Il y a une petite différence entre la satisfaction d'accomplir un travail de qualité et le jugement que tu portes sur le ressenti des gens. "On peut (et on doit) aimer le sentiment d'avoir été utile". Mais sérieux, on dirait un discours tout droit sorti des universités d'été du Medef (juste avant que l'auteur dudit discours annonce 500 suppressions de postes). C'est vrai que l'ouvrier/employé se sent super utile quand on lui fait comprendre qu'il est facilement remplaçable, par un robot ou par un mec bien moins payé que lui à l'autre bout du monde. C'est vrai que les AM/cadres se sentent très utiles quand ils se rendent compte qu'ils font du reporting à tour de bras sans trop savoir à quelle fin, si ce n'est établir des données qui serviront à optimiser une activité (comprendre réduire les coûts, généralement en supprimant des postes). Et ça c'est quand ils ne sont pas dans des bullshit jobs qu'on leur a vendus comme la panacée. A un moment donné, faut peut-être se demander pourquoi le nombre d'arrêts maladie, de burnouts, de pathologies professionnelles explose. On essore les gens, parce que les financiers ont pris le pouvoir dans la grande majorité des boîtes. Tu me fais marrer avec tes ouvriers. Va voir comment ça se passe, à tout hasard, dans les usines ArcelorMittal. Et sans aller jusque-là , observe le taux d'intérim dans l'industrie, tu verras comment sont considérés les ouvriers.
Pour revenir sur tes propos: "Qu'on me montre quelqu'un qui a attendu la retraite pour commencer sa vie et je verrai quelqu'un qui l'a ratée." Bah, qu'on me montre quelqu'un qui sort ça sans sourciller, et je verrai un énorme connard. Désolé pour la vulgarité.
TrickyKid a écrit : ↑mar. 11 oct. 2022 18:30
Le problème avec la sacro sainte valeur travail, c'est quand ton travail ne permet plus de vivre dignement. Et de ce côté, on a plutôt vu la droite/patronat œuvrer pour que les salaires stagnent, au contraire de la rémunération du capital
"Les maîtres sont en tout temps et partout dans une sorte de ligue tacite, mais constante et uniforme, pour ne pas élever les salaires au-dessus du taux actuel. [...] A la vérité, nous n'entendons jamais parler de cette ligue, parce qu'elle est l'état habituel [...]. Quelquefois les maîtres font entre eux des complots particuliers pour faire baisser au-dessous du taux habituel les salaires du travail. [...] Quand les ouvriers cèdent comme ils font quelquefois, sans résistance, quoiqu'ils sentent bien le coup et le sentent fort durement, personne n'en entend parler. Souvent, cependant, les ouvriers opposent à ces coalitions particulières une ligue défensive ; quelquefois aussi, [...] ils se coalisent de leur propre mouvement, pour élever le prix de leur travail [...]. Leurs ligues [...] sont toujours accompagnées d'une grande rumeur. Dans le dessein d'amener l'affaire à une prompte décision, ils ont toujours recours aux clameurs les plus emportées, et quelquefois ils se portent à la violence et aux derniers excès. Ils sont désespérés, et agissent avec l'extravagance et la fureur de gens au désespoir, réduits à l'alternative de mourir de faim ou d'arracher à leurs maîtres, par la terreur, la plus prompte condescendance à leurs demandes. Dans ces occasions, les maîtres ne crient pas moins haut de leur côté ; ils ne cessent de réclamer de toutes leurs forces l'autorité des magistrats civils, et l'exécution la plus rigoureuse de ces lois si sévères portées contre les ligues des ouvriers, domestiques et journaliers. En conséquence, il est rare que les ouvriers tirent aucun fruit de ces tentatives violentes et tumultueuses, qui, tant par l'intervention du magistrat civil que par la constance mieux soutenue des maîtres et la nécessité où sont la plupart des ouvriers de céder pour avoir leur subsistance du moment, n'aboutissent en général à rien autre chose qu'au châtiment ou à la ruine des chefs de l'émeute"
Ce gros gauchiste d'Adam Smith.