Sa vie ne tient qu’à un fil
Unravel s'ouvre sur une scène cinématique présentant une personne âgée qui regarde, émue, une vieille photographie avant de monter dans sa chambre avec un panier chargé de pelotes de laine. L'une d'entre elles, la rouge, tombe malencontreusement dans l'escalier et roule jusqu'à la table de la cuisine. Sortant de derrière les pieds de la table, nous voyons apparaître Yarny, le protagoniste de cette aventure, constitué d'un unique fil de laine tressé qui se déroule lentement à mesure qu'il se déplace. On en prend le contrôle, entre les objets du quotidien, jusqu'à atteindre une photo posée sur un meuble. La vue de ce cliché nous transporte littéralement dans un autre lieu, dans des décors naturels qui constituent les précieux souvenirs de cette famille dont nous ne savons rien mais que nous découvrons lentement, par bribes. Muette, subtile, uniquement portée par une magnifique bande-son et les mimiques de notre bonhomme rouge, la narration parvient malgré tout à nous toucher en abordant des thèmes universels comme le temps qui passe, la nostalgie, l'amour, le respect de la nature ou la mélancolie. Une mosaïque d'émotions véhiculées par un héros inhumain paradoxalement plein de vie, d’une gestuelle et de réactions aussi naturelles qu'innocentes qui renvoient à l'enfance et à l'émerveillement de la simple découverte. Ce mélange de sentiments est pour beaucoup dans l'attachement qu'on peut avoir pour ce titre et aide à pardonner ses petits défauts.
Unravel est un jeu de plateforme / réflexion d'apparence classique qui tire parti des propriétés physiques de sa star pour apporter un peu d'originalité à son moulin. Pendant tout son périple notre diablotin traîne derrière lui un fil de laine et cette ligne de vie peut lui servir de fouet pour s'accrocher et passer au-dessus de trous, pour attraper des objets à distance ou actionner des mécanismes. Il peut également attacher sa corde pour descendre en rappel ou la tirer entre deux points pour fabriquer un pont (ou une rampe à objets) qui servira également de trampoline en passant le doigt sur le pavé tactile de la DualShock 4. Étant donné qu'il s'effiloche à chaque pas, les déplacements de notre gars sont limités par les mètres de laine qui le composent. Il n'est donc pas rare d'arriver en bout de sa bobine plus tôt que prévu à cause d'un accrochage de points inutilement complexe. Revenir sur ses pas pour démêler les nœuds devrait faire gagner les quelques centimètres qui manquaient pour atteindre le prochain checkpoint synonyme de recharge de laine. Et heureusement que les niveaux sont parsemés de points de sauvegarde réguliers car les échecs ne seront pas rares durant notre parcours, la faute à une inertie trop prononcée, à un personnage trop lent ou à une distance mal évaluée selon les cas. Certains passages de plateforme du type « saut de liane en liane » peuvent paraître ardus tout comme ceux qui demandent réflexes et rapidité. Pas de quoi s'arracher les cheveux pour autant mais la partie réflexion basée sur la physique est mieux calibrée, avec des puzzles à base d'objets à pousser, à tirer ou des engins à actionner. La solution saute presque toujours aux yeux mais sa réalisation demande de s'y reprendre à plusieurs fois. Le lasso trouve également son intérêt pour se débarrasser d'ennemis sans les combattre, juste en les piégeant ou en faisant diversion. Notre jouet vivant est incapable de se défendre ou de nager, et meurt s'il tombe de trop haut ou s'il se faire écraser.
Un fil à la patte
Si on peut débattre sur la qualité de son level design un rien simpliste, sur certaines phases de plateforme hasardeuses ou sur les mécanismes un peu faciles de sa partie réflexion, en revanche tout le monde devrait se mettre d'accord sur la qualité de sa réalisation. Les graphismes d'Unravel sont sublimes et donnent tout son sens au terme photoréalisme trop souvent galvaudé. En focalisant la caméra sur un être aussi petit, on (re)découvre le monde à quelques centimètres du sol. Les souches d'arbre, les cailloux, les brins d'herbe qui volent au vent, les fleurs colorées, les papillons qui s'envolent ou la représentation de l'eau impressionnent par leur réalisme. Le travail sur les textures (la laine, le bois, la neige, la végétation) fait ressentir toute la puissance de nos machines. Le flou artistique en second plan est judicieusement employé pour masquer partiellement l'ampleur des décors baignés sous une lumière diffuse. Du vrai beau travail qui flatte la rétine.
La connaissance des commandes s’acquiert par des indications textuelles sur le premier niveau et ne pose pas de problème particulier une fois assimilée à condition de ne pas confondre les fonctions des boutons L2 et R2. La représentation en 2.5D ne permet pas de libre exploration, il suffit généralement d’aller tout droit pour atteindre la fin du niveau. Notre odyssée à travers les mémoires de ces anonymes nous fera parcourir une dizaine de niveaux de trente à quarante minutes chacun pour une durée de vie qui oscille entre cinq et six heures selon votre dextérité. Pour un prix de 19,99€ nous sommes dans la moyenne de ce qu'on attend d'un jeu dématérialisé réalisé avec un budget inférieur à un triple AAA mais qui possède bien plus de cœur qu'un titre industriel. Les plus ambitieux pourront s'amuser à récupérer les pièces cachées et souvent difficiles d'accès pour rajouter quelques heures de jeu, mais ce challenge annexe n'est pas indispensable et passer à travers n'est pas pénalisant pour comprendre l'histoire et s'approprier le message plein de bons sentiments.
Eric
Self
J'attendrais sagement qu'il soit offert sur le PSN+.
Vincent
J'ai aimé, c'est beau et rafraîchissant.
Bejita
J-WeL972
En tout cas j'ai beaucoup aimé et je recommande.
Eric
Delpij
Pouet
(C'est peut etre un code pour dl apres j'ai pas verif derriere si y avait une vrai jaquette).
Bejita
Vincent