Il ne manque que les oreilles pointues
Le jeu vidéo sur smartphones et tablettes n'est pas tellement reconnu pour ses œuvres novatrices et originales (bien que la tendance s'inverse ces derniers temps), mais plutôt pour ses petits jeux à bas coût s'inspirant de succès bien connus. Entre le catalogue de Gameloft et certains titres Android qui bafouent le droit d'auteur sans vergogne, c'est un peu le paradis de la contrefaçon. Pas étonnant alors qu'au milieu des sous-GTA et des jeux de zombies nous tombions sur des action / RPG pompés sur The Legend of Zelda. Le meilleur représentant du genre est sans doute cet Oceanhorn - Monster of Uncharted Seas dont la réputation d'excellence lui a valu un premier portage sur PC avant de sortir sur PlayStation 4 et Xbox One le 7 septembre dernier.
Depuis cette date vous avez accès à une aventure trépidante dans la peau d’un jeune garçon sans nom ni oreilles pointues ni chapeau vert mais avec le même genre de tunique bleue que celle de Link dans le futur Breath of the Wild. Marqué par le départ soudain de son père pour affronter un monstre légendaire connu sous le nom d’Oceanhorn (le titre du jeu), ce gamin part à sa recherche et doit, pour l’atteindre, récupérer trois artefacts sacrés planqués sur des îles perdues. La bonne vieille quête initiatique du passage à l'âge adulte en voyageant d'île en île au gré des quêtes.
Le gameplay de Monster of Uncharted Seas se décompose en deux phases distinctes : d’une part l’exploration d’îles plus ou moins désertes en vue de dessus à la The Legend of Zelda : A Link to The Past (mais cette fois-ci en 3D isométrique) et d’autre part des passages de navigation en voilier en 3D libre. Ces moments en mer semblent tout droit sortis de l’épisode Wind Waker de la série de Nintendo, à la différence que les déplacements du bateau sont ici automatiques après avoir sélectionné sa destination sur une carte. Impossible de jouer les explorateurs, on se contentera de tirer sur des caisses perdues en mer pour en extraire le contenu. Le gros du jeu se déroule à pied sur des îlots civilisés (avec boutiques et civils) ou sauvages (avec monstres et énigmes).
Les îles habitées servent à se ravitailler, à dialoguer avec des PNJ pour récupérer auprès d'eux le nom de nouvelles terres à visiter - seul moyen de les faire apparaître sur la carte – et à remplir des défis facultatifs. En effet, chaque destination propose trois défis à remplir pour gagner de l'expérience supplémentaire (tuer des ennemis selon certaines conditions, lire des panneaux, trouver des objets….). La prise de niveau n'est ici pas synonyme de points à répartir dans différentes catégories mais améliore simplement un aspect précis de votre personnage comme le nombre d'objets maximum à porter, son endurance en course ou sa vitesse en mer.
Les îles sauvages quant à elles sont pleines d’ennemis à trucider, de coffres secrets et d’énigmes à base de mécanismes à actionner et de clés à récupérer. Évidemment, comme le veut la tradition du genre, certaines voies ou secrets ne sont pas accessibles lors de votre première visite et vous devrez revenir par la suite quand vous aurez récupéré l’objet clé adéquat : une bombe pour détruire une paroi fragile, des bottes spéciales ou un arc pour tirer sur des cibles. La présence d’une mini-carte en bas à droite de l'écran permettra de s'y retrouver plus facilement la prochaine fois.
Test de personnalité
Les passionnés de Link seront inévitablement en terrain connu. On retrouve le même système de points de vie à base de cœurs dont les fragments additionnels sont cachés dans le jeu, l'assignation d'objets sur un bouton de la manette visible en haut à droite de l'écran, les parties de pêche, les jarres à porter et à jeter, les arbustes à découper pour y trouver des pièces, les sorts magiques, les donjons et leurs boss qui demandent autant de réflexion que d'adresse et l'ouverture de coffres spéciaux à l'aide de clés maîtresses. Le level design est composé de différentes strates pour marquer le relief comme dans A Link Between Worlds sur Nintendo 3DS. Ainsi, comme notre bonhomme est incapable de sauter, il faut serpenter sur la carte pour atteindre le niveau supérieur de la zone sur laquelle on souhaite tomber ensuite. C'est à peu près le seul point qui nuit au plaisir de la découverte car des chemins qui semblent être à portée de pieds sont parfois en réalité hors d'atteinte pour le moment. Il ne faudra pas oublier d'y retourner plus tard, ce qui n'est pas évident puisqu'on ne peut ni agrandir la carte ni l'annoter. Seul un pourcentage d'accomplissement apparaît sur la carte du monde quand on pointe sur une île. En dessous de 100 % il reste des secrets à découvrir.
En copiant / collant une pointure comme Zelda, Oceanhorn est inévitablement un bon jeu d’action / aventure avec une pointe de RPG à défaut d’être une pépite incontournable. Toutes les conditions imposées par le cahier des charges sont remplies, la prise en main est immédiate et l’aventure tient sur une dizaine d'heures sans forcer, ce qui est excellent pour un prix affiché de moins de 15 euros. Les musiques sont de très bonnes factures grâce aux efforts de compositeurs reconnus comme Nobuo Uematsu (monsieur Final Fantasy) et Kenji Ito (monsieur Seiken Densetsu). Petit bémol sur la partie graphique qui n'explose pas la rétine avec une simple optimisation de ce que donne le titre sur iOS. Le jeu est toujours fluide (1080p et 60 fps), coloré, l'aliasing est absent, la représentation de l'eau est jolie mais les textures sont simples et les effets n'ont rien de spéciaux. En contrepartie le jeu a le mérite de ne pas squatter trop de place de votre disque dur puisqu'il prend à peine 500 mo avec doublages anglais et sous-titres français intégrés : il pourrait aisément tourner sur PlayStation Vita. Vraiment, la plus grande faiblesse de ce titre est son manque de personnalité. Toutes les situations semblent connues, déjà jouées ailleurs, en plus épiques et mieux scénarisées. Ici la prise de risque est minimale pour garantir un plaisir convenable à un prix compétitif. On ne peut pas demander à une copie d'être originale après tout !
WestDogg57
Vincent
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Eric
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