Vous êtes Zeabolos, le troisième Great Overlord de l’Underworld et donc petit-fils de Satan premier du nom. Depuis toujours la guerre fait rage entre vos démons et les anges du paradis, mais c’est une menace d’origine inconnue qui se profile à l’entrée de votre royaume au début du jeu. Puisqu’aucun de vos Overlords n’est disponible pour la combattre, c’est votre frère Astaroth qui décide de régler le problème. Malheureusement pour lui il tombe sur Trillion le dieu de la Destruction, venu pour raser l’Underworld comme il a déjà tenté de le faire par le passé : le combat est inégal et Astaroth est vaincu en seulement quelques secondes.
Un travail de longue haleine
Ivre de colère, vous décidez de vous rendre sur place pour venger la mort de votre frère, mais parvenez à peine à entamer l’immense réserve de points de vie de votre ennemi avant d’être balayé par ses attaques dévastatrices. Alors que vous allez passer de vie à trépas, une force mystérieuse vous arrache des ténèbres et une douce voix féminine vous propose un contrat : elle vous sauvera et vous aidera à battre Trillion si vous lui cédez votre âme une fois la victoire acquise. Vos choix étant plutôt limités à cet instant précis, vous acceptez.
Ce n’est que quelques heures plus tard, lorsque vous émergez d’un profond sommeil, que vous pouvez enfin mettre un visage sur la voix entendue plus tôt : c’est celui d’une jolie jeune fille nécromancienne de son état baptisée Faust - l’ironie des scénaristes qui demandent au diable de vendre son âme n’échappera pas aux littéraires ! Celle-ci a tenu parole en vous maintenant en vie, mais l’opération a nécessité de tels travaux sur votre corps martyrisé que celui-ci ne sera plus jamais apte au combat : ce sont donc vos Overlords qui devront affronter Trillion, et ce malgré leur manque d’expérience et de puissance. La meilleure option consiste à les entraîner de manière intensive durant les périodes de répit accordées par le monstre, celui-ci ayant besoin de se reposer entre deux percées dans les différentes zones de l’Underworld. Petite subtilité qui a son importance : vous ne pourrez envoyer qu’un Overlord à la fois au charbon, la faute à une toxine relâchée dans l’air par Trillion et contre laquelle la seule protection connue est un anneau unique au monde fabriqué par Faust.
Entrent alors en scènes six Overlords de sexe féminin, chacune symbolisant l’un des péchés capitaux : Perpell pour la gourmandise, Mammon pour l’avarice, Levia pour l’envie, Fegor pour la paresse, Ashmedia pour la luxure et Ruche pour l’orgueil. Vous sélectionnerez l’une des trois premières pour démarrer l’aventure, et découvrirez alors la routine censée vous mener à la victoire contre Trillion. Pour faire simple, vous aurez un certain nombre de cycles disponibles entre deux combats contre votre ennemi, chacun étant composé de sept jours. Pour chacun de ces jours, vous pourrez accomplir une action telle que vous entrainer ou vous reposer.
Un système de jeu complexe
Dans le premier cas, il vous faudra choisir l’un des six exercices disponibles qui vous fera travailler un aspect spécifique de vos talents (force, mana, sorts, réflexes, charme et goût) et vous rapportera donc un maximum de points d’expérience dans la discipline visée. Ces points pourront par la suite être convertis en amélioration de vos statistiques (points de vie, points de magie, attaque, défense, intelligence, résistance, vitesse et limite de commandement), ou bien en capacités passives ou actives bien utiles sur le champ de bataille. Sachez toutefois que la quantité de points d’expérience récupérée n’est pas liée à vos performances console en main mais à l’état de fatigue de votre Overlord et au nombre de vos partenaires venus la soutenir durant l’exercice (il y en a de 0 à 3, symbolisés par de petite icônes sur l’écran de sélection de l’activité). En fonction de ces paramètres, vous recevrez pour chaque exercice une appréciation Excellent, Great, Good ou Poor qui dictera le nombre de points reçus. Evidemment chaque activité ainsi pratiquée fatigue votre Overlord qui devient logiquement de moins en moins performante au fil des jours : non seulement elle récupère moins de points d’expérience, mais elle peut même se blesser si vous forcez trop la cadence, l’obligeant à faire l’impasse sur l’entraînement pendant quelques précieux jours. D’où l’intérêt de se reposer régulièrement !
