Test Final Fantasy Tactics - The Ivalice Chronicles

Publié le par Vincent
PS5

Jeu culte de la mythique première PlayStation, Final Fantasy Tactics est sorti en 1997 au Japon et aux États-Unis mais pas en France où il est resté inédit jusqu’à sa ressortie dix ans plus tard sur la PlayStation Portable avec le sous-titre The War of the Lion. En 2025, ce classique du jeu de rôle tactique bénéficie d’une remasterisation enfin traduite en français à retrouver dès maintenant sur PlayStation 5 et PlayStation 4. Il était temps !

Eric et Ramza

Cette remasterisation sortie le 30 septembre dernier est accompagnée du sous-titre The Ivalice Chronicles. Si ce nom vous dit quelque chose c’est normal, il s’agit du monde imaginaire dans lequel se situent également les incontournables Vagrant Story (PSone) et Final Fantasy XII (PS2). Ce n’est pas anodin, puisqu’on reconnaît immédiatement la patte graphique du character design et les musiques aux sonorités très proches de ces deux hits sortis chronologiquement avant FF Tactics pour nous-autres européens, mais après pour le reste du monde. Retrouver un univers connu est appréciable et gage de qualité vu l’aura d’excellence qui entoure cet univers.

Ce territoire imaginaire typé médiéval-fantasy où cohabitent humains, monstres, magie et chocobos, se remet doucement d’une guerre entre deux familles nobles qui lorgnaient sur le trône du royaume laissé vacant après la mort du roi Omdolia. D’un côté le Lion Noir du prince Goltana, de l’autre le Lion Blanc du prince Larg, soit la fameuse Guerre des Lions de la version PSP. Notre histoire débute par une cinématique d’introduction comme sait si bien en faire Square-Enix. On y suit un groupe de chevaliers sur leurs montures prenant la direction du monastère d’Orbonne pour y enlever la princesse Ovelia, fille adoptive du défunt roi Omdolia, afin de faire pression sur l’accession au trône. Notre protagoniste, Ramza Beoulve, n’a rien pu faire pour empêcher cela et aperçoit son vieil ami Delita Hyral être l’auteur du kidnapping. Le scénario de Yasumi Matsuno, plein de rebondissements et mélangeant présent et passé est un modèle intemporel de densité et de justesse narrative. Attendez-vous à suivre une chronique passionnante digne de grandes épopées à la Game of Thrones.

Comme son nom l’indique, ce Final Fantasy Tactics n’est pas un épisode traditionnel façon J-RPG mais un jeu de rôle tactique, un tactital-RPG comme on dit, et même un des meilleurs représentants du genre. Le cahier des charges est scrupuleusement respecté : placer initialement jusqu’à cinq personnages sur les cases d’un plateau en 3D isométrique orientable par quart de tour, puis déplacer à nouveau ces héros sur un damier, utiliser nos points d’action en attaque, utilisation de magie, d’objets ou d’invocations, laisser jouer l’ordinateur à son tour et recommencer jusqu’à l’élimination totale des ennemis. Les affrontements se font au tour par tour, comme une partie d’échecs durant laquelle on bougerait plusieurs de nos pions à la fois. Il est possible d’accélérer le temps lors du tour adverse pour aller plus vite, et même de passer les combats de nos alliés en mode automatique pour les laisser s’auto-gérer (leur dire d’attaquer hardiment une cible, protéger un perso, sauver un allié ou détaler comme un lapin). Contrairement à d’autres titres du genre, les probabilités de succès de nos attaques sont visibles avant de les lancer, ce qui détermine notre stratégie, au même titre que le placement de nos troupes en tenant compte de la topographie des décors. Chaque succès est récompensé de points d’expérience automatiquement investis dans l’obtention de nouvelles compétences selon la classe de nos soldats. Une vingtaine de métiers (écuyer, archer, apothicaire, mage, invocateur…) permettent de spécialiser nos personnages, bien qu’il soit toujours possible de les reconvertir durant l’aventure au gré de vos envies. Rien n’est irréversible, à part la date de naissance de nos bidasses et leurs affinités zodiacales qui en découlent (avec un système de bonus – malus selon le signe de l’opposant). Ah si, la mort de nos compagnons peut aussi être définitive si vous ne leur lâchez pas une queue de phénix dans les temps. Ce serait dommage de monter une armée et de la décimer petit à petit par négligence.


Entre les escarmouches, l’histoire progresse par l’intermédiaire d’une mappemonde en 2D à traverser d’un point à l’autre, au gré de petits combats additionnels durant notre voyage. Ces affrontements peuvent être évités ou provoqués pour se faire de l’expérience. Les villes abritent des tavernes où tailler le bout de gras avec les locaux, des échoppes où commercer (achats, ventes, essayages) et des guildes pour recruter de nouveaux mercenaires. Le mode exploration donne aussi accès au menu pause où trifouiller dans sa formation (équipements, classe, ensembles préréglé), faire l’inventaire de ses armes, armures et consommables et lire les chroniques sur l’univers, la chronographie, l’histoire d’Ivalice, les leçons stratégiques, un manuel militaire et les distinctions académiques. Le contenu scénaristique du jeu est encyclopédique, avec un lore touffu et une histoire avec un grand H s’étalant sur plusieurs décennies. C’est un voyage dont vous vous souviendrez durant longtemps.

