Mammago a écrit : ↑dim. 16 juin 2024 14:42
Je ne sais pas où tu as vu que la suppression de la richesse était prévue.
Je ne dis pas que c'est prévu, je dis que l'objectif "d'éradiquer la pauvreté" sur la définition de la médiane aura cette conséquence. Précisément parce que la pauvreté a été définie en relatif par rapport à la médiane, et non dans l'absolu (du genre "avoir les moyens de se loger/manger à sa faim/avoir accès à tel type de confort/...). Donc le pauvre se définit par rapport aux autres, et faire disparaître la pauvreté se définit par rapport à l'ensemble de la richesse de la population.
Si j'essaie d'enrichir les pauvres en enrichissant tout le monde, ça ne marche pas parce que la médiane bouge. Mettons que je multiplie tous les salaires du pays par 10, je multiplie alors la médiane par 10 et ceux qui étaient pauvres avant seront toujours aussi pauvres puisque toujours en-dessous des 60% de la médiane. Il faut donc raisonner à médiane constante, avec la moitié de la population en-dessous et l'autre moitié au-dessus (définition de la médiane).
Si je n'agis que sur la moitié qui est en-dessous sans toucher à celle qui est au-dessus, je "tasse" la moitié de la population sur la tranche 60%-médiane. Dans l'absolu il n'y a pas nécessairement de perte de richesse, mais c'est là qu'on génère un sentiment de déclassement, ceux qui étaient dans la classe moyenne voient les plus démunis se rapprocher d'eux, sans qu'eux n'aient le sentiment de monter en richesse (et de fait ils ne montent pas, puisqu'ils restent sous la médiane). Mathématiquement il n'y a plus de pauvre sous la définition de la règle des 60%, mais dans la perception t'as la moitié de la population qui se retrouve dans la "tranche pauvre", avec beaucoup qui vont commencer à se demander "à quoi ça sert que j'aie fait un BAC +3 si c'est pour vivre comme un smicard...".
La seule façon de mettre un peu d'équité dans tout ça c'est bien sûr de ne pas seulement "tasser" en-dessous de la médiane, mais également de tasser au-dessus. Et donc de supprimer de la richesse, ce qui donnera l'impression à ceux qui ne bougent pas de se rapprocher des riches, alors que ce sont en fait les riches qui se rapprochent d'eux.
Enfin comme on le comprendra je ne pense pas que la définition de la pauvreté en ratio de la médiane soit vraiment une bonne base de travail, justement parce que ça ne dit absolument rien des conditions de vie qui vont avec cette classification. La définition est biaisée d'entrée parce qu'elle implique que l'objectif est d'être égalitariste, et non que chacun dispose de ce dont il a besoin.
Mammago a écrit : ↑dim. 16 juin 2024 14:42
Enfin pour l'antisémitisme, tu mets exactement le doigt sur le problème selon moi. En ne qualifiant pas de terroriste l'attaque du Hamas du 7 octobre, c'est tout de suite être antisémite. Alors qu'en ne qualifiant pas de terroriste l'attaque, hé bien on ne la qualifie pas de terroriste.
Oui enfin on est sur un jeu de dupes. Ok ne pas dire une chose ne veut pas dire qu'on pense le contraire, mais refuser obstinément de le dire alors qu'il n'y a aucune raison objective de le nier est bien un signe de complaisance. Ca ne trompe personne, ni les journalistes ni les opposants politiques (raison pour laquelle ils essaient de leur faire cracher le morceau en sachant qu'ils ne le feront pas), et pas non plus les électeurs qui voient dans ce refus de s'exprimer un signe de soutien. Et cette complaisance n'est pas qu'une question de mots, elle alimente le sentiment de légitimité (on y revient) des personnes qui tiennent des positions extrêmes, voire de permettre à certains d'entre eux d'accéder à certains postes à responsabilité. Et j'en aurais autant pour les accomodations plus que limites avec les identitaires et "postcoloniaux".
Je reprends le parallèle avec le RN, on ne peut pas (plus) vraiment dire que leur programme soit ouvertement raciste, mais on sait bien qu'ils comptent sur le vote des racistes, que leur programme et leur communication sont conçus pour plaire aux racistes, et qu'il y a des racistes parmi leurs dirigeants.