Test Tekken 7
Vingt-trois ans après son apparition dans les salles d’arcades et après s’être invitée sur toutes les consoles de Sony puis sur celles de Microsoft, la mythique série de combat de Namco débarque pour la première fois sur les machines de dernière génération. Les huit années d’attente depuis la sortie du précédent opus canonique ont évidemment été mises à profit pour offrir un habillage plus flatteur, mais aussi pour enrichir un gameplay que certains n’hésitaient plus à qualifier de trop conservateur. Le résultat est-il à la hauteur des attentes ?
Au cas où vous auriez raté un épisode, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que Tekken 7 est d’abord sorti dans les salles d’arcades japonaises en mars 2015, avant de connaître une seconde jeunesse en juillet 2016 avec sa version Fated Retribution qui offrait un casting élargi, de nouvelles arènes et de nombreux ajustements de gameplay. C’est évidemment cette version améliorée qui a servi de base aux déclinaisons consoles qui sortent aujourd’hui.
Des modes de jeu sans grosse surprise
A tout seigneur tout honneur, c’est au mode Histoire « La saga Mishima » que nous nous intéresserons en premier lieu : comme son titre l’indique le scénario nous propose d’en apprendre plus sur les rivalités qui sévissent au sein du clan Mishima, et plus précisément entre le patriarche Heihachi et son rejeton Kazuya. Vous y découvrirez notamment pourquoi et comment le second a acquis ses pouvoirs de démon, et ferez en même temps connaissance avec sa mère Kazumi qui fait ici une première apparition très remarquée dans la série. Les fans de Jin (fils de Kazuya) en seront en revanche pour leurs frais, celui-ci tenant un rôle relativement secondaire dans l’histoire.
Dans la pratique, le mode Histoire se compose d’un prologue, 14 chapitres, un épilogue et un chapitre spécial accessible une fois tous les autres bouclés. Très différent de l’ersatz de beat-em-all proposé par Tekken 6, il s’inscrit plutôt dans la lignée des modes scénarisés vus dans les productions NetherRealm (Mortal Kombat X, Injustice 2…). Chaque chapitre bénéficie ainsi d’une narration appuyée par de longues cut-scenes, que d’aucuns trouveront d’ailleurs sans doute un peu trop bavardes : il n’est pas rare de passer plus d’une minute à regarder l’introduction, à combattre à peine plus longtemps, et à poser encore la manette pour visionner une conclusion parfois elle aussi un peu longuette. Bref on passe quasiment plus de temps à jouer les spectateurs que les guerriers, ce qui ne sera forcément pas du goût de tout le monde. Il n’empêche que les éléments scénaristiques dévoilés tout au long de l’aventure feront la joie des fans de la série, tout en risquant de paraître un peu confus aux nouveaux venus.
Détail amusant, tous les personnages du jeu s’expriment dans leur langue natale dans les cut-scenes : ne vous étonnez donc pas que Lili réponde en français à Asuka qui lui parle japonais, ou que Heihachi et Claudio conversent l’un en japonais et l’autre en italien ! Précisons aussi que les combats en eux-mêmes ne seront pas forcément tous des duels, quelques-uns vous proposant d’affronter successivement plusieurs soldats génériques voire des Jack-7 avant de passer à la suite, ou d’incarner deux combattants différents dans deux affrontements successifs. Enfin, sachez que quelques QTE surviennent de temps à autres, aussi rares que vite oubliés.
Etant à la fois relativement court (comptez trois ou quatre heures pour le boucler) et centré sur les Mishima, vous ne serez pas surpris d’apprendre que le scénario principal du mode Histoire ne met pas en scène l’intégralité du casting de Tekken 7. Qu’à cela ne tienne, les développeurs ont ajouté des Episodes de personnages qui vous permettront de prendre en main chacun des combattants du jeu : là encore vous aurez droit à une introduction, un match et une conclusion, les évènements relatés par les cut-scenes tentant de relier de manière plus ou moins directe le combat à l’histoire principale. Sympathique, mais sans doute un peu léger.
