A ceux qui ne se seraient jamais intéressés à Danganronpa, on rappellera brièvement que la série met en scène un groupe de lycéens, réunis dans un lieu clos par un étrange personnage du nom de Monokuma, à l'occasion d'un drôle de jeu : si un élève veut sortir libre de cette prison, il doit assassiner l'un de ses camarades sans se faire démasquer, sans quoi il se fera tuer à son tour... Battle Royale, vous avez dit ? Il y a effectivement un peu de ça.
Des qualités toujours présentes
Portages obligent, les deux aventures n'ont bien évidemment rien perdu de leur attrait et brillent encore aujourd'hui par leur sens du rythme (en dépit de quelques longueurs, lors des phases d'exposition) et de la mise en scène, à grand renfort d'artifices visuels pour le moins tapageurs. Le Persona du visual novel, en somme. Reste que l'ensemble se montre toujours aussi percutant et haletant (les procès, un régal), orchestré de main de maître par l'ours-robot Monokuma. Le casting de lycéens vaut lui aussi le détour, avec ce qu'il faut de clichés tirés de l'imagerie japanime. On pourra toujours trouver à redire sur deux ou trois fautes de goût dans le design, mais cet aspect volontairement fou-fou du visuel va de pair avec le ton tragicomique de la série. Pour autant, les deux jeux plongent littéralement le joueur au cœur de ce petit jeu de massacres, avec toujours ce même leitmotiv : découvrir quel personnage sera le prochain à faire les frais de l'imagination débordante de Monokuma et les conséquences que cela va avoir sur le reste de groupe...
Côté jeu pur, on rappelle bien évidemment que le jeu alterne phases d'enquête et de procès, à la manière de la série des Phoenix Wright. Même si tout doit désormais se faire au stick (le pavé tactile est useless), la navigation dans les différents écrans demeure toujours aisée, limpide, facilitant la progression du joueur à chaque instant. Un modèle d'interface dans le genre, qui contribue encore à la dynamique générale. On retient aussi une montée en puissance des différentes mécaniques, en particulier lors des procès (par le biais de mini-jeux), qui permet ainsi de renouveler l'intérêt à chaque nouvelle affaire, tout en maintenant une certaine pression. Jusqu'au dénouement – génial – des deux aventures, à savourer sans modération. On vous aura prévenu.
L'ours mal léché
Au-delà des qualités des deux jeux – qui ne sont plus à démontrer – il s'agit avant tout d'évaluer, ici, leur portage sur PlayStation 4, à travers ce fameux « Reload ». Et malheureusement, le tableau est un peu moins rose sous cet angle-là... D'abord, on remarque très vite que le minimum syndical a été consenti pour remettre les deux titres à jour sur le plan visuel. Les versions Vita étant déjà des portages de la PSP (si, si), l'aliasing commence ainsi sérieusement à se voir sur console de salon. Sans parler du léger flou enveloppant certains modèles, étirés sans ménagement pour pouvoir passer en haute résolution... De facto, le rendu à l'écran n'est pas toujours du plus bel effet.
Une nouvelle fois, on déplore aussi l'absence de localisation française, qui aurait sans doute permis une meilleure compréhension de certaines énigmes/mécaniques, et ainsi d'ouvrir la série à un public plus large. C'est d'autant plus difficile à comprendre, aujourd'hui, qu'il a été annoncé que les textes de Danganronpa V3 : Killing Harmony (prévu pour le 29 septembre prochain) seront, eux, entièrement traduits dans la langue de Molière... Simple question de cohérence.
Enfin, on ne peut que regretter l'absence de bonus à même d'inciter les fans à repasser à la caisse. On aurait pu imaginer l'inclusion d'un scénario additionnel ou d'un simple making of, voire des différentes séries animées... Et bien non. Ici, rien de tout ça. Nada. A l'heure où certaines compilations profitent de la case remasterisation pour offrir aux joueurs un peu de contenu inédit (coucou les Kingdom Hearts HD), voilà le genre d'ajouts qui n'aurait pas été de trop dans ce « Reload ». Et même s'il ne s'agit « que » d'un spin-off à la série, le jeu d'action Another Episode : Ultra Despair Girls aurait pu constituer une bonne parenthèse à faire entre les deux épisodes principaux. Car, oui, on ne recommande pas forcément d'enchaîner les deux aventures, au risque de rendre la seconde indigeste – faute d'action – et surtout, moins surprenante... Pour le coup, on parle d'expérience.
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