Bienvenue en 2038 dans la bonne ville de Detroit, ancienne capitale de l’industrie automobile passée par la case faillite avant de connaître un nouvel essor grâce aux innovations de la société CyberLife et en particulier de ses androïdes. De plus en plus sophistiqués, ces derniers sont désormais présents à tous les échelons de la société : certains assistent la police en jouant les inspecteurs comme Connor, d’autres endossent le rôle d’infatigable gouvernante comme Kara, d’autres encore apportent leur aide aux séniors en situation d’invalidité comme Markus. Le monde semble donc être en parfaite harmonie, tout juste troublé par les manifestations de plus en plus nombreuses d’humains ayant perdu leur travail après avoir été remplacés par des androïdes. Un phénomène qui ne remet toutefois pas en cause l’existence de ces super-robots jusqu’à ce que certains d’entre eux, baptisés déviants, soient impliqués dans des incidents graves entraînant la mort de leur propriétaire ou d’autres personnes.
Un scénario hautement polymorphe
Vous l’aurez deviné c’est Connor en personne, dans le rôle du super-adjoint du vieux policier solitaire Hank, qui mènera l’enquête sur ces morts suspectes. De son côté Kara tentera de protéger la jeune Alice de son père drogué et violent, tandis que la vie de Markus sera bouleversée par un évènement dont nous tairons ici la teneur. D’ailleurs nous ne vous dirons rien de plus sur le scénario du jeu, d’une part parce qu’il serait idiot de vous gâcher la surprise de la découverte, et d’autre part parce que l’histoire que vous vivrez pad en main sera vraisemblablement (très) différente de la nôtre. Car vous le savez sans doute déjà, Quantic Dream a décidé de reconduire dans Detroit son système de scénario à embranchements déjà vu dans Heavy Rain et Beyond : Two Souls. Ce qu’en revanche vous ignoriez peut-être encore, c’est que le nombre de ces embranchements est tout bonnement faramineux !
Contrairement aux précédents jeux du studio qui attendaient que vous ayez fini l’aventure une première fois pour vous donner une idée des choix vous ayant conduit sur tel ou tel développement scénaristique, Detroit annonce d’emblée la couleur en vous présentant un diagramme de progression à l’issue de chacun de ses 32 chapitres. Vous découvrez alors quelles actions, quels choix, quelles recherches, quels succès, quels échecs et quels évènements vous ont conduit au résultat obtenu, le jeu vous permettant même de rejouer immédiatement la scène pour tenter une autre approche. Soyons honnêtes il est sans doute préférable de terminer le jeu une première fois avant d’emprunter tous les embranchements d’un chapitre, mais le procédé a l’avantage de permettre le rattrapage d’une situation désastreuse sans avoir à attendre le générique de fin. Car l’aventure ne manque pas de moments potentiellement douloureux, comme par exemple la mort de l’un de vos trois personnages. Comme dans Heavy Rain aucun game over ne viendra sanctionner une telle perte, celle-ci modifiant simplement la suite des évènements en vous privant de scènes impliquant le personnage en question.
Outre sa thématique centrale articulée autour de la conscience des intelligences artificielles, Detroit aborde plus ou moins directement de nombreux sujets particulièrement sérieux comme les violences domestiques, le racisme, le chômage ou même la mort. Une bonne manière de plonger le joueur au cœur de ce monde futuriste en le renvoyant à des problématiques très actuelles, même si on pourra parfois regretter une approche trop manichéenne, superficielle ou déjà vue dans le traitement de certains de ces thèmes.
Un rythme et un gameplay mieux maîtrisés
Côté gameplay Detroit s’inscrit dans la droite lignée des précédentes productions du studio : vous dirigez votre personnage au stick gauche, et utilisez le stick droit pour orienter la caméra et réaliser des actions contextuelles à base de quarts de cercle et autres mouvements plus ou moins tordus. Une double fonction qui peut parfois poser problème puisqu’il arrive que l’on déplace la caméra en tentant de réaliser une action, mais le phénomène est suffisamment limité pour ne pas vraiment gêner. Le pavé tactile est mis à profit pour lire les articles figurant sur les tablettes numériques trouvées un peu partout dans le jeu, tandis que les boutons colorés et le gyroscope de la DualShock 4 sont mis à profit durant des QTE au timing parfois serré. Que les allergiques à ce genre de manœuvre se rassurent, Quantic Dream a pensé à eux en proposant deux types de contrôles destinés aux joueurs Occasionnels ou Expérimentés.
