Test Watch_Dogs 2

Publié le par Eric
PS4

Deux ans et demi après la sortie du premier Watch_Dogs dont les différents trailers ont popularisé la notion de downgrade, Ubisoft transforme son coup d’essai en série et semble avoir retenu la leçon : les vidéos diffusées par l’éditeur sont tout à fait représentatives de ce que vous retrouverez sur vos machines, et le gameplay a été enrichi afin d’éviter une trop forte impression de « déjà-joué ». Ajoutez à cela un scénario sympathique s’appuyant sur des personnages attachants et multipliant les références à la culture geek, et vous obtenez un jeu qui ne devrait avoir aucun mal à trouver son public.

Au cas où vous auriez raté nos impressions sur le jeu publiées il y a quelques semaines, rappelons que celui-ci délaisse le héros du premier volet Aiden Pearce, resté dans la grisaille de Chicago, et vous propose d’incarner Marcus Holloway, un jeune hacker ayant choisi la baie de San Francisco comme terrain de jeu. Le fameux ctOS de la société Blume est passé à la version 2.0 et équipe désormais quasiment toutes les grandes villes des Etats-Unis : non content de placer sous surveillance l’ensemble de la population, il pousse le vice jusqu’à anticiper les crimes que chacun pourrait commettre façon Minority Report. C’est évidemment ce qui va arriver à notre héros et le pousser à rejoindre le groupe de hackers DedSec pour mettre fin à l’hégémonie de la multinationale dans sa ville.

Une écriture qui séduit

Une fois la mission d’introduction passée, vous faites la connaissance des autres membres du groupe : il y a là Sitara, meneuse et graphiste, Horatio, le coordinateur tactique, Josh, le génie autiste, et Wrench, le pur geek équipé d’un masque dont les yeux composés de LEDs permettent de connaître l’humeur. Avec des personnalités aussi marquées (à part peut-être celle d’Horatio), vous ne serez pas surpris d’apprendre que chacun de vos collègues vous confiera au cours de l’aventure différentes missions qui vous permettront d’en apprendre plus sur leur vie et leurs états d’âme. Un bon point pour les scénaristes qui rendent rapidement attachants ces hackers au grand cœur, grâce notamment à un humour omniprésent qui fait souvent mouche. Outre certaines répliques particulièrement savoureuses des nombreuses cut-scenes servant le scénario, on note de nombreux clins d’œil et autres références à la culture populaire. On citera en vrac Knight Rider (K2000 chez nous), l’Agence Tous Risques, et peut-être plus curieusement Mary Poppins !


Rassurez-vous ce revirement dans le ton du jeu par rapport à son prédécesseur ne nuit en rien au traitement du sujet principal de la série, à savoir le traitement de nos données personnelles par les grandes corporations. Sur ce point, on peut même dire que Watch_Dogs 2 va bien plus loin que le premier volet puisqu’outre la société Blume qui fait office de Big Brother, vous découvrirez les entités Nudle (Google) et Invite (FaceBook) qui n’ont rien à envier à la première en matière de pratiques répréhensibles. Le jeu ne se cantonne d’ailleurs pas à la haute technologie puisque vous aurez aussi droit à une attaque en règle de l’église New Dawn (Scientologie et consorts), et à d’autres organismes que nous vous laissons le soin de découvrir.

A ce stade, vous pourriez penser qu’Ubisoft s’est contenté de taper « facilement » sur les méga-firmes dont les dérives concernant la protection de la vie privée font régulièrement la une de nos journaux. Détrompez-vous, la critique des utilisateurs de ces services n’a pas été oubliée et Watch_Dogs 2 s’attache bel et bien à décrire par le menu les deux côtés d’une même pièce. La manœuvre était casse-gueule, l’exécution est réussie.

