Test Assassin's Creed Origins

Publié le par Eric
PS4

Deux ans après la sortie de Syndicate et la décision d’Ubisoft d’espacer les sorties de ses Assassin’s Creed, la série est de retour avec un opus qui remonte encore plus loin dans le passé que ses prédécesseurs en nous plongeant au cœur de l’Egypte des pharaons, plus précisément vers la fin de la dynastie des Ptolémées. L’occasion pour les développeurs de corriger certains aspects vieillissants du gameplay iconique de la saga, même si Origins ne renouvelle finalement pas tant que çà la recette bien connue des jeux d’action/aventure en monde ouvert. Explications.

Vous êtes Bayek, un medjaÿ (protecteur du pharaon) de retour dans sa région natale après une longue année d’absence durant laquelle il a entrepris d’assouvir sa vengeance en éliminant un à un les membres de l’Ordre des Anciens. Nous ne vous dirons évidemment pas ce qui a déclenché cette vendetta pour vous laisser le (dé)plaisir de la découverte, mais sachez que notre homme a de bien bonnes raisons d’en vouloir à ces comploteurs dont l’identité est cachée derrière des masques et des pseudonymes d’animaux. Dans le même souci de discrétion, nous ne nous étendrons pas sur les rôles joués par de grands personnages historiques dans votre aventure, et nous contenterons donc d’indiquer que vous croiserez la route de figures emblématiques telles que Cléopâtre ou Jules César. Enfin, sachez que si le point de départ de l’aventure de Bayek n’a rien de très original, le développement du scénario se montre bien plus intéressant et réserve quelques jolies surprises.

Un monde ouvert XXL

Première bonne surprise, l’aire de jeu qui vous est proposée est tout simplement immense : vous démarrerez votre aventure dans le petit village de Siwa mais pourrez immédiatement jeter un œil à la carte de la zone pour constater que celle-ci compte une trentaine de régions à découvrir peu à peu. Ceux d’entre vous qui ont goûté aux récents open-world d’Ubisoft (on pense notamment à Ghost Recon : Wildlands ou Far Cry Primal) ou à n’importe quel représentant du genre de ces derniers mois seront immédiatement en terrain connu.

Qui dit Egypte dit évidemment une large place accordée au désert mais vous découvrirez également nombre d’oasis très verdoyantes, des plans d’eau, des cavernes et bien sûr les mythiques pyramides. Plusieurs villages sont également au programme, ainsi que la ville d’Alexandrie magnifiquement modélisée avec son mythique phare (la septième merveille du monde pour les distraits !).

Avec une telle étendue, vous ne serez pas surpris d’apprendre que les points de vue à synchroniser pour se téléporter d’un bout à l’autre de la carte ont été reconduits pour ce nouvel opus. Ceci étant, il vous faudra d’abord les atteindre à pied, en bateau, ou encore à dos de dromadaire ou de cheval. Point positif, vous pouvez ordonner à votre monture de vous guider automatiquement à l’endroit marqué sur la carte et ainsi profiter du paysage sans vous soucier de la route.

Bien sûr votre aventure vous conduira à remplir de nombreuses quêtes, principales ou annexes, qui vous feront déjà parcourir une bonne partie du terrain de jeu qui vous est offert. Mais ce n’est qu’en partant à la recherche de tous les trésors et objets cachés que vous pourrez réellement découvrir les moindres recoins de la carte.

Une structure remaniée mais déjà vue ailleurs

Alors que les précédents Assassin’s Creed se montraient relativement linéaires dans leur enchaînement des quêtes, Origins laisse plus de liberté au joueur avec la possibilité d’inscrire toute nouvelle mission dans le journal correspondant pour ensuite activer celle qu’il désire mener à bien. On pourra ainsi avoir « en stock » plusieurs quêtes, principales et secondaires, et décider de partir dans telle ou telle direction. Attention toutefois, chaque quête s’accompagne d’un « niveau conseillé » de Bayek qu’il est préférable de ne pas ignorer pour ne pas terminer embroché au bout d’une lance ou écrasé par une massue ! Le système des ennemis à niveaux vu dans Syndicate est en effet de retour et, s’il est possible d’affronter des adversaires de deux ou trois niveaux supérieurs au nôtre, viser plus haut sera presque toujours synonyme de game over. Le jeu symbolise d’ailleurs le risque par une icône en forme de tête de mort au-dessus des ennemis bien plus forts que nous, là où il indique normalement le niveau de ces adversaires. A noter que les régions mentionnées plus haut sont elles aussi affublées d’un niveau conseillé, ce qui ne vous empêchera pas de les traverser dès le début de l’aventure à condition de détaler à la vue de toute menace !


