Pas d'article argumentant dans un sens ou un autre, mais un descriptif global à peu près correct du Monde :
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/ar ... 55770.html
(à noter quand même des coquilles, comme le régime des avocats qui ne serait pas un "régime spécial" mais bon...)
Le sujet actuel est complexe, personnellement je vois au moins trois points différents à discuter :
- la mise en place d'un système universel
- la mise en place d'un système à points
- l'allongement (ou non) de l'âge de départ à la retraite
Le premier point (système universel) pour moi devrait aller de soi. La situation actuelle où il y a différents régimes en fonction des professions n'a pas de sens, et on arrive à des paradoxes genre un chauffeur de bus est mieux loti qu'un chauffeur routier, être pompier n'est pas considéré comme une profession à risque, certains ont leur retraite évaluée sur 25 ans et d'autres sur 6 mois (!!!),... Avoir le même système pour tout le monde, que l'on soit ouvrier, agriculteur, cadre, artisan ou sénateur, ça me semble une évidence. Surtout à une époque où on garde plus rarement le même boulot toute sa vie.
Le second (décompte de points), honnêtement je n'ai pas d'opinion forte dessus. Apparemment c'est ce qui est en place pour les complémentaires du privé et ça n'a pas l'air de marcher si mal. En tout cas personne ne s'en plaint. Les détracteurs accusent ce système de donner au gouvernement une variable d'ajustement économique du niveau de retraite, mais tant que c'est bien régulé je ne vois pas en quoi c'est un problème. C'est déjà le principe du SMIC, et personne ne remet en cause son existence.
Le troisième (âge de départ à la retraite), j'ai un peu de mal à le voir comme un sujet polémique quand depuis toujours je me suis entendu dire "de toute façon toi tu partiras bien plus tard à la retraite, si tant est que la retraite existera toujours". Pour le profil normal de travailleur, avec l'allongement de la durée et de la qualité de la vie, ça semble assez logique de rester actif plus longtemps. La limite des 60 ans n'est pas un seuil magique à partir duquel on a "mérité" de ne plus travailler, pour quelque raison que ce soit. Et un soixantenaire en 2020 n'est pas le même qu'un soixantenaire en 1980 (ou en 1945). Après pour ceux pour qui en raison d'une carrière éprouvante une année de plus est un effort considérable, il faut évidemment proposer des aménagements qui tiennent compte de la pénibilité. Mais là encore ça devrait valoir pour tout le monde et notamment tous ceux qui souffrent effectivement de la pénibilité.
Après oui forcément de tout remettre à plat, ça veut dire que tout le monde ne va pas être gagnant dans l'affaire. On peut comprendre que certains râlent ou soient inquiets, mais faut faire la part entre ceux qui seraient véritablement lésés par ces réformes, et ceux qui perdraient un avantage qui était à la limite de l'abusif.
Concernant les syndicats je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a une certaine hypocrisie dans leur démarche. Normalement un système universel ça leur donnerait de meilleurs moyens de défendre tous les travailleurs, et pas seulement les petites paroisses où ils sont bien implantés (industrie de production, transports,...). On se doute que les régimes spéciaux les plus avantageux ont été obtenus au moins autant par la capacité de certains groupes à faire pression (genre les cheminots) que par un besoin réel d'aménagement.
Enfin bon pour conclure pour moi ce projet c'est une démarche qui va dans le bon sens, ne serait-ce que parce qu'on évolue vers un système plus "propre" et gérable. Et pour ceux qui ne sont pas contents de la position des curseurs, un tel système devrait être un meilleur terrain de négociation pour les déplacer dans le bon sens. En gros vaut mieux tout mettre au clair et repartir sur de bonnes bases, quitte à y perdre sur certains aspects, que continuer à essayer de faire marcher un bric à brac né de 80 ans de bidouillages.