Des gueules de porte-bonheur
Loin des habituels karatékas lanceurs de boules de feu, des bagarreuses à fortes poitrines, des samouraïs équipés d’armes blanches et des guerriers aux cheveux dorés, Omen of Sorrow est un jeu de baston reposant sur un casting de combattants tirés de la littérature fantastique et de la mythologie populaire. Imaginez la créature de Frankenstein, un loup-garou, un succube, un vampire, Quasimodo, un dieu égyptien transformé en momie, le mister Hyde du célèbre docteur Jekyll ou le fameux cavalier sans tête se retrouver en face-à-face dans un combat à mort. Alléchant non ? Pourtant, avec neuf personnages de base et seulement deux à débloquer (un douzième personnage, présent dans le jeu, n’est pas jouable), le roster de onze têtes d’affiche fait quand même grise mine par rapport à ce que propose la concurrence, souvent des suites qui ont pris le temps de grossir durant des années et offrent désormais vingt, trente ou quarante têtes à claques. Cette ligue des gentlemen extraordinaires aurait pu aisément rajouter un homme invisible, un zombie vaudou, un fantôme, une créature des marais, un magicien ou un bon Van Helsing des familles. Au moins ils ont la prétention d’avoir leur propre identité, leurs propres techniques, et d’éviter les doublons.
En attendant une éventuelle suite plus généreuse, ce cabinet des curiosités ambulant s’affronte dans une poignée de modes solo très classiques : un mode versus contre l’ordinateur, un mode survie pour enchaîner les victoires (12, 60, 120 voire plus) avec une seule barre de vie, un mode arcade où on traverse une carte du monde pour rencontrer des adversaires jusqu’au boss de fin. C’est dans ce dernier mode qu’une fiche descriptive nous livre en début de partie la biographie de notre poulain. Enfin, la campagne découpée en trois chapitres tente de justifier les rivalités par un scénario expédié à grand renfort de textes écrit en blanc sur fond noir s’affichant au-dessus des protagonistes entre deux manches. Les dialogues sont en français - grossièrement traduits avec quelques fautes d’orthographe et de syntaxe - et donnent du relief aux relations entre antagonistes même si on a parfois du mal à tout comprendre. Des sauvegardes automatiques entre les K.O permettent de fragmenter sa partie pour y revenir plus tard. Ce mode est évidemment le plus intéressant pour le joueur solitaire.
Ceux qui s’estiment peu familiers de la castagne pourront aller faire un tour du côté du mode entraînement. Ils y trouveront un guide rapide faisant office de notice et une opposition contre un pantin pour répéter les combos. Le titre se veut accessible tant aux novices qu’aux pros du pad par une réutilisation du système de combat des premiers Tekken avec un gameplay 2D malgré les graphismes 3D : une touche pour un coup de poing haut, une touche pour un coup de poing bas, un bouton pour un coup de savate en hauteur et un dernier pour un coup de pied bas. Le bouton R1 sert à effectuer une prise au corps à corps et R2 à lancer un EX. Comme dans Street Fighter, le quart de cercle associé à une touche lance une attaque spéciale (parfois en appuyant un moment sur une direction puis sur celle opposée avec un coup) et une barre en bas de l’écran se remplissant progressivement à mesure des coups portés sert à balancer une super attaque (demi-barre) et une attaque ultime accompagnée d’une cut-scene quand on la crame entièrement. Souvent spectaculaire, parfois fatal, ce coup de poker rappelle les attaques pop-corn des jeux Dragon Ball Z, toutes proportions gardées bien entendu. Le système autorise des combos aériens, des contres et des parades mais se refuse au tabassage des gars au sol. Restons fair-play.
Pas prêt pour l’e-sport
Une jauge en bas de l’écran tente de rééquilibrer les duels, elle s’oriente vers la « chance » quand on attaque, ce qui fait remonter la barre de vie, multiplie les dégâts et facilite les contres risqués. En face notre victime verra sa jauge de « destin » grimper ce qui dopera sa défense, réduira les dégâts subis et facilitera les contres de base. En toute franchise, les affrontements ne sont pas assez techniques ni assez longs pour que cette jauge ait une influence notable sur l’issue des combats. Celui qui tape le plus fort remporte généralement la partie.
Comme la qualité d’un jeu de baston s’évalue autant en multijoueurs qu’en solo, Omen of Sorrow ne fait pas l’impasse sur le versus en local sur le canapé et sur la toile. Des parties rapides peuvent être disputées pour le plaisir et d’autres, classées, permettent de grimper dans la hiérarchie mondiale. On ne va pas vous mentir, les serveurs ne sont pas aussi chargés que ceux du dernier SoulCalibur mais on trouve toujours des volontaires le soir et le week-end. La création d’un badge personnalisé regroupant icône, personnages préférés, niveau d’expérience ou encore devise sépare facilement les habitués des premiers venus. Nos performances sont répertoriées dans le mode enregistrements avec les scores, le classement mondial et des statistiques. Seul ou à plusieurs, le jeu veut vous avoir à l’usure avec notamment des trophées basés sur le temps de jeu et le nombre d’adversaires battus, ainsi qu’une bonne centaine d’illustrations et quelques vidéos à débloquer sur la durée. Dispensable pour le commun des mortels mais les chasseurs de trophées vont peiner à le platiner.
En dépit d’un budget qu’on devine limité, les développeurs manifestent une volonté de bien faire sur le plan graphique. Les héros sont correctement modélisés avec des gestuelles, des mimiques et des postures qui leur sont propres. Certains petits détails comme les expressions faciales lors des coups portés / reçus ou le regard charmeur que lance le vampire directement au joueur par moment sont sympas. De leur côté les arrière-plans sont toujours animés et basés sur des moments clés de la vie de chaque combattant (le moulin en feu de la créature de Frankenstein, le clocher de Notre-Dame pour Quasimodo…). Quelques effets spéciaux sont réussis mais globalement on a connu le moteur Unreal Engine bien mieux exploité, plus riche en détails et en esbroufe. La musique rock passe-partout diffusée durant les joutes ne colle pas au tympan bien longtemps. On regrette aussi que la caméra statique soit dépourvue d’effets (rotations, zoom) pour une mise en scène davantage impressionnante, et que les temps de chargement soient si longuets. Le jeu est vendu à 39,99€ en boite dès sa sortie et il s’agit d’une exclusivité PlayStation 4 alors ne boudons pas notre plaisir.
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