28 ans plus tard

Cette remasterisation part sur les bonnes bases établies par la version PlayStation Portable (les cinématiques) auxquelles s’ajoutent des excellents doublages anglais / japonais et pour la première fois des sous-titres français et allemand. On a même le droit au mouvement des lèvres sur les visages des orateurs dans leurs bulles de dialogues. La réalisation graphique a été lissée, tant pour les textures des décors en 3D polygonales que pour les personnages en sprites 2D. L’ensemble est forcément moins pixélisé que par le passé mais le travail sur l’esthétique aurait pu être plus significatif, par exemple en introduisant de la transparence sur les dénivelés et les bâtiments qui cachent clairement la vue des cases sur lesquelles atterrir. Ce n’est pas normal de devoir systématiquement avoir recours à la vue aérienne pour visualiser le damier, car le décor devient un obstacle et ce, même en modifiant l’angle de caméra qui pivote d’un quart de cercle à chaque fois. Une caméra totalement libre avec possibilité de vraiment zoomer / dézoomer aurait pu être une idée… On a bien la présence d’un léger grossissement x2 mais ça reste très limité. En terme purement visuel, nous n’aurions également pas dit non à de vrais fonds travaillés au lieu d’avoir des dioramas en suspension sur des fonds bleus ou verts. Les limites techniques de la PlayStation n’ont plus lieu d’exister 28 ans sur tard. Et cela va sans dire, pas de mode performance, pas de mode graphique et encore moins d’optimisation PS5 Pro ici. Le jeu étant également lancé sur PS4, il tourne pareil sur tous les supports, sans les ralentissements qui entachaient la mouture PSP dans les années 2000.

En plus des doublages bienvenus, la partie sonore fait la part belle aux sonorités de Hitoshi Sakimoto et Masaharu Iwata, le premier œuvrera plus tard sur les musiques mémorables de Vagrant Story. Des mélodies orchestrales parfois religieuses, souvent épiques, et toujours excellentes. La prise en main et la jouabilité ont été améliorées pour un meilleur confort de jeu, avec des commandes visibles à l’écran, des tutoriels très didactiques réguliers et trois modes de difficulté (mode histoire, standard, tactique) pour le rendre accessible aussi aux novices. La comparaison avec la version PlayStation classique - également présente pour flatter les nostalgiques – rend quand même hommage au travail de restauration en HD. Notons tout de même que la version originale est cette fois entièrement sous-titrée en français avec des sauvegardes automatiques mais est dépourvue de trophées contrairement à la version optimisée. Pour 59,99€ en boite (sur PS5) et en numérique (sur PS5 et PS4) l’addition est tout de même largement au-dessus de la moyenne des remasterisations, d’autant qu’à ce tarif les spin-off Final Fantasy Tactics Advance et sa suite Final Fantasy Tactics A2 sont absents du portage alors qu’ils auraient constitué un bonus de choix. Mais même sans ça, la durée de vie est généreuse avec une bonne quarantaine d’heures au compteur pour un joueur standard et facilement le double dans le mode de difficulté supérieur. C’est tout ce qu’on attend d’un titre estampillé Final Fantasy.

Notre verdict

On aime

  • Le remaster ET la version originale
  • La traduction française
  • Les doublages anglais / japonais
  • L’histoire passionnante et profonde
  • Le gameplay réglé comme une horloge
  • Les musiques inspirées
  • La durée de vie copieuse

On n'aime pas

  • Plus cher que la moyenne
  • Un simple lissage graphique
  • La caméra souvent mal placée
  • Il manque les spin-off Advance

Il aura fallu attendre 28 ans pour enfin découvrir ce joyau de la PlayStation au format plein écran avec des doublages anglais et surtout des sous-titres en français pour une parfaite compréhension de cette fresque médiévale épique, servie par des musiques mémorables et une réalisation lissée. Dommage que ce simple filtre graphique ne corrige pas les mauvais placements de la caméra et qu’il serve à justifier un tarif de lancement plus élevé que la moyenne des remasterisations. A 59,99€, et même 69,99€ en édition Deluxe avec quelques objets bonus, mieux vaut y réfléchir à deux fois avant s’y lancer. Mais une fois dedans, l’histoire est prenante, le gameplay addictif et la durée de vie à la hauteur d’un FF. Un excellent héritage du glorieux passé de Squaresoft !

Note finale : 8.5 / 10
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