Priorité à l’exploration

Mais revenons-en au jeu à proprement parler qui cherche à se démarquer quelque peu des open worlds habituels dans sa structure : évidemment les quinze missions principales vous seront automatiquement données par vos collègues et nécessiteront d’être accomplies dans un ordre plus ou moins prédéfini (vous en aurez tout de même parfois deux ou trois disponibles simultanément), mais une bonne partie des vingt-deux missions secondaires ainsi que toutes les activités annexes ne vous seront révélées que par l’exploration de la baie de San Francisco. Car outre la ville elle-même qui occupe une bonne partie du centre de l’aire de jeu, vous aurez accès à sa banlieue avec au nord Marin que vous rejoindrez via le mythique Golden Gate, à l’est Oakland et au sud la Silicon Valley qui abrite la plupart des entreprises mentionnées plus haut. Sans oublier l’île d’Alcatraz que vous pourrez tenter de rallier à la nage mais qui sera plus rapidement atteinte en bateau ! C’est en sillonnant les routes de la région et en explorant ses moindres recoins que vous verrez peu à peu fleurir sur votre carte les icônes des différentes activités et autres missions secondaires.

En premier lieu vous trouverez des boutiques de vêtements qui vous permettront de parfaire votre look, des concessionnaires auto proposant différents bolides, et des prêteurs sur gages chez lesquels vous pourrez revendre les objets précieux trouvés durant vos pérégrinations, principalement en volant des voitures et en fouillant les boîtes à gants. Vous découvrirez par la suite plusieurs types de courses impliquant des drones, des karts, des motocross et même des voiliers ! Des icônes d’objets feront aussi leur apparition, vous permettant de localiser des valises pleines de billets, des points de recherche et des données clés qui vous permettront d’améliorer vos capacités (nous y reviendrons), des véhicules exclusifs et des peintures spéciales pour vos bolides : attention, bien que leur emplacement soit clairement défini, il vous faudra généralement pénétrer dans une zone bien gardée ou faire fonctionner vos méninges pour récupérer ces objets ! Enfin, vous trouverez des icônes permettant de lancer des missions secondaires en parlant à des personnages autres que vos amis de DedSec.

Vous l’aurez compris il y a de quoi faire dans Watch_Dogs 2, et nous ne vous avons même pas encore parlé des activités disponibles via certaines applications de votre smartphone :  Driver : SF vous permettra de vous prendre pour un chauffeur Uber, tandis que Scout X vous demandera de parcourir la ville pour prendre des photos de certains lieux et personnes icôniques. Si les missions principales peuvent sans doute être bouclées en moins de dix heures, vous pouvez facilement doubler la donne avec les missions secondaires et au moins la tripler avec toutes les activités annexes proposées. Cerise sur le gâteau les missions imaginées par les développeurs sont correctement scénarisées et découpées en plusieurs étapes logiques, le jeu évitant ainsi de donner l’impression de faire toujours la même chose sans réelle motivation. Encore un bon point !

Un gameplay approfondi

Pad en main on retrouve sans grande surprise la mécanique de jeu inaugurée par le premier volet, enrichie de quelques nouveautés bien sentie. Comme à Chicago vous alternerez phases de conduite, de puzzles, d’infiltration et de gunfights, et pourrez compter sur vos capacités de hacker pour vous faciliter la vie dans vos différentes missions. Au début de l’aventure, vous pourrez uniquement pirater les caméras pour repérer les menaces et trafiquer divers objets pour les attirer et les électrocuter, mais vous apprendrez par la suite à manipuler tous les dispositifs reliés au ctOS 2.0 de la ville : feux de signalisation, plaques d’égout, engins de chantier et autres robots de sécurité vous obéiront alors au doigt et à l’œil, et vous en arriverez même à pouvoir déplacer n’importe quel véhicule motorisé à distance. Pratique pour créer une diversion ou semer le chaos dans les rangs ennemis !

Mais les ajouts les plus intéressants sont sans doute le jumper, petit véhicule à deux roues capable de sauter, et le quadricoptère. Tous deux vous permettront de vous infiltrer dans des places fortes par les conduits de ventilation, et au choix d’atteindre votre objectif final ou de pirater le serveur gérant les portes afin d’entrer vous-même dans le bâtiment. Certains objets cachés nécessiteront même d’utiliser les deux appareils conjointement de manière assez astucieuse si vous souhaitez les récupérer, et vous pourrez aussi par la suite améliorer leurs capacités afin de vous aider à détecter les ennemis voire à les attaquer.

