A peine le titre lancé depuis le menu de la PlayStation 4 qu'une voix-off nous surprend. Cette voix, c'est celle du réalisateur du film The Deadly Tower of Monsters qui se fend d'un commentaire audio à l'occasion de la ressortie DVD de son « chef d’œuvre ». A la manière d'un Ed Wood, ce gars très inspiré va nous livrer des centaines d'anecdotes sur la création de son long-métrage dont nous prenons le contrôle manette à la main. Un procédé original pour impliquer le jouer dans la narration, d'autant que les commentaires évoluent en fonction de nos actions.
Invasion de la planète Gravoria
Tout commence par le crash du cosmonaute Dick Starspeed sur la planète Gravoria. Engoncé dans son scaphandre, notre brave héros se doute qu’il va être confronté à une population extraterrestre pas forcément amicale. Il n'aura pas tort puisqu'il va rapidement tomber sur des dinosaures animés en stop-motion, des cascadeurs costumés en hommes-singes, des pieuvres mutantes, des fourmis radioactives, des soucoupes volantes, des ptérodactyles, des chauves-souris vampires tenues par des fils ou encore un ersatz de King Kong. Le bestiaire ratisse large et compte plus de 50 figures iconiques de la science-fiction du siècle dernier à occire dans la joie et la bonne humeur.
The Deadly Tower of Monsters prend la forme d'un jeu d'action vu de dessus dans lequel nos héros doivent gravir les 65 étages de la fameuse « tour aux monstres de la mort ». L'emploi du pluriel vient du fait que Dick sera vite accompagné de la starlette montante Scarlet Nova et de son acolyte robotique du nom de Robot. Pour autant le jeu n'est malheureusement pas jouable en coopération avec un autre joueur, ni même en équipe puisqu'un seul personnage est sélectionnable à la fois pendant que les deux autres sont dans une sorte de sommeil cryogénique en attendant. Les trois artistes se jouent de toute façon de la même manière, seul un pouvoir spécial placé sur le bouton Triangle diffère d'un personnage à l'autre pour forcer à l'alternance. Dick dispose par exemple d'explosifs capables d'ouvrir de nouvelles voies et Scarlet d'un bouclier électrique. Le pavé tactile de la DualShock 4 ouvre le menu d'un téléporteur autorisant le déplacement instantané d'un point à l'autre sur la partie de la carte déjà visitée. Un système bien pratique pour retourner sur ses pas suite à l'obtention d'un nouveau pouvoir pour débloquer des missions annexes et trouver des secrets.
Plus focalisé sur le côté parodique et le fun immédiat, le studio ACE Team survole à peine le genre du hack-and-slash. Ainsi, impossible de récupérer les armes et armures ennemies ou de piller autre chose que des dollars oubliés dans des jarres. Pas de points d'expérience à répartir non plus que de prise de niveaux, mais simplement des achats d'améliorations pour booster sa santé, augmenter la vitesse de recharge de son énergie ou les dégâts des armes. Seules 24 améliorations sont disponibles dans le jeu alors vous devrez bien arbitrer dans quelle fonction dépenser votre budget. Le nombre d'armes est beaucoup plus réduit que dans un Diablo et compte seulement dix armes de jet (pistolet à rayon, pistolet électrique, lance-flammes...) et huit armes de mêlée (couteau, matraque, lance, masse...). Ces armes sont néanmoins évolutives en investissant des rouages et des deniers mais vous ne pouvez porter que quatre armes à la fois, deux de jet et deux de mêlée. Les armureries croisées régulièrement permettent de changer vos engins de mort selon vos préférences. Interchangeables, les ennemis ne requièrent pas de méthodes particulières pour être occis, il suffit de vider son chargeur ou de les tabasser pour les voir disparaître. On peut néanmoins charger son tir, faire une attaque sautée et suivre l'évolution des dégâts portés via une jauge de vie visible aux pieds de chaque adversaire.
Singer la planète
L’ascension de la tour apporte quelques trouvailles de level-design comme la possibilité de tirer vers le bas sur les ennemis volants et rampants qui grimpent jusqu’à vous ou celle de se jeter dans le vide pour retourner aux niveaux inférieurs en amortissant sa chute en déployant son jet pack. Si la chute est involontaire par contre, le bouton L1 permet de regagner le bord en se téléportant. Là encore, cette astuce est bien pratique pour débloquer un trophée consistant à passer dans des anneaux aériens. D’ailleurs un indicateur de trophée se met à jour en temps réel quand on accomplit certaines actions, incitant à poursuivre nos efforts pour les déverrouiller et à produire du beau jeu en écrasant les ennemis comme dans un Mario ou en les amenant à se faire cramer dans les flammes. Une façon comme une autre de dynamiser l'action.
Ancré dans les années 50, le jeu multiplie les astuces visuelles et auditives pour nous expédier dans une ambiance kitsch et décalée. Le menu options laisse le choix entre un grain VHS ou DVD pour l'image et la qualité du son, les cinématiques peuvent être accélérées comme sur un magnétoscope, le menu pause reprend les icônes d'un lecteur vidéo, les animations des dinosaures en image par image sont excellentes, les costumes sont grossiers, les bruitages ringards et les appareils volants sont retenus par des fils bien visibles. Tout concourt à faire de ce titre une œuvre unique, à part, un vibrant hommage à une époque révolue où la débrouillardise et l'artisanat étaient les clés de voûte de l'industrie. Par conséquent ne vous attendez pas à des graphismes tape-à-l’œil mais tout juste corrects avec des décors qui sentent bon le carton et le plastique, des effets spéciaux fauchés et des costumes au rabais.
Dommage aussi que les commentaires audio ne soient pas doublés en français mais seulement en anglais car dans le feu de l'action il est difficile voire impossible de profiter des sous-titres. Le titre a une vraie personnalité et n'est pas une resucée de thèmes surexploités comme l'héroïc-fantasy ou le post-apocalyptique. Rien que pour ça il mérite une petite pièce, surtout quand il était proposé à 9,74€ pour les membres du service PlayStation Plus. Désolé pour ce test tardif puisqu'entre temps il est repassé à 14,99€ mais même à ce prix-là le défouloir mérite un certain regard pour sa prise de position. Par contre, l'objectif du staff n'étant pas de tuer ses comédiens, les ennemis ne présentent pas une résistance extraordinaire et la pellicule arrive à son générique de fin en seulement quatre heures, cinq ou six avec les missions annexes et les trophées. C'est peut être suffisant quand on est devant un nanar, aussi sympathique soit-il.
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