides et austères
  • Pas de cross-save ni de PlayStation TV

En bon spécialiste du rétrogaming, l'éditeur DotEmu signe avec cet Ys Origin un nouveau retour en grâce d'un oldie remis au goût du jour par une refonte graphique. Le format de poche sied parfaitement à cet action / RPG nerveux, lorgnant méchamment du côté du hack’and’slash même s'il atteint parfois ses limites en matière de fluidité ou de variété des décors et des situations. Il constitue néanmoins une mise en bouche idéale pour découvrir cette série avec des sous-titres français (fait plutôt rare) et pourquoi pas la poursuivre ensuite avec les autres épisodes sortis ou à venir.

Note finale : 7 / 10
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