La méthode la plus directe pour réduire votre jauge de fatigue consiste tout simplement à dormir toute une journée : votre protégée ne gagne évidemment aucune expérience dans la manœuvre mais pourra redémarrer son entraînement en pleine forme dès le lendemain. C’est le meilleur moyen d’obtenir un grade Excellent pour peu que quelques soutiens soient présents à la séance, d’autant qu’accumuler trois mentions Excellent au fil de vos entraînements déclenchera le Fever Time qui vous garantit d’obtenir le grade maximum durant les sept jours suivants et donc de faire le plein de points d’expérience. Le second moyen de reposer votre Ovelord consiste à interagir avec elle : en tant que Zeabolos, vous passerez ainsi du temps avec la jeune fille ce qui non seulement réduira quelque peu sa fatigue mais aussi et surtout renforcera vos liens en lui octroyant des points d’affection. Ces derniers remplacent avantageusement les classiques points de vie et points de mana une fois sur le champ de bataille : tant que votre jauge d’affection n’est pas vide, tous les dégâts reçus et toutes les actions accomplies puisent en elle au lieu d’affecter vos jauges de vie et de magie. Dernière option pour réduire votre fatigue, vous pouvez décider de solliciter les habitants de l’Underworld pour qu’ils contribuent à votre effort de guerre (même en Enfer, l’argent est roi !) : le repos sera léger mais vos caisses seront quelque peu renflouées.
Que vous choisissiez de vous entraîner ou de vous reposer, vous passerez ensuite au jour suivant et recommencerez votre petite routine jusqu’à la fin du cycle en cours. Il existe toutefois plusieurs actions secondaires que vous pouvez effectuer une ou plusieurs fois par jour, à commencer par l’Underworld Prize qui vous propose d’échanger les tokens remportés à la fin de chaque journée contre un prix aléatoire : celui-ci prendra la forme d’un objet souvent délirant que vous pourrez par la suite offrir à votre Overlord du moment afin d’améliorer encore votre relation, symbolisée en haut à droite de l’écran par un pourcentage inscrit dans un cœur. Attention toutefois à bien choisir votre cadeau parmi les objets en votre possession car certains présents pourraient avoir un effet contraire à celui escompté ! Sans entrer dans les détails, nous vous conseillons autant que possible de monter votre relation avec vos Overlord jusqu’à 100% : non seulement vous en apprendrez plus sur leur histoire, mais il se peut aussi que la manœuvre soit salvatrice dans votre combat face à Trillion…
Autre activité annexe de l’aventure, la Valley of Swords vous propose de visiter des labyrinthes peuplés de monstres et abritant de nombreux coffres renfermant or, potions et équipements. Vous devrez dépenser cinq Training Medals pour plonger dans l’un de ces dédales (vous en récoltez une par session d’entraînement), et aurez alors un nombre donné d’actions (mouvements ou attaques) pour atteindre la sortie et ainsi conserver votre butin. Si vous mourez ou n’atteignez pas l’objectif dans la limite fixée, vous aurez dépensé vos médailles en vain ! Nous ne saurions trop vous conseiller la prudence lorsque vous vous aventurez dans cette section du jeu en début de partie car, si les récompenses sont généreuses, les dangers peuvent parfois surprendre.
Outre l’amélioration des capacités de votre Overlord au travers de la conversion de points d’expérience, vous aurez la possibilité de rendre visite à Faust dans son laboratoire de recherche où vous pourrez dépenser votre or pour acheter différents items et équipements : potions de vie ou de mana, antidotes divers et variés, boosts temporaires de telle ou telle capacité, casques, gants et amulettes sont autant d’objets sur lesquels vous pourrez jeter votre dévolu. Vous pourrez aussi engager des Devil Envoys, petites créatures qui vous assisteront sur le champ de bataille. Attention toutefois, il faudra non seulement beaucoup d’or mais aussi avoir suffisamment développé votre limite de commandement (CAP sur l’écran des statistiques) pour bénéficier de l’aide des créatures les plus puissantes (jusqu’à cinq d’entre elles peuvent être à vos côtés). Faust vous permettra aussi d’acquérir différents sceaux à fusionner sur votre arme chez le forgeron, ce dernier pouvant par ailleurs augmenter la puissance de votre arme moyennant, là encore, de grosses quantités de pièces d’or.
Un combat perdu d’avance ?
Mais revenons-en au déroulement de l’aventure et à ces cycles de sept jours qui s’écoulent inexorablement pour nous amener au prochain affrontement contre Trillion. Sachez qu’avant de combattre le monstre lui-même, vous aurez l’occasion de vous entraîner contre un mannequin de bois conçu par Faust et baptisé Mokujin : mois bien doté en points de vie que son modèle, il en copie néanmoins les déplacements et les attaques pour que vous puissiez vous préparer au mieux au véritable combat.
