Test Last Day of June

Publié le par Vincent
PS4

Chaque matin à notre réveil démarre le premier jour du reste de notre vie sans qu’on prenne conscience qu’il sera le dernier pour certains d’entre nous. Ce fut le cas pour June, une jeune femme qui filait pourtant le parfait amour avec Carl jusqu’à un tragique accident de la route. Meurtri par cette perte inestimable, notre héros à lunettes prostré sur son fauteuil roulant fera tout pour sauver celle qu'il aime. Arriverez-vous à changer le dernier jour de la vie de June ?

Quand l’Effet Papillon rencontre Un Jour Sans Fin

Le synopsis du nouveau jeu du réalisateur de Murasaki Baby sur PlayStation Vita nous met tout de suite dans l'ambiance : nous ne sommes pas là pour nous fendre la poire mais pour fondre en larmes devant cette expérience émotionnellement forte inspirée par le cinéma. Vendu comme une fable interactive moderne ayant pour thèmes l'amour, le deuil et le destin, Last Day of June entre parfaitement dans cette mouvance de jeux indépendants jouant sur la corde sensible comme les récents Blackwood Crossing ou Silence. Sa direction artistique originale permet aisément de véhiculer des sentiments sans jouer sur le photoréalisme des visages mais sur le réalisme de la situation. Les personnages semblent façonnés dans du bois tendre avec des cavités vides pour les orbites, des membres tout fins surplombés par des grosses têtes et un langage abstrait digne du Simlish fait de sons et d’onomatopées. Cette similitude avec des pantins articulés n'a rien d'étonnant quand on sait que l'animateur Jess Cope a précédemment travaillé sur le film d'animation Frankenweenie en 2012 avec le même genre de personnages animés en stop motion, irréels dans leur présentation mais crédibles dans la justesse de leurs émotions. Les décors très lumineux lorgnent davantage du côté de l'aquarelle avec des aplats colorés pour les feuilles des arbres, le ciel et les sols. C'est du très joli travail dont les nuances de couleurs – chaudes pour la vie, froides pour la mort – séparent bien les tons entre l'avant et l'après, entre la joie et la peine. L'habillage est sublimé par les mélodies de Steven Wilson aux sonorités douces et mélancoliques, appuyant sur le temps qui passe et la nostalgie du moment.


Avec un tel background il paraît évident que le gameplay n'a pas vocation à servir un challenge relevé à base de score à battre ou de boss à tuer. Ici il est surtout question d'exploration légère des décors et d'interactions avec les habitants du village. En effet, la passion de June était la peinture et plus spécialement les portraits. Allez savoir pourquoi, quand le veuf Carl se concentre sur ces toiles illustrant les voisins, il parvient à remontrer le temps façon « Effet Papillon » (le film de 2004). On contrôle alors le sujet du tableau, un des quatre habitants du hameau parmi une jeune femme, un enfant, un vieillard et un chasseur. Ces quatre âmes ont toutes leur part de responsabilité (plus ou moins établie) dans la mort accidentelle de June et c'est au joueur de remonter la chaîne d'événements – parfois anodins – pour éliminer celui qui causera cette issue fatale. Comme un certain fatalisme ou une malédiction, changer la cause principale de l'accident va entraîner à son tour un autre événement qui amènera quand même le décès de l'héroïne, à la manière des films Destination Finale ou dans ces faits divers de passagers qui ont raté un avion qui s'est crashé pour finalement mourir sur la route le lendemain.

Jouez à Destins pour changer de vie

Le destin semble vouloir rattraper June mais la détermination de Carl est inflexible : en cas d'échec, le joueur doit rembobiner la boucle temporelle pour revivre ce jour sans fin en modifiant l'activité d'un des voisins à l'heure fatidique. Tout l'intérêt du titre consiste à faire coïncider les actions de chacun sans impacter celles des autres et sans provoquer l'accident. Et comme pour occuper ce beau monde, il y a souvent un objet en commun que deux aimeraient utiliser en même temps, il faut tester plusieurs combinaisons avant de trouver la bonne. On en revient à la scène du film « Un Jour Sans Fin » quand Bill Murray tente de plusieurs façons de sauver un sans-abri. Ce tâtonnement ne dure de toute façon pas bien longtemps puisqu'en un peu plus de trois heures la routine est brisée pour arriver au générique de fin. Ces heures à refaire la même chose – à quelques changements près – peuvent déjà paraître une éternité pour les joueurs les moins patients d'autant qu'il est impossible de zapper les cut-scenes qu'on risque alors de revoir une dizaine de fois. Last Day of June n'offre que peu d'interaction, aucun dialogue ni tutoriel (à se demander quoi faire par moment) et juste une quête des souvenirs perdus dans les décors comme activité annexe. Généralement inaccessibles au premier run de chacun, il faudra déverrouiller les portes de jardin avec un autre personnage pour atteindre les cinq souvenirs individuels des voisins par la suite. Un petit plus appréciable mais qui ne gonfle pas vraiment la durée de vie.

Pour 19,99€, l’addition pourra paraître salée pour si peu de temps de jeu mais l’expérience restera sans doute longtemps dans la mémoire de ceux qui l’auront parcouru. La forme est soignée, les rares textes sont en français, le fond est touchant et plein de bons sentiments. La pilule serait mieux passée à 14,99€ voire 9,99€ mais jouer avec le destin en manipulant les agissements d’une poignée d'êtres humains est une activité suffisamment originale dans le jeu vidéo pour mériter une certaine attention de votre part.

Notre verdict

On aime

  • La direction artistique originale et stylée
  • Les musiques douces et adéquates
  • L’émotion présente du début à la fin
  • Jouer avec le temps pour changer le destin
  • Les réactions en chaîne et leurs conséquences

On n'aime pas

  • Impossible de zapper les cut-scenes
  • On piétine parfois à chercher quoi faire
  • Les temps de chargement longuets
  • Un peu court
  • Un peu cher

Courte mais attachante fable sur le deuil, Last Day of June utilise l’effet papillon pour nous montrer que chacun de nos actes, même anodin en apparence, peut avoir de lourdes conséquences sur la vie d’autrui. Servie par une direction artistique originale et une bande sonore bien choisie, cette aventure narrative larmoyante touchera aisément la plupart d’entre vous. Le prix à payer est relativement élevé, on se perd parfois à chercher la bonne combinaison d'actions mais l'expérience restera longtemps dans la mémoire des joueurs sensibles. Nous avions déjà été séduits par le travail du studio Ovosonico sur Murasaki Baby, alors ce second titre confirme que le développeur italien est désormais à suivre de près.

Note finale : 7 / 10
Les commentaires

Aucun commentaire pour le moment. Soyez le premier à donner votre avis !


Jeux concernés

Publicité