Si la maniabilité de Kara, Connor et Markus renvoie indéniablement à Heavy Rain ou Beyond : Two Souls, vous serez sans doute heureux d’apprendre que les séquences qui attendent nos héros se montrent plus variées et mieux rythmées que dans les précédents jeux du studio. Certes vous devrez occasionnellement vous plier à des actions peu excitantes comme aller chercher un plateau repas dans une cuisine pour le poser sur la table du salon, mais vous aurez aussi l’occasion (sans trop en dire !) de traverser une autoroute empruntée par des véhicules futuristes roulant à toute allure, de calculer vos trajectoires dans un ersatz de parkour, d’échapper à un grand malade tout à fait effrayant, ou encore de manifester dans les rues de la ville. Bref les contrôles ont beau être conformes à la tradition Quantic Dream, les situations proposées sont suffisamment variées pour ne pas avoir l’impression de faire toujours la même chose.
Mieux encore, Connor vous proposera quelques petites séquences d’enquête durant lesquelles vous analyserez votre environnement, découvrirez des indices, et reconstituerez des actions de manière virtuelle pour trouver d’autres éléments permettant de faire progresser votre enquête. Des séquences d’interrogatoire et plus globalement de nombreux dialogues seront aussi de la partie, avec le plus souvent des réponses à fournir en temps limité sous peine de laisser la console choisir pour vous. Précisons au passage que les relations de nos trois personnages avec leur entourage sont monitorées en permanence, et évoluent en fonction de nos actions pour permettre ensuite le déblocage de tel ou tel embranchement scénaristique.
Une réalisation impressionnante
Au cas où vous auriez réussi à atteindre cet article sans jamais voir une image ou une vidéo de Detroit, il est temps de se pencher sur l’un de ses gros points forts à savoir sa prestation technique. La modélisation des personnages tout d’abord est un modèle du genre, avec un rendu incroyable des acteurs ayant prêté leurs traits à nos héros : Valorie Curry (Kara), Jesse Williams (Markus) et Bryan Dechart (Connor) pour ne citer qu’eux prennent littéralement vie à l’écran, avec notamment un grain de peau, des expressions et des mouvements criants de vérité. Les environnements ne sont pas en reste avec une multitude de détails permettant de leur donner vie, des textures extrêmement détaillées (à une ou deux exceptions près !) et une gestion de la lumière impeccable. Seul petit reproche : de rares passages ont poussé notre PlayStation 4 Pro dans ses derniers retranchements, occasionnant des ralentissements bien perceptibles durant quelques secondes.
Côté bande son vous pouvez compter sur des effets sonores renforçant encore l’immersion, des musiques se faisant entendre quand il le faut pour souligner l’intensité du moment, et des dialogues parfaitement interprétés en VF comme en VO.
Pour la petite histoire sachez que le déblocage de nouveaux embranchements dans chaque chapitre vous permettra d’accumuler des points à dépenser ensuite dans la section Bonus du menu principal où vous attendent des illustrations, des vidéos, des musiques et une galerie d’objets 3D. Quant à la durée de vie du jeu elle devrait atteindre une bonne dizaine d’heures pour votre premier passage, et sans doute deux à trois fois plus pour découvrir toutes les alternatives proposées.
Self
Mais les notes restent bonnes. De toutes façons je suis client de Cage depuis Farenheit, c'est avec plaisir que je vais faire celui-ci.
Sn@ke
J'avais adoré Fahrenheit et Heavy Rain, moins apprécié Beyond Two Souls, content de voir que celui-ci est plus réussi.
Eric
Sn@ke
Vincent
Ace