Vous l’aurez compris, ce sont vers les modes de jeu plus classiques que vous devrez vous tourner pour réellement tenter de maîtriser chacun des personnages disponibles : le mode Entraînement et ses multiples options de configuration vous permettront de travailler encore et encore vos enchaînements, mais c’est dans les modes Arcade (sept combats à la suite) et Versus (contre un adversaire humain) que vous verrez si les séances ont vraiment été payantes. Ajoutez à cela le mode Combat au trésor qui vous permettra d’enchaîner les combats contre l’IA afin d’obtenir des tas de récompenses (tenues et objets de customisation), et vous obtenez une offre à laquelle il manque tout de même un vrai tutoriel (histoire de bien découvrir les spécificités de chaque personnage), un mode Time Attack (généralement un mode Arcade chronométré) et un mode Survival (le mode Combat au trésor s’en rapproche mais il redonne une barre de vie complète après chaque match !). Evidemment les plus courageux visiteront rapidement la section En ligne pour trouver des adversaires du monde entier et tenter de figurer en bonne place dans les classements : vous pourrez y disputer des matchs classés ou non, ainsi que des tournois rassemblant jusqu’à huit joueurs.
Histoire d’être totalement complet, sachez que la section Galerie du menu principal vous permettra d’acheter (avec la monnaie in-game) l’ensemble des cinématiques et des illustrations de tous les Tekken sortis jusqu’ici : évidemment les vidéos PS1 piquent les yeux sur grand écran (à vrai dire celles de la PS2 aussi !), mais voilà tout de même une excellente initiative qui ravira les fans de la série.
De nouvelles têtes et des absents
Côté casting ce sont 36 personnages qui vous attendent dans Tekken 7, dont 27 revenants et 9 personnages inédits. On trouve dans la première catégorie Panda, Lee, Bob, Nina, Miguel, Kuma, Eddy, Yoshimitsu, Dragunov, Hwoarang, Law, Asuka, Shaheen, Kazuya, Heihachi, Lili, Lars, King, Bryan, Steve, Paul, Xiaoyu, Jin, Devil Jin, Leo, Alisa et Feng : tous ont vu leur panel de coups revisité mais se jouent peu ou prou comme dans les précédents opus.
Parmi les nouveaux venus vous découvrirez :
- Kazumi : la mère de Kazuya évoquée plus haut, karateka émérite (entre autres, mais on vous laisse la surprise !) qui fait office de boss de fin dans le mode Arcade.
- Master Raven : une femme ninja qui offre un style de combat dans la lignée de celui de Raven, absent de cet épisode.
- Claudio : un exorciste qui peut avoir recours à la magie.
- Lucky Chloe : une danseuse pop doublée d’une acrobate aux tenues très kawai qui, à l’instar des personnages ayant recours à la capoeira, ne tient pas en place dans l’arène.
- Katarina : une brésilienne aux formes généreuses adepte de la savate, mais qui n’hésite pas de temps à autre à employer des coups en provenance directe de nos amis catcheurs.
- Gigas : un monstre imposant qui rappelle les Protecteurs de Bioshock et dont les coups réduisent sérieusement la barre de vie de l’adversaire.
- Josie : une jeune fille qui mélange le kick-boxing et l’art martial philippin Kali Arnis Eskrima (Wikipedia est votre ami !).
- Jack-7 : un faux nouveau personnage puisque cette nouvelle version de Jack se joue à peu de choses près comme les précédentes !
- Akuma : en provenance directe de l’univers Street Fighter, le puissant démon de Capcom se joue comme dans les jeux dont il est issu et bénéficie même d’une jauge pour ses coups EX ! Contrairement à ce que l’on aurait pu craindre, son intégration se fait sans heurt même si les dégâts qu’il occasionne nous paraissent un peu en retrait par rapport aux personnages natifs de Tekken.
Les fans ne manqueront pas de relever quelques absences notables comme celles d’Anna, Christie ou Lei, mais on sait déjà que plusieurs DLC sont prévus qui ajouteront des combattants inédits, et il n’est pas impossible que Bandai Namco décide aussi de faire revenir par ce biais quelques anciens de la série.
Côté stages vous aurez droit à une vingtaine de lieux différents qui vous emmèneront notamment en Arctique, dans la jungle, dans un souk, dans un temple abandonné ou encore dans le dojo des Mishima. Comme dans le précédent opus, certains d’entre eux abritent en réalité plusieurs zones de combat auxquelles vous pouvez accéder en propulsant votre adversaire à travers une barrière ou un mur.
