Enfin fini
Death Stranding, après 72 heures (avec toutes les stations connectées et les étoiles). J'ai vraiment pris mon temps...
Les quinze premières heures font office de gros tutoriel, le temps d’appréhender le concept, les mécaniques de jeu. C'est long et laborieux, sans compter que le scénario met vraiment du temps à se lancer. Clairement, faut s'accrocher. Les choses s'améliorent dès lors que les espaces s'ouvrent et que les possibilités s'étoffent. Le concept du jeu prend alors tout son sens, tout en conservant l'idée qu'il n'y a pas de récompense sans effort (avant de reconnecter un abri, il faut quand même traverser un environnement souvent cabossé, voire carrément hostile, sans la moindre assistance ni possibilité d'ériger des structures). Les upgrades se débloquent en nombre et de manière progressive, même si j'aurais sans doute aimé qu'il y ait encore davantage d'outils ou d'éléments de personnalisation.
Reste que les interactions asynchrones sont une merveilleuse idée, vraiment bien exécutée. En revanche, toute cette mécanique tranche avec les interactions très limitées de Sam avec les preppers et les autres personnages de l'histoire. Le jeu a, je trouve, un gros souci d'écriture et surtout, de dosage dans la narration. Pendant toute la première moitié du jeu, tu multiplies les livraisons sans en voir l'intérêt, sans trop croire au but visé (réunifier la nation), un peu à l'image du héros d'ailleurs. Tu es surtout happé par l'univers singulier, par le gameplay, la satisfaction d'une livraison réussie, d'une rencontre, d'une récompense... Bref, par un sentiment de découverte perpétuelle. C'est ce qui, moi, m'a tenu. Puis arrivé au dernier quart du jeu, tu te surprends à voir l'histoire décoller enfin, à voir toutes les révélations se faire jour dans les quatre derniers chapitres jusqu'à ne quasiment plus jouer. La conclusion est satisfaisante certes, mais je pense que beaucoup d'éléments auraient pu être abordés plus tôt dans l'intrigue, pour moins avoir ce sentiment de déséquilibre. Car au final, j'ai presque eu l'impression de jouer à deux jeux distincts.
Je crois qu'il faut être un minimum réceptif à l’œuvre globale de Kojima pour pleinement apprécier Death Stranding. Le jeu est tellement meta, à de multiples égards, qu'il se risque à ne parler qu'à ce public-là. C'est ce qui le rend si difficile à appréhender (surtout au début), alors que l'histoire et le propos sont pourtant assez limpides. Il n'empêche, la capacité de Kojima à imaginer des univers aussi originaux, aussi fouillés me fout sur le cul. Même en cédant encore trop facilement au too much (certains dialogues sont vraiment navrants), il arrive à te convaincre de son délire, à rendre tout ça très cohérent et ça dit tout de son génie créatif. Le casting de malade a aussi une part non-négligeable dans cette réussite, en faisant littéralement vivre cette drôle d'aventure.
Techniquement, c'est aussi impressionnant, surtout dans le relief donné aux environnements. Je n'ai jamais vu de montagnes qui paraissent aussi réelles, qui soient aussi difficiles à gravir dans un jeu vidéo. Et ça ne rame jamais, même sur une PS4 standard, l'optimisation est vraiment dingue. Mention spéciale aussi aux effets sonores, saisissants, ainsi qu'à la partition musicale très inspirée.
Mais je suis déjà trop long (sale habitude)... J'en retiens un très bon jeu, qui aurait pu être un chef-d’œuvre sans cette structure bancale, une écriture un peu plus soignée et une entrée en matière difficile. Je lui mettrais sans doute un
8/10.