Vous l’aurez compris, la liberté évoquée plus haut dans l’enchaînement des quêtes est modérée par la gestion du niveau de Bayek, et un minimum de levelling sera nécessaire pour boucler l’histoire principale d’Origins. Rassurez-vous, les quêtes annexes sont là pour ça et sont suffisamment nombreuses et variées pour pouvoir finalement progresser assez vite. Toute mission complétée vous rapportera ainsi son lot de points d’expérience, chaque passage au niveau supérieur vous accordant un point d’aptitude à dépenser dans l’arbre de compétences de Bayek sur lequel nous reviendrons dans un instant.

Des contrôles revus et corrigés

Pad en main, on est d’abord surpris par la disparition de la notion de profil chère aux précédents Assassin’s Creed : il vous suffit désormais de pousser le stick gauche plus ou moins fort pour que Bayek marche ou coure, le célèbre parkour permettant d’enchaîner les obstacles étant affecté à la touche Croix (pensez d’ailleurs à la relâcher en arrivant au sommet d’un bâtiment ou d’une montagne pour éviter de sauter bêtement dans le vide !). Le bouton Rond sert à alterner entre les positions debout et accroupi (utile dans les hautes herbes pour les phases d’infiltration !), tandis que Triangle permet d’effectuer les actions contextuelles qui vous sont proposées.

Les combats ont eux aussi fait peau neuve en lorgnant, entre autres, du côté des Dark Souls, avec toutefois une difficulté moins prononcée si vous respectez les indications de niveau : les boutons R1 et R2 vous permettent respectivement de lancer une attaque rapide ou puissante, tandis que L1 vous sert à parer avec votre bouclier et Carré à esquiver d’une roulade au sol. La visée à l’arc s’effectue classiquement en appuyant sur L2, le tir étant logiquement déclenché par R2. Au fur et à mesure que vous donnez et recevez des coups, votre jauge d’adrénaline se remplit pour vous permettre, une fois pleine, de déclencher un mode rage : votre vitesse et votre puissance sont alors accrues pendant quelques secondes, mais vous restez vulnérable aux attaques ennemies !

Soignez votre équipement

Pour maximiser vos chances de réussite, vous aurez accès à différentes armes pour le corps à corps (épées normales, épées incurvées, massues lourdes, lames lourdes, sceptres, lances…) ainsi qu’à plusieurs types d’arcs (léger, chasseur, guerrier…). Votre bouclier pourra lui aussi être changé, tout comme votre tenue et votre destrier. A l’instar de nombreux jeux d’action/aventure récents, tous ces équipements sont catégorisés en fonction de leur rareté : les bleus sont courants, les violets sont rares et les jaunes sont légendaires, chaque catégorie apportant son lot de petits bonus. Bien sûr vous récupérerez tous ces équipements dans des coffres, sur les cadavres de vos ennemis ou dans les boutiques des villes et villages où vous dépenserez vos drachmes (ainsi que sur le magasin en ligne du jeu où il sera question de vrais euros !).


Histoire de compléter votre panoplie, vous pourrez aussi avoir recours à des « outils » tels que des fumigènes, des bombes incendiaires ou encore des fléchettes paralysantes. De quoi varier vos approches pour atteindre une cible précise ou vous sortir d’une situation mal engagée lorsque par exemple vos ennemis ont réussi à faire sonner l’alarme pour demander des renforts.