Avant d’en arriver là, vous devrez évidemment vous débrouiller avec vos capacités de base dont la vue NetHack qui vous permet toujours de repérer les ennemis et les objets avec lesquels vous pouvez interagir. Vous aurez d’ailleurs tout intérêt à privilégier l’infiltration pour ne faire parler vos armes qu’en dernier recours. Non pas que l’intelligence artificielle des ennemis se montre particulièrement brillante, ce serait même parfois plutôt le contraire, mais leur nombre et leur puissance de feu auront tôt fait de vous faire mordre la poussière ! Du côté de votre arsenal, l’imprimante 3D de DedSec vous permettra d’accéder aux classiques du genre moyennant une bonne liasse de billets verts. A noter pour les cœurs sensibles qu’il est possible de ne tuer aucun adversaire en utilisant uniquement le pistolet paralysant de Marcus.

Côté conduite vous ne serez pas surpris d’apprendre que nous sommes en présence d’un pilotage arcade similaire à celui proposé par le premier volet, quoique peut-être un peu plus précis, avec un nombre conséquent de véhicules différents aux poids et aux comportements correctement différenciés. Pour ce qui est des puzzles, le jeu de rétablissement de circuits inauguré par le premier opus fait ici son grand retour, avec quelques subtilités importantes : le circuit en question fait désormais partie intégrante du décor au lieu d’être affiché dans un environnement virtuel, et vous oblige donc la plupart du temps à passer d’une caméra à une autre pour visualiser et modifier ses différents nœuds. Ces derniers peuvent par ailleurs être munis d’une réinitialisation automatique et donc vous forcer à résoudre le puzzle en un temps limité.

Au fur et à mesure de l’accomplissement de vos missions, DedSec gagnera de plus en plus de followers qui agissent ici comme des points d’expérience : chaque nouveau palier franchi vous rapportera des points de recherche que vous pourrez dépenser pour améliorer vos capacités de hacker : piratage de véhicule, relationnel, perturbation, bricolage, adresse au tir, contrôle à distance et botnets (les cellules qui vous permettent d’utiliser vos différentes aptitudes) sont autant de catégories dans lesquelles vous pourrez vous perfectionner, avec pour chacune une douzaine d’améliorations disponibles. Si les premières sont peu coûteuses avec seulement deux points de recherche nécessaires à leur déblocage, les suivantes demanderont quatre puis six de ces points, les dernières nécessitant aussi les fameuses données clés évoquées plus haut et cachées sur la carte.

Des options en ligne amusantes

Comme son prédécesseur, Watch_Dogs 2 inclut des modes de jeu en ligne complètement intégrés à la campagne solo qui ont malheureusement dû être désactivés  ce week-end suite à de gros problèmes de ralentissements rapportés par de nombreux joueurs ayant pu mettre la main sur le jeu en avance. Nous avions pour notre part pu nous y essayer durant le hands-on d’octobre et avons même réussi à en profiter dans le courant de la semaine dernière, si bien que nous pouvons vous donner nos premières impressions sur le sujet. Que ceux d’entre vous qui comptaient en profiter dès demain se rassurent, Ubisoft a promis que tout rentrerait dans l’ordre pour le lancement officiel du jeu !

Si vous aviez parcouru le premier Watch_Dogs en long, en large et en travers, vous vous souvenez certainement du mode intrusion qui vous permettait de rejoindre la partie d’un autre joueur et de tenter de pirater ses données : une fois la manœuvre initiée, votre victime voyait un cercle apparaître sur sa carte indiquant la zone dans laquelle vous vous trouviez, charge à elle de vous localiser et de vous éliminer avant la fin du piratage. Sans surprise, ce sympathique mode est de retour et fonctionne exactement de la même manière.


Plus classique, le mode Coopération vous propose de vous lancer dans des missions annexes à deux. Bien que leur structure soit clairement pensée pour qu’elles soient accomplies en tandem, il est tout à fait possible quoique plus difficile d’atteindre votre objectif en solo. C’est d’ailleurs ce que le matchmaking vous proposera de faire s’il ne vous trouve pas de partenaire ! A noter qu’il est aussi possible d’explorer la ville à deux sans effectuer de mission particulière, et que des Evènements DedSec plus courts que les véritables missions peuvent se déclencher aléatoirement lors des sessions en coop.

