Test The Evil Within 2

Publié le par Vincent
PS4

Lorsque le grand Shinji Mikami a sorti en décembre 2014 son survival-horror The Evil Within, nous en attendions plus du créateur de la série culte Resident Evil. Entre hommages, pompages et fausses bonnes idées (les bandes noires, les pièges mortels, le chapitrage), son scénario plus alambiqué que psychologique peinait à convaincre. Le projet tenait tout de même la route grâce à quelques envolées stressantes (monsieur tête de coffre-fort) et scènes d'action pas piquées des hannetons. Trois ans après, sa suite officialisée au dernier E3 est déjà entre nos mains sur PlayStation 4, Xbox One et PC. L'épisode de la maturité ?

Trail d’Union

Avec le même laps de temps qui sépare les deux jeux vidéo, The Evil Within 2 marque nos retrouvailles avec Sebastian Castellanos trois années après les événements de Beacon, l’appel au secours de l’asile psychiatrique qui avait causé tout le bordel dans le premier titre. Encore hanté par la mort de sa fille Lily dans l’incendie de la maison familiale, l'ancien flic n'est plus qu'une épave se laissant mourir à petit feu à grands coups d'alcool dans le gosier. Encore une journée à sombrer en solitaire quand, à son réveil en sursaut dans un bar, il tombe sur son ex-partenaire qui lui fait une proposition qu'il ne peut refuser. Sa fille ne serait en réalité pas morte mais seulement prisonnière du STEM, un appareil top secret qui connecte la conscience et l'inconscient de plusieurs personnes pas forcément fréquentables. Prêt à tous les risques pour sauver sa gosse, le bon père de famille replonge dans l'horreur. Cette fois, c'est personnel.

Ce prétexte scénaristique très cliché sert d'excuse à l'exploration de nouveaux lieux terrifiants peuplés de créatures de l'enfer. Les couloirs lugubres de l'asile et les villages moyenâgeux du premier opus cèdent leur place à une petite ville de banlieue américaine : Union. Cette bourgade typique avec ses quartiers pavillonnaires, ses commerces, ses entrepôts, ses espaces verts et ses salles de spectacle pourrait être un lieu de villégiature idéal si elle n'était pas déformée comme un décor d'Inception et bourrée de monstres. Sous l'emprise d'une sorte de malédiction, les habitants se sont transformés en zombies et autres aberrations empruntant autant à la witch de Left 4 Dead qu'aux claqueurs de The Last of Us. Le bestiaire est bien plus varié avec des monstruosités à deux membres, quatre pattes et même plus. Les boss humains sont sans doute les pires monstres par leur cruauté. La première mission de Sebastian sur place sera de retrouver des membres disparus de Mobius, la société secrète qui agit derrière tout ça, au contact desquels il trouvera un communicateur high-tech d'une importance capitale. Sorte de talkie-walkie, cet instrument permet de capter les fréquences radios des autres membres de la Team (ou de leur cadavre), les souvenirs résiduels qui stagnent dans certains lieux (pour découvrir les tragédies qui ont frappé certains habitants) et la direction des objectifs principaux.


A la manière d’un Silent Hill : Downpour ou d’un Deadly Premonition sans conduite, cette suite se veut semi-ouverte. Des quartiers entiers de la ville sont à explorer librement avec de nouveaux secteurs qui se déverrouillent à mesure de notre progression dans l’histoire. Un accès à la carte permet de s'y retrouver, de placer des balises et de localiser les quêtes principales et secondaires. Des missions facultatives sont en effet accessibles aux courageux bien qu'elles n'aient d'optionnel que le nom étant donné qu'elles permettent à coup sûr de mettre la main sur de nouvelles armes, munitions ou sacoches dont la possession est quasi-indispensables pour survivre dans ce monde dangereux. La difficulté relativement élevée du titre force le joueur à agir de manière discrète pour ne pas attirer l'attention des grappes de cadavres qui rodent dans les ruelles s'il ne veut pas finir éventré sur la chaussée. Un affichage indique si nos pas font du bruit, si un ennemi a un doute et si nous sommes repérés comme dans un vrai jeu d'infiltration. On peut faire diversion en balançant des bouteilles vides, et une touche va même jusqu'à nous plaquer aux obstacles pour nous dissimuler derrière eux et ainsi tourner autour pour échapper à notre prédateur direct. Les bourrins risquent de déchanter même si en possession d'un fusil à pompe on commence à avoir suffisamment de répondant pour survivre à une rixe locale, surtout si on pense à planifier ses attaques en déversant des barils d'essence sur le sol ou en ouvrant une bouche d'incendie pour jeter ensuite un carreau électrique dans l'eau. Vous l'aurez deviné, l'arbalète multifonction est bien de retour aux côtés d'autres armes à feu aussi classiques qu'indispensables.