Comme si tout cela ne suffisait pas, un système d’artisanat a été mis en place pour vous permettre d’améliorer votre lame d’assassin, la capacité de votre carquois, vos dégâts à l’arc, vos dégâts au corps à corps, votre santé maximale et la capacité de votre sacoche à « outils ». Huit types d’ingrédients sont ainsi à votre disposition, qui peuvent être récupérés en chassant des animaux, en attaquant des convois et des camps, ou en démantelant les équipements dont vous n’avez plus l’utilité.

L’art de la discrétion

Si le combat tiendra forcément une large place dans votre aventure, il sera souvent préférable d’aborder les choses sous l’angle de l’infiltration avant de faire parler la force brute. Vous disposez pour cela d’un précieux allié baptisé Senu, un aigle que vous pouvez envoyer en reconnaissance afin de repérer les lieux sur lesquels vous vous apprêtez à agir. Le rapace détectera aussi bien les objets à récupérer que les otages à libérer ou les ennemis à abattre, vous permettant de planifier soigneusement votre mission avant de vous jeter dans la gueule du loup. Comme souvent dans ce type de jeu la manœuvre consistera à éliminer furtivement un maximum d’ennemis avant d’être repéré, différentes manœuvres de diversion pouvant être effectuées comme ouvrir la cage d’un prédateur (lion, hyène…), empoisonner un cadavre pour intoxiquer les sentinelles proches, injecter un produit permettant de retourner un ennemi contre les siens, ou encore déclencher un feu.

Autant de possibilités qui ne vous seront offertes qu’à la condition d’avoir débloqué les compétences correspondantes dans l’arbre mentionné plus haut, alors à vous de voir si vous souhaitez favoriser les branches chasseur (liée à Senu et à l’arc), guerrier (pour le combat au corps-à-corps) ou clairvoyant (outils et assimilés) de Bayek !

Des activités en veux-tu en voilà

Outre les quêtes principales et secondaires déjà évoquées, Origins propose de nombreuses activités à ceux qui voudraient profiter plus longtemps de son incroyable monde. Vous pourrez ainsi nettoyer des avant-postes ennemis, participer à des courses de chars ou vous lancer dans des combats de gladiateurs, mais vous aurez aussi l’occasion d’explorer des tombeaux renfermant de petits puzzles, de résoudre des énigmes écrites sur des papyrus eux-mêmes plus ou moins bien cachés, et même de venger les autres joueurs tombés sous les coups de vos ennemis communs !


Sans trop en dire, sachez aussi que les batailles navales particulièrement appréciées dans Assassin's Creed IV : Black Flag font ici leur retour, mais dans des circonstances bien particulières et avec une portée beaucoup plus limitée. Quant aux séquences se déroulant dans le temps présent, elles introduisent un nouveau personnage principal que vous dirigerez toutefois moins souvent et moins longtemps que Desmond Miles dans les premiers opus de la série : les fans hardcore apprécieront sans doute d’en apprendre plus sur cet aspect de l’univers Assassin’s Creed, mais il faut bien avouer que ces passages nous ont plutôt laissés de marbre.

Au cas où vous auriez peur que le contenu et le mode de progression du jeu vous empêche d’en voir un jour la fin, sachez qu’il est vraisemblablement possible de compléter les missions principales de Bayek en une grosse quinzaine d’heures, à condition toutefois de se limiter au strict minimum en matière de quêtes annexes pour avoir toujours le niveau minimum conseillé. Vous rateriez toutefois une bonne partie de l’intérêt d’Origins qui mérite sans doute que l’on s’y attarde entre 40 et 60 heures pour en profiter pleinement.

Une technique qui tient la route

A ce stade de notre article, vous avez sans doute compris que les équipes d’Ubisoft ont vraiment fait ce qu’il fallait pour dépoussiérer la formule vieillissante de la série : certes les améliorations n’ont rien de particulièrement innovant puisqu’on a déjà pu en profiter dans d’autres jeux du genre, y compris chez l’éditeur français, mais elles sont intégrées de manière cohérente et permettent enfin de profiter d’un Assassin’s Creed moderne ou tout du moins modernisé. Ceci étant, eu égard aux soucis connus par Syndicate en son temps, Origins était particulièrement attendu sur deux points cruciaux : son niveau de finition et sa prestation technique.

