Éduquons, c’est une insulte ?
Dès les premières minutes, l'apparition du logo ARTE dans un jeu vidéo a de quoi interpeller, la chaîne franco-allemande n'étant pas réputée pour le caractère amusant de ses programmes mais pour ses contenus culturels. En partenariat avec Ex Nihilo et Audiogaming, cette œuvre atypique a pour vocation principale de nous distraire mais aussi d’accroître notre bagage culturel et notamment sur tout ce qui concerne la typographie et ses secrets. Ainsi, Type : Rider prend la forme d'un jeu de plateforme / puzzles en deux dimensions dans lequel le joueur-élève dirige deux petits points (« : ») sur une dizaine de niveaux allant de la préhistoire au pixel art des années 2000 en passant par l'imprimerie de Gutenberg. Une odyssée graphique où les traditionnelles plateformes, les élévateurs et les trappes sont (partiellement) remplacés par des lettres de différentes polices de caractère selon l'époque traversée.
L'évolution est chronologique, des traces de doigts sur les murs aux balbutiements de l'alphabet jusqu'aux abréviations et autres smileys. Les dix niveaux sont eux-mêmes scindés en quatre sections à parcourir jusqu'à la sortie et chacun d'entre eux contient des objets à collecter de manière facultative : les 26 lettres de l'alphabet, des esperluettes (le symbole &) et des astérisques. C'est l'obtention de ces étoiles qui débloque au fur et à mesure les fiches pédagogiques bourrées d'informations et d'anecdotes sur l'ère parcourue et les personnages importants rencontrés. Forcément, ce sont les items les plus faciles à collecter pour que même les joueurs du dimanche puissent avoir accès au savoir.
Récupérer les objets à collectionner rajoute un intérêt non négligeable à cette production française, et un challenge supplémentaire puisque certaines lettres bien planquées sont difficiles d'accès et réclament d'user de toute la panoplie du parfait plateformer pour les choper. Dans son genre, le jeu est aussi performant que la concurrence malgré l'absence de héros doté de bras et de jambes. Nos points savent sauter, rouler, planer dans les appels d'air, pousser des objets, s'appuyer sur des murs pour aller plus haut (des wall jumps) et profitent d'une physique réaliste comparable à celle d'une voiture dont la carrosserie serait invisible. Les puzzles à la complexité progressive demandent d'appuyer sur des dalles pour activer des mécanismes, de respecter un timing ou de pousser une boule blanche jusqu'à son alcôve. On ne peut pas vraiment parler de réflexion à ce stade mais juste d'un peu d'adresse supplémentaire. De quoi prendre du bon temps sans stresser, avec des checkpoints juste avant les points de chute et un nombre illimité de « continue ».
Deux points, deux mesures
L'habillage aide à se sentir bien avec des graphismes sobres au premier plan (des aplats noirs) et des illustrations en arrière-plan comme des peintures rupestres dans les grottes, des portraits, des œuvres d'art et des dessins. Les niveaux sont peu nombreux mais varient totalement selon la police exploitée : Gothic, Garamond, Didot, Clarendon, Times, Futura, Helvetica, Pixel et Comic Sans MS en niveau caché. Le dépaysement est aussi assuré par une musique douce qui nous accompagne pour rendre l'expérience zen et agréable.
Cette version PlayStation profite d'un mode contre-la-montre avec classement mondial en ligne sur les dix niveaux principaux. Après un premier run, les recommencer enclenche un chronomètre et affiche votre performance. A vous de faire mieux que les autres. Et si vous prenez goût à défier la montre, vous pourrez vous confronter au mode Speed Run également exclusif à cette version. Dix niveaux inédits reprenant les fonds précédents vous attendent avec un level-design orienté cette fois vers la vitesse et la précipitation. En vente pour 7,99€ et 7,19€ pour les membres du service PlayStation Plus, Type : Rider offre une leçon de courte durée (deux – trois heures environ) puisque les niveaux se bouclent généralement en 15 minutes. Un laps de temps idéal pour les parties nomades d'autant que le jeu est cross-buy entre la version de salon et la version portable. Sur PSVita il est d'ailleurs possible d'y jouer avec les sticks analogiques ou au doigt avec le pavé tactile arrière. Sur PlayStation 4 la détection de mouvements via le gyroscope est sollicitée en plus des habituels boutons. L'intention est louable mais, à mon humble avis, n'égale pas la précision des sticks analogiques.
WestDogg57
Vincent
WestDogg57