Seb, c’est bien

L'exploration de la ville est aussi le seul moyen d'en découvrir les secrets. En entrant un peu au hasard dans certaines bâtisses on s'étonne d'en découvrir les cauchemars de leurs propriétaires. La réalité virtuelle dans laquelle on végète, rendue possible par le STEM, autorise bien des imprévus entre téléportations, flash-back, visions, hallucinations et autres artifices servant à nous transporter en plein film d'horreur. Les développeurs connaissent leurs classiques et ratissent large niveau septième art. On passe un peu du coq à l'âne par moment mais la mise en scène est suffisamment efficace pour qu'on passe l'éponge sur le côté délirant de certains effets. Ces apartés sont aussi récompensés par des items à glaner, dont des pièces détachées en pagaille qui servent par la suite à améliorer ses armes (dégâts, contenance, vitesse de charge, cadence de tir) et à la fabrication de munitions et de seringues de santé. Contrairement au premier opus il est cette fois possible de jouer au MacGyver en dehors des établis mais leurs coûts en ressources sont doublés. À réserver aux pires moments donc. Dans l'ensemble, l'onglet conception / amélioration est plus complet et intuitif qu'auparavant. Un bon point pour l'ergonomie.

L’inventaire est aussi bien chargé de documents textuels approfondissant le background, de diapositives cachées à lire depuis votre quartier général, de clés pour les casiers et de gel vert qui sert à booster ses aptitudes auprès de l’infirmière Tatiana à rejoindre via des miroirs magiques. Un nouveau gel rouge s’incruste ici pour déverrouiller de nouvelles aptitudes, comme par exemple pour doper notre endurance étant donné que les cavalcades dans les rues consomment désormais une jauge orange en dessous de la barre de vie. Pour le reste, notons la présence d'un raccourci pour saisir un couteau de chasse afin de briser des caisses facilement, se défendre tant bien que mal ou suriner ses proies en arrivant dans leur dos, ainsi que l'introduction d'une lampe de poche plus pratique que les lanternes passées. Et cette fois plus besoin de mettre le feu aux corps, ils fondent en quelques instants pour libérer l'affichage.

A la question « The Evil Within 2 fait-il peur ? » la réponse n'est pas si évidente. En optant pour un open world la tension est plus diluée et en privilégiant l'infiltration aux affrontements directs les ennemis s'apparentent plus à de vulgaires soldats à contourner qu'à des goules prêtes à nous croquer, à occire par tous les moyens. Ceci étant, de manière assez irrégulière avouons-le, le jeu parvient à faire grimper la pression dans des couloirs sombres où on anticipe un danger, face à des ennemis au character design inspiré ou de taille démesurée. Tango Gameworks n'a pas fabriqué une usine à jump scares faciles mais une expérience sporadiquement tendue où le sentiment d'insécurité est omniprésent. Côté histoire par contre, nous lorgnons toujours plus du côté de la série B que du scénario tortueux et inattendu, même si là aussi du mieux est à signaler.