On passera rapidement sur le premier en se contentant d’indiquer qu’il se montre nettement plus élevé que pour les précédents opus : on note bien ici ou là des bugs d’intelligence artificielle ou de collision, mais ils font cette fois plus figure d’exception que de norme (comme il se doit, somme toute). Aucun véritable plantage n’est à déplorer durant nos longues sessions de test, pas même un rechargement de checkpoint pour cause de quête bloquée : voilà déjà de quoi rassurer les plus inquiets !

Pour ce qui est de la technique en elle-même, il faut bien avouer que nos premiers pas dans Origins ne se sont pas montrés des plus enthousiasmants : sur notre PS4 Pro en 1080p, les cut-scenes (apparemment réalisées avec le moteur du jeu) souffraient en effet de saccades déplaisantes alors que les séquences pad en main se révélaient parfaitement fluides (en 30fps tout de même, ne rêvons pas !). Si la direction artistique ne souffrait certes aucun reproche (et encore, nous n’avions rien vu : elle vous en mettra plein les yeux en de nombreuses occasions !), la gestion de la lumière nous paraissait un peu simpliste et ne parvenait pas vraiment à mettre en valeur les environnements proposés.

Heureusement les choses se sont nettement améliorées une fois le monde ouvert totalement accessible, avec un cycle jour/nuit parfaitement géré et des panoramas splendides au point de s’arrêter de jouer pour en profiter. C’est alors un vrai bonheur de découvrir l’immensité du désert, ses oasis, les villages et les temples de la région, et même d’endurer sa toute première tempête de sable, saisissante. Le mode photo inclus dans le jeu prend alors tout son sens, vous permettant même d’admirer les clichés des autres joueurs depuis la carte de la région !

Evidemment la copie rendue par Ubisoft n’est pas exempte de défauts et l’on peut par exemple s’interroger sur la pertinence de l’interface à la Destiny, avec un curseur à balader au stick pour activer les boutons présents à l’écran : s’il ne fait aucun doute que l’ergonomie sera plus agréable pour les joueurs PC équipés de souris, elle ne convainc pas forcément sur consoles et oublie même de mettre à profit le pavé tactile de la DualShock 4 qui se serait pourtant révélé bien utile dans ce contexte. Histoire de pinailler on relèvera aussi les quelques ratés de l’intelligence artificielle qui peut faire qu’un ennemi se bloque sur un obstacle en voulant se jeter sur Bayek, ou encore certains problèmes de collisions empêchant de passer à cheval dans des passages pourtant apparemment suffisamment larges.

Terminons avec un mot sur la bande son qui a la bonne idée de proposer des dialogues en six langues différentes (anglais, français, italien, allemand, espagnol et portugais), chacune nécessitant le téléchargement d’un pack de données pesant environ 500Mo. Les doublages français sont dans l’ensemble corrects, même si le ton de certaines répliques semble parfois un tantinet à côté. Côté musiques vous profiterez de compositions souvent discrètes mais sachant se faire entendre au moment propice.

Notre verdict

On aime

  • Un monde immense qui offre plein d’activités
  • La direction artistique nous plonge au cœur de l’Egypte ancienne
  • La prestation technique globalement satisfaisante
  • Un scénario intéressant
  • L’énorme durée de vie

On n'aime pas

  • Quelques ralentissements
  • Une IA parfois prise en défaut
  • Les séquences du présent anecdotiques

Après avoir déçu nombre de ses fans en exploitant à outrance une formule vieillissante, Ubisoft a enfin pris le temps de repenser sa série Assassin’s Creed afin de la faire entrer dans un nouveau cycle plus en phase avec son temps. Entre son monde immense fourmillant de vie et d’activités, son gameplay revisité et sa présentation de qualité, Origins devrait réconcilier la franchise avec son public. Alors certes les améliorations apportées à ce nouvel opus ressemblent à un patchwork de ce que d’autres ont proposé ces dernières années, mais la manœuvre a été intelligemment opérée pour garantir une bonne cohérence et, pad en main, la recette fonctionne parfaitement : on n’en demandait pas plus pour replonger dans cet univers découvert il y a bientôt dix ans et qui ne cesse depuis de s’enrichir.

Note finale : 9 / 10
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