Test MilitAnt

Publié le par Vincent
PS4

Réputées pour être des insectes sociables et plus malins que la moyenne, les fourmis sont aussi de redoutables stratèges s’abaissant parfois à la violence quand leur colonie est menacée, par des termites dans le cas présent. Leur antre cache un précieux minerai du nom de crystalite qui attire la convoitise de voisins nuisibles, les mangeurs de bois étant rapidement épaulés par les coccinelles, les guêpes, les coléoptères, les araignées et les scorpions. Vous incarnez un brave soldat de la reine prêt à armer ses bras pour défendre les siens.

Crystalite, ça coule de source !

Le studio de développement Xibalba propose avec MilitAnt un shooter représenté en 2.5D avec une pointe de plateforme dedans. Le défilement majoritairement horizontal place notre fourmi face à des adversaires lui arrivant de face, dans son dos, au-dessus d’elle et en arrière-plan. Rapidement cernée, elle ne pourra compter que sur ses bras armés pour gagner la guerre à elle toute seule. L'insecte possède six pattes : deux sont réservées aux déplacements debout, deux sont armées d'épées pour attaquer au corps à corps et renvoyer les tirs ennemis (bouton Rond), et les deux restantes peuvent porter des flingues. L'aventure débute avec quatre pistolets basiques, un dans chaque patte (quelles pattes tiennent alors les épées ?), avec la possibilité de tirer avec deux armes en même temps ou par intermittence en pressant les boutons L2 et R2. Ces engins de mort surchauffant à une vitesse folle le bouton Triangle permet d'alterner entre les paires de bras le temps qu'ils refroidissent. Impossible de tirer avec les quatre armes simultanément donc, mais seulement avec deux en variant les combinaisons avec L1/R1 pour changer de pattes hautes / basses et gauches / droites.


Contrairement à la plupart des shooters qui ne reposent que sur un bouton de tir unique pour laisser le joueur se concentrer sur l'esquive et la visée, MilitAnt s’emmêle les pinceaux puisqu'il faut sans cesse jongler entre L2 et R2 pour les tirs, switcher avec Triangle toutes les cinq secondes pour les laisser au repos, orienter le stick analogique droit avec le pouce pour viser les ennemis arrivant dans toutes les directions - y compris dans le fond des décors et des airs – se déplacer avec le stick gauche et sauter pour éviter les tirs ennemis. Dans le feu de l'action il faut également garder un œil attentif en bas de l'écran sur la barre de surchauffe pour ne pas s’obstiner à tirer avec des armes hors d'usage, mais aussi et surtout sur les termites qui jouent le surnombre. La prise en main demande un temps d'adaptation et l'ergonomie aurait méritée d'être mieux pensée comme par exemple pour cette étrange décision d'avoir placé le bouton de saut sur la direction « haut » du stick gauche. L'option peut heureusement être retirée pour revenir au traditionnel bouton Croix.

La jouabilité étant un peu prise à défaut, la difficulté est plutôt élevée et le jeu ne conviendra pas au jeune public à qui l'ambiance « FourmiZ » semble l'adresser. La barre de vie s'épuise en quelques tirs, les ennemis nous prennent en sandwich et ne bronchent même pas lorsqu'on leur tire dessus. Ils ont beau essuyer des rafales, leur routine et leur placement restent les mêmes alors que notre héros est, lui, coupé net dans son élan (saut, rush, course, tir) dès qu'il se prend un pruneau. Un déséquilibre flagrant qui nuit au plaisir de blaster des petites bêtes, d'ailleurs pas toujours faciles à distinguer quand l'arrière-plan est chargé d’animations. L'intelligence artificielle est proche du néant, les soldats sortent juste de terre pour se dresser devant nous et tirer bêtement sans tenter d'éviter nos projectiles. Pour un titre dont le cœur du gameplay est le shoot, nous sommes à peine au minimum syndical en matière d'action à la troisième personne.

