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[Gui]

Reprise du message précédent :

Tu le sors d'où ton scénario où une augmentation des salaires entraînerait plus de démissions d'enseignants ?

[Halouf]

Tu le sors d'où ton scénario où une augmentation des salaires entraînerait plus de démissions d'enseignants ?

En effet je me pose la même question.

Les enseignants ne sont pas là pour résoudre le fond, mais y contribuer en faisant bien leur boulot dans de bonnes conditions. De bonnes conditions étant d'abord des moyens et un revenu à la hauteur du travail réalisé.
Un meilleur salaire est une amélioration, et d'ailleurs ils sont parfois dénigrés en raison de leurs faibles revenus. Je n'en vois pas beaucoup qui diront que ça ne va pas dans le bon sens.

[Alx]

Comme je le disais c’est un scénario typique en management, que j’ai pu observer bien des fois dans ma carrière. Un collaborateur se plaint que compte tenu de conditions de travail trop pénibles il devrait être augmenté, tu l’augmentes, et quelques mois plus tard il se rend compte qu’il est toujours aussi mal dans sa peau (forcément puisque le problème de base est toujours là), et que si l’argent n’a rien résolu alors autant se casser.
Encore une fois je ne dis pas qu’il ne faut pas augmenter les enseignants, mais que se focaliser dessus sans apporter de solution concrète au problème de fond peut être contre-productif. Et ça vaut sur les conditions de travail au sens large pas uniquement les salaires, tu peux bien filer des tableaux numériques et des séances de massage en salle des profs, à un moment ils se diront « à quoi bon si les parents me crachent toujours à la gueule et que les enfants écoutent plus tik tok que mes cours ? »

[Gui]

Ton collaborateur n'est pas dans ton entreprise par vocation et peut juste se barrer chez la concurrence. Je suis pas convaincu que l'analogie fonctionne bien avec les profs / instits.

[Bejita]

Il est évident que le manque d’engouement pour l’enseignement actuel, qu’importe son niveau, est multifactoriel.

La rémunération est un des problème, mais il l’est depuis de nombreuses décennies et ce n’est pas le facteur le plus représentatif actuellement, même si certains aiment bien le mettre sur le devant pour sciemment occulter d’autres problèmes sociétaux.

Les successions de crises, l’appauvrissement d’une frange de la population, l’ensauvagement de la société qui se manifeste à tous les niveaux fait l’effet d’une loupe dans le milieu éducatif ou il y a un brassage omniprésent de tout un pan de notre société.

Là ou il y a bien longtemps l’obtention du capeps était synonyme de réussite sociale et de respect des institutions…aujourd’hui le métier d’enseignant, devient comme pour les métiers de santé, infirmiers, aide-soignant… ou liés à l’intérieur comme la police…des professions de foi.

L’argent ne fait bien entendu pas tout, loin de là, le manque de respect d’une partie de la population pour ses derniers est encore et de loin, dés plus dommageable et insupportable.

L’éducation parentale à l’image de la société actuelle, se perd, se meure et entre les mesures successives d’un tout social d’idéalistes rêveurs et du tout autoritaire de nostalgiques d’un temps passé…on ne fait que naviguer à vue, ce qui est le meilleur moyen pour perdre toute notion de futur et de projection et donc d’une vision éclairée sur de possibles solutions.

L’éducation nationale n’a pas vocation à faire du social, elle doit être pragmatique… mais peut-elle encore l’être avec la société actuelle ? là ou tout sujet n’est plus sujet à débat, mais à polémique, là où la moindre constatation, reproche peut se transformer en attaque physique…il n’y a plus aucun lieu de sanctuarisé de nos jours.

Après il y a surement des solutions, mais elles risquent de grandement diviser nos sociétés et nos valeurs et entre ceux qui aiment vivre en se mettant la tête dans le trou et ceux qui souhaitent déjà pendre les armes…on n’avance pas. Il est toujours plus facile de diviser que de regrouper.