Que vous partiez en exploration dans la Valley of Swords ou que vous combattiez Mokujin, Trillion ou d’autres Overlords (vos partenaires vous offriront elles aussi de temps à autre une petite séance d’entraînement !), le système de combat est identique : l’aire de jeu est en réalité un damier sur lequel vous pouvez vous déplacer de case en case (dans les directions principales ou en diagonale), et lancer vos attaques physiques ou magiques (les capacités actives mentionnées plus haut) lorsque les ennemis sont à portée. Le tout se déroule au tour par tour, chaque personnage (vous comme vos ennemis) ayant plus ou moins d’opportunités d’action en fonction de sa caractéristique de vitesse (SPD) : il est fortement conseillé de la monter en priorité pour espérer placer des attaques contre Trillion avant que celui-ci ne déchaîne sa fureur ! Heureusement ce dernier vous « avertit » de ses prochains coups par l’intermédiaire d’un code couleur sur les cases de l’aire de jeu : une case blanche indique que l’attaque est encore lointaine, tandis qu’une case rouge signifie qu’elle tombera au prochain tour, les couleurs jaune et orange servant d’intermédiaire. Vous devez donc surveiller la couleur de votre case et de celles qui vous entourent, pour frapper jusqu’au dernier moment et vous déplacer juste avant d’encaisser un coup de l’ennemi. Pour vous aider, certaines capacités actives permettent de se déplacer plus rapidement en sautant directement sur une case éloignée, mais encore faut-il que vous soyez correctement positionné au départ : se focaliser sur Trillion en oubliant de vérifier l’état des cases alentours peut très vite conduire au désastre, sans compter que le monstre appelle régulièrement des ennemis de base en renfort pour vous compliquer la tâche.
Comme si tout cela ne suffisait pas, les combats contre Trillion ne peuvent durer éternellement : la zone de combat est en réalité un large couloir dans lequel votre ennemi avance inexorablement jusqu’à atteindre une limite à partir de laquelle l’affrontement est considéré comme perdu. Le monstre peut alors poursuivre sa percée dans l’Underworld en détruisant progressivement ses différents secteurs. A vous de lui occasionner le maximum de dégâts dans le temps qui vous est imparti afin de freiner sa progression.
Vous l’aurez compris les combats contre Trillion et ses mille milliards de points de vie n’auront rien d’une promenade de santé, et vous devrez tôt ou tard assister à la mort de votre Overlord : un évènement que vous vivrez vraisemblablement dès votre premier combat le monstre, mais qui peut être quelque peu repoussé en fonction de la tactique adoptée. Il est en effet possible de quitter le combat avant de mourir, ou de survivre à la rencontre si Trillion parvient à atteindre la limite évoquée plus haut, ce qui permettra à votre Overlord de recommencer son entraînement en espérant faire mieux la fois suivante. Le hic, c’est que chacune des jeunes filles n’a droit en tout et pour tout qu’à trois essais avant d’être obligée de se sacrifier… Qu’elle meure prématurément ou qu’elle atteigne la fin du troisième combat, elle aura la possibilité d’effectuer une ultime manœuvre avant de disparaître et de céder sa place à la candidate suivante : Final Strike causera de gros dommages à Trillion, Part Seal inhibera une partie de son corps (torse, main gauche, main droite ou queue), Dark Revival permettra à votre Overlord de revenir sous la forme d’un fantôme capable d’aider son successeur, Demon Barrier prolongera la période de sommeil suivante de Trillion et Fortification rendra plus forte la prochaine Overlord.
Des sentiments mis à mal
Cela paraîtra sans doute curieux aux vieux routards du jeu vidéo dont votre serviteur prétend faire partie, mais la mort de vos Overlord dans Trillion : God of Destruction se vit comme un réel déchirement. Il faut dire que les développeurs de Compile Heart ont cette fois versé dans le sadisme en créant six jeunes filles particulièrement attachantes et en vous poussant à vous en occuper durant de longues heures avant de vous les arracher sans que vous ne puissiez y faire quoi que ce soit : comprenez-le bien, le postulat de base du jeu est que vos Overlords doivent mourir, et il est quasiment impossible de battre Trillion sans passer par la case du New Game+.
Rassurez-vous, vous n’aurez pas à repartir de zéro avec chaque nouvelle Overlord prise en main puisque le fameux anneau évoqué plus haut (qui vous protège des miasmes du monstre) permettra de récupérer une partie des points d’expérience de la dernière jeune fille tombée au combat afin de booster la suivante. Il y a malgré tout de fortes chances que le mécanisme ne suffise pas à vous permettre de battre votre ennemi lors de votre premier run, d’autant que celui-ci prendra un malin plaisir à changer de forme et de schéma d’attaque lorsque vous aurez suffisamment entamé son capital de points de vie !
Un aspect technique secondaire
Malgré tout le bien que l’on pense de l’aventure proposée par le jeu de Compile Heart, il faut reconnaître que sa performance technique ne rend pas spécialement honneur à la portable de Sony : vous passerez une bonne partie du temps dans des menus certes lisibles mais aussi très statiques, dans lesquels des personnages en 2D enchaîneront des dialogues parfois très longs (on peut heureusement les accélérer et même les passer), et le moteur 3D utilisé pour les combats n’a rien de folichon. La modélisation des personnages est relativement sommaire, les textures assez basiques, et seuls les effets spéciaux liés aux sorts tirent quelque peu leur épingle du jeu. Bref, il est préférable de s’intéresser au système de jeu du titre plutôt qu’à sa prestation graphique.
L’autre problème potentiel pour les joueurs de l’hexagone est que Trillion : God of Destruction fait l’impasse sur la langue de Molière à l’exception de son manuel en ligne. Vous aurez donc le choix pour les dialogues entre la VO japonaise et les doublages anglais, tandis que les textes seront eux invariablement dans la langue de Shakespeare.
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