A bug's death

Exterminer la vermine, les boss et trouver des cachettes secrètes de crystalite nous octroie des ressources à dépenser ensuite dans l'armurerie entre deux niveaux. Une douzaine d'armes peut être achetée pour gagner en puissance de feu mais, allez savoir pourquoi, il est impossible d'acheter deux fois la même pour en tenir une dans chaque pogne (exceptés les flingues de base). Alors qu'on se serait bien vu avec une mitrailleuse dans chaque patte, il faudra se contenter d'une mitrailleuse et d'un fusil à pompe. N'espérez pas non plus une quelconque amélioration des pétoires, un achat d'armure ou une upgrade de la barre de vie, il n'y a rien de tout ça là-dedans. Le titre manque clairement de profondeur.

L'histoire tient sur un peu moins d'une dizaine de niveaux correspondant à autant de boss et d'ennemis massifs intermédiaires. Ces affrontements monstrueux constituent la partie la plus réjouissante du jeu, le reste étant assez plat, répétitif et sans surprise. Cinq heures environ sont nécessaires pour boucler l'aventure une première fois à condition de ne pas se décourager face à l'antijeu dont nous sommes en permanence la victime. Que le trip rétro avec une difficulté à l'ancienne soit voulu c'est une chose, mais quand la difficulté vient de problèmes de jouabilité et d'équilibrage de gameplay c'est doublement frustrant. Le challenge est suffisamment élevé pour bénéficier d'un classement en ligne afin de briller en société, et les checkpoints évitent de s'arracher les cheveux trop souvent.

Production multisupports oblige, MilitAnt exploite lui-aussi le moteur Unity. Enfin, sous-exploite devrions-nous dire tant le jeu fait peine à voir sur PlayStation 4. Les textures sont simples, les modélisations anguleuses et les effets spéciaux comme les tirs ou les explosions n'ont rien d'impressionnant. Les personnages sont entourés d'un fin trait de crayon blanc pour les distinguer des décors mais ce n'est pas brillant. Les ennemis explosent dans une gerbe verte du plus mauvais effet et la caméra s’éloigne parfois un peu trop pour bien voir son avatar. A dire vrai, on a plus l'impression de jouer à un jeu PS Vita tournant sur la PlayStation TV que sur la machine faisant tourner Uncharted 4 : A Thief's End. La partie sonore n'est pas en reste avec des doublages français surjoués et caricaturaux durant les cinématiques, et des musiques se voulant épiques un peu passe-partout dans les niveaux. Rien de transcendant dans l'ensemble ou qui dégage un capital sympathie significatif par rapport à ce qui existe déjà de mieux sur le marché.

Notre verdict

On aime

  • Cross-buy et cross-save PS4, PS3, PS Vita
  • Des boss à gogo
  • Traverser un monde miniature

On n'aime pas

  • Maniabilité à revoir
  • Intelligence artificielle absente
  • Difficile et frustrant
  • Graphiquement moche
  • Impossible d'avoir la même arme dans chaque main
  • Les armes qui surchauffent trop rapidement
  • La version PS Vita en retard (si elle sort)

L'envie de prendre en main le destin d'une colonie de fourmis en contrôlant l'un de ses congénères armé jusqu'aux mandibules avait de quoi déclencher l'enthousiasme, mais le résultat est à peine moyen en raison d'une maniabilité délicate, d'une difficulté frustrante et d'une réalisation faiblarde. L'action est basique, monotone, déséquilibrée et peu flatteuse à l’œil alors inutile de s'attarder dessus plus longtemps même si les boss apportent leur lot de challenge. Une démo jouable est disponible sur le PlayStation Store pour vous faire votre propre idée mais vous me donnerez sans doute raison.

Note finale : 4 / 10
Les commentaires

Aucun commentaire pour le moment. Soyez le premier à donner votre avis !


Jeux concernés

Publicité