Ne passons pas sous silence un sursaut graphique bienvenu en trois ans. L'abandon des plateformes de la génération précédente a libéré les graphistes et le moteur Stem Engine (une version modifiée de l'id Tech 5) offre un rendu moins terne, plus réaliste, avec de meilleurs éclairages et tournant en 30 images par seconde sans broncher. Pas d'optimisation PS4 Pro à signaler et, en attendant un hypothétique patch, le soft n'a ni HDR ni résolution 4K à nous mettre sous la dent. Précisons aussi que les affreuses bandes noires façon cinémascope n'existent plus, pas même en option. Comme ça quand une gerbe de sang vous vient dessus nous avons tout l'écran pour en profiter ! L'ambiance sonore est bien dans le registre épouvante avec des musiques qui montent crescendo lors des moments de tensions et qui se veulent discrètes mais présentes le reste du temps. Les doublages français sont les mêmes pour Castellanos et Kidman, les autres sont tout à fait convenables. Enfin, question durée de vie, le spectacle est assuré pendant une quinzaine d'heures pour voir le générique de fin et facilement le double pour les complétistes qui veulent tout découvrir, tout débloquer et tout améliorer à fond. Vous en aurez pour votre argent.

Notre verdict

On aime

  • Une réalisation revue à la hausse
  • Un monde semi-ouvert à explorer
  • Les missions secondaires et objets à collecter
  • Un sentiment d’insécurité permanent
  • Quelques moments de tensions bien mis en scène
  • Des menus plus ergonomiques et pratiques

On n'aime pas

  • Pas vraiment flippant
  • Parfois un peu « fourre-tout »
  • L’infiltration limite trop présente
  • Pas d’optimisation PS4 Pro

The Evil Within 2 est le genre de suite idéale comme on aime en voir dans le jeu vidéo. La plupart des défauts du premier opus ont été corrigés et l'ensemble paraît plus profond et cohérent que les tâtonnements précédents. C'est en quelque sorte le survival-horror qu'on aurait aimé avoir dès le début qui s'offre enfin à nous : beau, long, varié, assez difficile, plein d'à-côtés et d'exploration pour ceux qui veulent savoir plus. Tango Gameworks nous livre une copie quatre étoiles qui mérite l'attention des fans du premier jeu et des autres qui veulent découvrir la série directement par le plat de résistance. Seul regret : la peur pas vraiment présente, remplacée à la volée par un sentiment d'insécurité permanent et des pics de pression de temps en temps.

Note finale : 8.5 / 10
Les commentaires
Le
Bon test, mais dans les + y a La DA qui est sublime je trouve, dans les - y a le patch PS4 Pro et One X qui devrait pas tarder.

Il manque aussi les bugs de collision qui sont trop chiants. Pour ce qui est de l'infiltration trop présente pas daccord, tout dépend de ta façon de jouer. Mon premier run je l'ai fait en "Kill Everything" mode survie et j'étais large pour le dernier boss. Là en classique je fuis dans quasiment toutes les zones. Donc pas vraiment d'infiltration non plus.

Mais bon test dans l'ensemble! Note largement méritée!
Le
Ah oui j'ai oublié de dire que Seb grimpe un peu partout quand on court. Bonne nouvle pour le patch PS4 Pro.

Après, faut bien lui trouver des défauts hein.
Le
J’espère qu’ils lâcheront pas la licence Evil Within...
Le
Kurita92 a écrit : ven. 8 déc. 2017 10:19 J’espère qu’ils lâcheront pas la licence Evil Within...
En même temps si ils ne sont pas capables de faire une bonne promotion à leur titre
Le
Mordor a totalement éclipsé le titre... Sur Facebook et YouTube, même à la TV je voyais La pub Evil Within 2.
Le
Kurita92 a écrit : ven. 8 déc. 2017 19:06 Mordor a totalement éclipsé le titre... Sur Facebook et YouTube, même à la TV je voyais La pub Evil Within 2.
Le problème, c'est surtout de bien en parler avant...je ne dis pas que le marketing est passé à la trappe, mais autant on se fait marteler la tronche pendant des années pour certains titres, autant pour TEW2, me rappel pas avoir vu ou lu bcp de choses. Ca vient peut être de moi....vu que de toute façon, quoiqu'il arrive, il allait faire parti de ma shopping list

Je prévois déjà un petit TEW3 sur cette dernière
Le
Et avec une démo jouable, ça va l'aider à se vendre ?

