La cage au Fall
Compte tenu de l'interminable attente entre les deux épisodes, cette suite sous-titrée Unbound intègre fort heureusement un résumé du premier opus dans lequel, pour mémoire, nous suivions le destin d'un astronaute inconscient après une chute lors de l'exploration d'une planète inconnue. L'intelligence artificielle qui gère la combinaison Mark-7 de notre pilote (une sorte d'exosquelette à la Iron Man), répondant au nom de code A.R.I.D n'avait alors d'autre choix que de contourner ses différents protocoles de sécurité pour sauver la vie de son hôte en le guidant de toute urgence vers un poste médical. Quelques affrontements, sauts et énigmes plus tard, nous apprenions en toute fin d'aventure que l'armure était en réalité vide, sans humain fragile à l'intérieur. L'intelligence artificielle serait-elle en train de devenir folle ? Pour prévenir toute faille dans sa sécurité, le réseau informatique avec lequel A.R.I.D communique décide de la mettre en quarantaine comme un vulgaire virus. Bien décidée à exister malgré tout, la voix synthétique va naviguer dans le réseau et bidouiller d'autres robots pour s'émanciper.
Tout symbolisme psychanalytique mis à part (avec présence du soi, des autres et d'une vision objective de l'être), reconnaissons que le scénario de The Fall : Part 2 est plus nébuleux que celui du premier opus dont la trame principale n'était finalement qu'une mission de sauvetage d'un humain par son assistant artificiel autonome. Chiche en explications, la recherche de notre corps passe cette fois par l'exploration d'un monde informatique alternant entre combats contre des ennemis brumeux et possession de drones dirigés par d'autres intelligences artificielles. Les décors virtuels de cette suite ressemblant davantage à l'univers de TRON qu'aux niveaux froids et aseptisés du jeu de 2015 sont pour beaucoup dans la confusion générale qui règne en début de partie. Sans carte à consulter, se retrouver dans les zones souvent trop sombres, quelques fois saturées de lumière vive, n'est pas toujours aisé. C'est sans doute voulu puisqu’à la base les développeurs nous vendent cette suite comme un Metroidvania de science-fiction saupoudré d'énigmes à la point’n’click. On constate effectivement des déplacements libres dans des niveaux en 2.5D entrecoupés de combats, et des phases plus calmes où la réflexion est de mise.
Le bouton L2 sert à viser avec sa lampe torche et une orientation du stick droit sert à éclairer les éléments à observer ou avec lesquels interagir. Dès que la lumière tombe sur le symbole d'une loupe nous avons droit à une description textuelle et une éventuelle action sur la chose éclairée. L'inventaire volontairement réduit place directement les objets utilisables en dessous de l'icône de la loupe lorsqu'on clique dessus, ce qui permet d'essayer toutes les combinaisons possibles sans prendre trop de temps. L'avancement par tâtonnement est quasi-indispensable en l'absence d'un quelconque système d'aide. Les nouveaux paramètres de programmation d'A.R.I.D lui permettent en outre de prendre possession d'autres robots à certains moments pour progresser dans sa quête. Un majordome dévoué à sa tache de serviteur, un drone de combat égocentrique et une compagne de service pulpeuse seront à manipuler pour arriver à nos fins.
Plus dure sera la chute
Lorsqu'on en prend le contrôle des décors « réels » se modélisent, on manipule directement le cyborg en question et on agit sur son environnement pour le plier à notre volonté. Il s'agit généralement de modifier certains objets des décors pour perturber la routine de l'I.A, de modifier son cycle habituel (pour le majordome), d'enclencher des mécanismes, de porter des coups en respectant un rythme imposé (pour le drone de combat) ou de lancer des dialogues avec autrui pour les forcer à agir selon notre objectif (pour le robot de compagnie). C'est la partie intellectuelle du gameplay, pas toujours évidente d'ailleurs et même assez poussive quand la seconde moitié du jeu nous demande de corriger toutes nos (mauvaises) actions du premier acte. Déconstruire ce qu'on a bâti peut paraître démotivant, surtout quand on doit permuter à la volée entre nos trois hôtes pour influer sur le destin de chacun. Le titre aurait gagné à être plus explicite dans ses attentes, notamment sur l'utilisation des filtres colorés associés à chaque personnalité à la limite de la pensée freudienne. En l'état il est plus lourd, pénible et inutilement complexe que captivant.
Les combats ne sont visiblement pas le point fort du jeu à tel point que le studio nous autorise même à les réduire en optant pour l'option « minimale ». Ainsi on peut se concentrer sur l'histoire sans trop de soucier des conflits. Ceux qui veulent en découdre pourront néanmoins se fier aux gâchettes R1 / R2 qui balancent des tirs d'énergie dont la jauge est également rongée par les sauts. En clair, impossible de tirer et de sauter à tout-va sans tomber en panne sèche après quelques instants, nous laissant sans défense face aux tirs ennemis. Par la suite notre machine acquerra une capacité d'absorption des dégâts pour pallier à sa fragilité. Peu lisibles ni techniques, ces affrontements n'ont pour unique intérêt que de casser le rythme entre exploration et énigmes.
Pour un titre basé sur la technologie de pointe, The Fall : Part 2 connaît quelques soucis techniques fâcheux. Lors de notre session test nous sommes tombés sur trois bugs bloquants nous obligeant à relancer la partie et un plantage synonyme de reset de l'application. C'est plutôt étonnant compte tenu de la beauté toute relative des graphismes, bien trop sombres et sans le moindre artifice. La musique discrète voire inexistante par moment est compensée par des doublages anglais convenables sous-titrés en français à quelques mots près encore dans un langage informatique courant. La prise en main calquée sur le premier volet ne pose pas de difficulté, sauf quand il est question de cibler une loupe éloignée dans le faisceau un peu juste de notre lampe torche. Enfin la durée de vie assure cinq heures à six heures de gameplay sans soluce, pas toujours passionnantes certes, mais correcte pour un prix affiché de 16,99€.
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