Et dire que nous vivons dans une société ou tout le monde peut avoir accès à la culture, à l’information…a des connaissances phénoménales à travers le monde en un clic et pourtant le monde n’a jamais été aussi con .
Enfin bon, c’est une époque merdique ou il va bien falloir que l’on se sorte un jour les doigts du rectum au lieu de toujours remettre un peu plus de poussière sous le tapis à chaque nouvelle élection, qu'importe le bord représenté

[Tonio_S]

Et l’appauvrissement des services publics (y compris mais pas seulement, les salaires) n’y est pour rien dans l’augmentation de la dévalorisation sociale des personnes qui y travaillent ?

Faut être de mauvaise foi pour pas y voir une relation de cause à effet sérieux

[Alx]

Ton collaborateur n'est pas dans ton entreprise par vocation et peut juste se barrer chez la concurrence. Je suis pas convaincu que l'analogie fonctionne bien avec les profs / instits.

Détrompe toi. Déjà en entreprise ce sont ceux qui sont les plus investis qui se font le plus de problèmes existentiels (assez classique en start-up où tu as des gens qui ont connu la boîte à ses débuts et ont contribué eux-mêmes à construire son identité). Ceux qui sont là pour le pognon ne se posent pas de question, ils iront voir ailleurs avant même de demander une augmentation.
D’un autre côté des démissions d’enseignants on nous en annonce en nombre en France, donc la vocation n’est pas non plus incompatible avec l’abandon.

[Tonio_S]

C'est fou de voir que y'a encore beaucoup de gens qui croient qu'importer le mode de gestion d'une entreprise privé dans le service public est une bonne idée (quand le service public n'est pas carrément vendu au privé) : et coucou les augmentations des subventions aux établissement scolaires privés, coucou les augmentations des subventions aux cliniques privées - avec un beau système (mondial - car même chose pour le FMI, la banque mondiale, etc.) basé sur la rentabilité qui oublie juste les différences entre secteur publique et secteur privé lucratif.

Et après on s'étonne, ça joue les effarouchés quand on parle de ségrégation sociale, on s'étonne de la non mixité et on trouve déplorable que les profs des ZEP ne soient pas respectées. Les pouvoirs publics détruisent le service public et viennent ensuite mettre sur le débat public que les institutions publiques ne sont plus respectées mais on marche sur la tête

[Alx]

Où est-ce que j’ai dit qu’il fallait gérer l’éducation nationale comme une entreprise privée ? Au contraire dans le privé quand ton personnel a des états d’âme il est plus simple de le laisser partir et de le remplacer, et le meilleur levier pour faire venir des gens plus motivés ou compétents c’est de leur proposer plus d’argent. Ce qui est exactement ce que vous suggérez, et exactement ce contre quoi j’émets des réserves parce que ça ne traite pas le sujet de fond. (Après si vous voulez vraiment en parler, on pourrait regarder le système allemand où les profs sont si mieux traités et payés apparemment, et qui effectivement ressemble beaucoup plus au privé où ce sont les profs qui envoient leurs CVs aux écoles où ils veulent enseigner)
Par contre ce que je dis c’est que public ou privé, on est tous humains et on réagit de la même façon aux insatisfactions de son métier. J’ai beau avoir essentiellement bossé dans le privé, j’échange énormément avec des proches qui sont dans le fonctionnariat et certains plus particulièrement dans l’enseignement, et dans les problèmes qu’ils me remontent on retrouve toujours les mêmes phénomènes. Faut arrêter de penser que le public et le privé sont des mondes qui n’ont rien à voir (et entre autres les clichés « dans le public ils ont tous la vocation, dans le privé ils bossent tous pour le pognon »), quand on est dans la RH on est sur des valeurs universelles.

[Halouf]

Encore une fois il ne faut pas attendre d'avoir résolu le fond pour résoudre une injustice telle que le salaire des enseignants.
Il n'a jamais été question de faire que cela pour sauver le système.
Et je rejoins Gui, dans le privé si cela ne va pas tu vas chez le voisin.

[Halouf]

Et la RH dans la fonction publique, c'est une blague, en sous effectif démentiel, incapable d'accompagner le personnel faute de levier et d'une administration pété.