Dernier mode proposé, Chasses à la Prime se déclenche lorsqu’un joueur commet une infraction et est pris en chasse par la police : jusqu’à trois autres joueurs peuvent alors se joindre aux forces de l’ordre pour arrêter le coupable qui n’a plus qu’à rapidement fuir les lieux du crime. N’ayant pu participer qu’à deux évènements du genre durant nos sessions de test, notre expérience est un peu légère dans le domaine, mais force est de reconnaître que dans les deux cas la traque de notre cible s’est montrée particulièrement intéressante !

Une réalisation en progrès

Après le mini-scandale des trailers de Watch_Dogs premier du nom, bien plus impressionnants que le jeu lui-même, Ubisoft était logiquement attendu au tournant pour la promotion de sa suite. Comme indiqué dans notre introduction, le produit final est fidèle aux vidéos diffusées jusqu’ici par l’éditeur : sans doute ont-elles été conçues à partir de séquences capturées sur PC, mais le rendu proposé par la PlayStation 4 n’en demeure pas moins réussi à plus d’un titre.

Il faut dire que la baie de San Francisco est d’emblée plus accueillante que le Chicago du premier volet : exit le béton à outrance trop souvent balayé par la pluie, et bonjour la ville colorée baignée d’un soleil prédominant ! L’ajout de zones non urbanisées joue également beaucoup, permettant littéralement de se mettre au vert (ou au bleu pour les fans de bateaux !) quand le besoin s’en fait sentir. La population a elle aussi bénéficié d’un lifting appréciable avec des tenues et des activités toujours plus variées qui donne littéralement vie à l’univers du jeu.

D’un point de vue strictement technique, on notera toutefois un aliasing très présent sur la version PS4 qui ne nous avait pourtant pas sauté aux yeux lors de notre hands-on il y a quelques semaines : sans doute est-ce dû au passage d’un écran PC de dimensions modestes à un téléviseur de 55 pouces ! Quelques rares ralentissements sont aussi à noter, tout comme l’apparition tardive d’objets lorsque Marcus file à grande vitesse en pleine ville. Autant de petits défauts presque totalement gommés dès que l’on passe sur PlayStation 4 Pro où l’affichage gagne logiquement en finesse (directement liée à la résolution si vous êtes en 4K et grâce au supersampling si vous êtes en 1080p), et où la fluidité est quasiment sans faille.

Côté sonore la prestation ne souffre aucun reproche, si ce n’est celui d’un mixage qui oblige à monter le son durant les cut-scenes par rapport au reste du jeu. Vous profiterez par ailleurs de nombreuses chansons pour égayer vos déplacements dans la baie de San Francisco, et aurez droit à des doublages français de qualité qui parviennent à conserver le punch des répliques originales.

Notre verdict

On aime

  • Le scénario bien écrit
  • Une bonne dose d’humour
  • Un contenu très riche
  • Une aire de jeu qui donne envie
  • Le jumper et le quadricoptère

On n'aime pas

  • L’intelligence artificielle pas toujours convaincante
  • Un aliasing assez prononcé sur la PS4 de base
  • Des modes online instables pour le moment

Comme il l’avait fait avec la franchise Assassin’s Creed en son temps, Ubisoft profite du second opus de Watch_Dogs pour reprendre les bonnes idées du premier volet, en ajouter de nouvelles, et gommer les défauts qui avaient été pointés du doigt par la critique et le public. Nous voilà donc en face d’un titre plus varié dans son gameplay, plus joli à regarder, et moins anxiogène grâce à un humour bien dosé qui n’élude toutefois pas le très sérieux sujet du traitement de vos données personnelles par les grandes multinationales. Dommage que l’intelligence artificielle connaisse toujours quelques errements parfois étonnants, et que la stabilité des modes en ligne pose question en cette veille de lancement.

Note finale : 8 / 10
Les commentaires

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