Chirurgie esthétique
On ne présente plus Lara Croft et ses premières aventures qui lui firent faire le tour du monde respectivement en quête du Scion des Atlantes dans le premier volet, de la dague de Xian dans le second et de fragments d’une météorite dans le troisième. Ces trois opus connurent un grand succès critique et public à leurs sorties - proches de fêtes de fin d’année -, bien que le troisième volet fût à l’époque critiqué pour ses nombreux bugs, sa caméra hasardeuse et sa difficulté parfois excessive. Ils furent l’œuvre du studio anglais Core Design, au même titre que le quatrième épisode « La Révélation Finale » et la rétrospective « Sur les traces de Lara Croft », deux épisodes PlayStation étrangement absents de cette compilation. Autant le dernier tirait vraiment sur la corde pour arracher les francs des poches des fans de la première heure, autant celui entièrement centré sur l’Égypte remontait la barre après le troisième jeu et aurait mérité sa place ici. Il faudra peut-être attendre une seconde remasterisation des épisodes 4, 5 et pourquoi pas le 6, le tant décrié « Ange des Ténèbres » de la PlayStation 2 qui coûta aux anglais leur poule aux œufs d’or ensuite délocalisée aux États-Unis chez Crystal Dynamics.
Ce sont donc seulement les trois premiers jeux qui composent ce menu very best of en vente depuis le 14 février dernier pour 29,99€ au format numérique. Les collectionneurs seront sans doute frustrés ne pas avoir un bel objet à rajouter à leur vitrine mais ce n’est pour le moment pas d’actualité. Autant mettre les pieds dans le plat tout de suite, ces trois jeux sont présentés dans leur jus d’époque, avec exactement les mêmes qualités et les mêmes défauts que par le passé, seule la partie esthétique ayant été améliorée. Les textures ont été largement retravaillées, les modèles 3D entièrement refaits (avec une queue de cheval pour Lara dès le premier jeu), les niveaux fourmillent de nouveaux effets de lumière, d’ombres, de flaques d’eau avec reflets, de fumée volumétrique, de végétation plus dense et de douilles qui s’éjectent des flingues. Une simple pression du bouton « options » de la manette DualSense permet de basculer dans les versions originales pixelisées (mais en 16/9ème cette fois) pour admirer tout le travail réalisé par le studio Aspyr. On notera d’ailleurs que la réalisation 2024 a tendance à assombrir les environnements en comparaison avec les jeux d’époque, selon les endroits. Les scènes cinématiques ont juste été upscalées sans retouche et chaque jeu conserve ses voix françaises dont les fameux doublages de Françoise Cadol.
Ce lifting graphique mis à part, l’architecture des niveaux conserve ce côté anguleux propre à l’ère PSone, les animations sont les mêmes et les problèmes de caméra nous replongent dans les 90’s. Ceux qui veulent goûter au dynamisme de la modernité (avec ralentis et QTE) peuvent toujours rejouer à Tomb Raider Anniversary, remake total du premier jeu pour ses 10 ans et quelques, jouable en HD sur PlayStation 3. Les vrais nostalgiques s’émouvront de cette madeleine de Proust dès l’écoute des musiques des menus, les renvoyant à leur enfance ou leur adolescence.
La meilleure façon d’y (re)jouer
Bien conscients du fossé de presque trois décennies séparant les sorties originales de celle-ci, les développeurs proposent des contrôles modernes en plus des commandes « char » par défaut. Que ce soit au stick analogique ou à la croix directionnelle, ces commandes actualisées inspirées des Tomb Raider de la PlayStation 4 ne sont pas tellement adaptées à la rigidité de ce gameplay old school. On vous conseille plutôt de ne pas toucher aux options pour profiter de l’expérience rétro. Autre ajout de la remasterisation, la présence d’un mode photo pour immortaliser ses plus beaux moments. Accessible en pressant les deux sticks analogiques, celui-ci permet de shooter Lara Croft dans différentes tenues, avec différentes armes, poses et expressions faciales. Surtout, le mode permet d’orienter la caméra librement et de « voyager » dans le niveau pour en découvrir tous les secrets sans prendre le risque de tomber dans un piège. Un usage très pratique, bien que détourné de sa fonction initiale.
Autre facilité moderne, la possibilité de sauvegarder à tout moment en passant par le menu, là où seul Tomb Raider II possédait cette option. Les cristaux de sauvegarde à des endroits précis (Tomb Raider I) ou à transporter mais à usage unique (Tomb Raider III) sont de l’histoire ancienne. Pour autant, nous aurions aimé pouvoir sauvegarder d’une simple touche (comme une pression d’un stick) au lieu de devoir naviguer dans les menus ou carrément avoir des sauvegardes automatiques à des moments clés, notamment une fois un niveau terminé. Il ne faudra donc pas oublier de sauvegarder très régulièrement sa progression sous peine de la perdre et de devoir tout recommencer. Avec sa difficulté relativement élevée pour notre époque et son absence de checkpoint, nous n’aurions pas non plus dit non à un mode rewind pour rembobiner une action façon Prince of Persia juste après une vilaine chute ou s’être empalé sur des pics. Les classiques PSone du PlayStation Store offrent bien cette possibilité après tout, d’autant qu’aucun sélecteur de niveau ou de menu « triche » n’est présent de base.
Enfin, ces trois jeux d’une durée de vie d’une dizaine d’heures chacun sont agrémentés d’un niveau inédit sur consoles qu’on ne trouvait auparavant que dans les versions PC : « Affaire inachevée » pour Tomb Raider, « Le Masque d’Or » pour Tomb Raider II et « Le Dernier Artefact » pour Tomb Raider III. Directement débloqués et accessibles via le menu, ces niveaux supplémentaires ne sont pas intégrés à la trame scénaristique mais constituent un bonus agréable capable de surprendre un public consoleux. De quoi découvrir ou redécouvrir les versions intégrales de ces titres dans leurs plus belles présentations et les plus accessibles pour un prix tout à fait honnête.
Tonio_S
Vincent
Comme c'est une remasterisation et non un remake, c'est comme remettre les vieux jeux PSone avec un simple filtre graphique donc au regard de nos habitudes de joueurs de 2024 le gameplay est obsolète et y consacrer du temps n'a de valeur que pour les fans nostalgiques et les archéologues du jeu vidéo.