Communiqué : Bethesda Softworks, société de ZeniMax Media, annonce aujourd’hui la disponibilité de la démo gratuite de The Evil Within 2 sur Xbox One, Playstation 4 et PC, permettant aux joueurs de découvrir les premiers chapitres du terrifiant The Evil Within 2.

La démo de The Evil Within 2 permet aux joueurs d’arpenter les terrifiants couloirs du jeu ainsi que les vastes rues de la ville d’Union. Ils disposeront également d’un accès complet aux options de personnalisation de Sebastian, afin de l’adapter à leur style de jeu et de pleinement profiter de l’expérience de The Evil Within 2. Une fois la version d’essai terminée, les joueurs auront la possibilité de conserver leurs sauvegardes s’ils décident d’acheter la version complète de The Evil Within 2.

The Evil Within 2 est disponible sur PlayStation 4, Xbox One et PC. Cette suite du survival horror créé par Shinji Mikami et acclamé lors de sa sortie en 2014 renvoie le joueur en enfer dans la peau du détective Sebastian Castellanos. Dans une course effrénée pour sauver sa fille, Sebastian devra affronter des créatures contre-nature dans des décors terrifiants et faire face à ses propres cauchemars.
Le
Sauf qu'une démo jouable est faite pour être présente avant la sortie du titre, la sortir plusieurs semaines après, quand le tarif du jeu à déjà du être revu à la baisse ou quand on s'aperçoit finalement que le titre ne s'est pas assez bien vendu, ça reste un peu bancal.

Durant l'ère PS360, je me rappel que nous avions un paquet de démos jouables avant la sortie des jeux ou juste durant la semaine de lancement, actuellement on a de la chance quand une démo jouable voit le jour Faut dire... déjà qu'ils n'arrivent pas à nous sortir des titres sans devoir lourdement les patcher day one, alors sortir une démo jouable quelques temps auparavant
Le
Au contraire, le timing est parfait.
C'est bientot les fetes, les gros titres sont deja tous sortis et rien a l'horizon comme grosse nouveauté. C'est le moment pour relancer un jeu
Le
Surtout que le jeu est à 30€ donc oui timing parfait!
Le
infel2no a écrit : lun. 11 déc. 2017 18:12 Au contraire, le timing est parfait.
C'est bientot les fetes, les gros titres sont deja tous sortis et rien a l'horizon comme grosse nouveauté. C'est le moment pour relancer un jeu
Heuh, généralement les cadeaux des fêtes de Noel, sont effectués, dans une grosse partie, avant la mi décembre, ça fait un peu tard pour s'y mettre, même si je suis d'accord rien n'est joué

Justement concernant le tarif actuel, il aurait été bien plus judicieux pour Bethesda que le jeu se vende à 60-70 euros et non attendre que ce dernier soit à 30 euros et qu'il ait à moitié bidé pour s'en préoccuper en sortant à la va vite une démo jouable. Ce n'est que mon avis.
Le
Sur un produit tu as un cycle de vie et apparemment celui de ce jeu etait plus court, c'est une maniere de relancer ce cycle c'est tout
Le
infel2no a écrit : lun. 11 déc. 2017 20:00 Sur un produit tu as un cycle de vie et apparemment celui de ce jeu etait plus court, c'est une maniere de relancer ce cycle c'est tout
Je comprend bien, mais ce n'est plus un cycle de vie là , je rappel que TWE2 est sortit le 17 Octobre, soit même pas deux mois, bientôt le jeu passera en GOTY avant le lancement

Je comprend aussi que la démo coïncide au changement de prix, mais c'est un peu couler du ciment après avoir passé le crépi extérieur Une démo avant le lancement d'un jeu est toujours plus judicieux, sauf si la démo est tellement pourrie qu'elle risque de couler le titre
Le
Bah ils reagissent c'est bien

Jeux concernés

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