Un gameplay enrichi
Maintenant que vous êtes au point sur le contenu offert par Tekken 7, il est sans doute temps de s’attarder sur ce qui a fait (et dans un sens parfois défait) la renommée de la série : son gameplay. Bien sûr on retrouve ici le système des quatre boutons colorés correspondant chacun à un membre (bras et jambes) du combattant, qui peuvent être enchaînés dans le bon timing pour sortir des combos plus ou moins longs (et oui, chaque personnage dispose toujours d’un ou plusieurs 10-Hits Combos !). Les blocages et les contres sont évidemment toujours là, tout comme les chopes ou les pas de côté (en fait dans la profondeur) qui semblent toutefois nécessiter plus d’anticipation que par le passé. Et pour répondre à la question qui fâche : oui les juggles (jonglages) sont de retour, mais leur timing semble être un peu plus serré que dans Tekken 6. Nul doute toutefois que les pros de la manœuvre retrouveront vite leurs marques, pour le plus grand déplaisir de leurs adversaires qui risquent de passer une bonne partie des matchs en l’air !
Côté nouveautés on note des modifications significatives du mode Rage, désormais enclenché lorsque le niveau de notre barre de vie descend en-dessous de 25%. Comme dans le précédent volet vous pouvez alors décider de continuer à vous battre en profitant d’un bonus de dégâts sur vos attaques, celui-ci nous paraissant toutefois moins avantageux que par le passé. Sans doute est-ce pour vous inciter à utiliser les deux nouveaux mouvements inclus par les développeurs, à savoir le Rage Art et le Rage Drive : le premier consiste en une attaque dévastatrice qui causera d’autant plus de dommages que votre niveau de vie sera faible, tandis que le second est une attaque basique boostée et donc particulièrement efficace. Dans un cas comme dans l’autre vous perdrez alors votre état de Rage, ce qui devrait vous inciter à prendre toutes les précautions pour vous assurer que la manœuvre sera couronnée de succès ! Autant dire qu’un Rage Art ou un Rage Drive bien placé peut complètement changer la physionomie d’un combat, et il est tout à fait possible de remporter un match apparemment perdu en utilisant l’une des deux tactiques à bon escient. Vous voilà prévenus.
Autre arrivée remarquée dans le gameplay de ce Tekken 7, les Power Crush surmontés d’une icône rouge dans la liste des coups de votre personnage, que vous pourrez accomplir malgré les attaques hautes et moyennes de votre adversaire : vous encaisserez évidemment les dégâts liés à ces dernières, mais votre propre attaque ne sera pas interrompue et vous causerez forcément des dommages à votre vis-à-vis. Pratique pour conclure un combat durant lequel vous avez l’avantage mais que l’adversaire semble reprendre du poil de la bête.
Que les joueurs occasionnels se rassurent, les modifications de gameplay apportées par ce nouvel opus ne l’empêchent pas d’être tout à fait accessible : on prendra du plaisir à enchaîner les matchs sans forcément connaître sur le bout des doigts la liste des coups de notre personnage, mais la dimension tactique supplémentaire induite par le Rage Art, le Rage Drive et les Power Crush rendra tout de même difficile pour un nouveau venu de mettre une rouste « par hasard » à un joueur aguerri.
Une réalisation maîtrisée
Pour son arrivée sur consoles de dernière génération, Tekken 7 a délaissé l’idée d’un moteur propriétaire pour passer sur l’Unreal Engine 4. Rassurez-vous, si ce dernier a plusieurs fois été pointé du doigt pour ses performances en deçà des attentes sur consoles, il offre ici un rendu des plus réussis ! Alors certes on aurait aimé que les visages des combattants soient plus expressifs et que certaines textures soient un peu plus détaillées, mais le résultat reste largement satisfaisant avec des arènes vivantes, des personnages bien animés et des effets spéciaux parfois impressionnants. Pour ne rien gâcher la fluidité est assurée à chaque instant, du moins sur la PlayStation 4 Pro qui nous a servi pour nos sessions de test.
La bande son du jeu offre quant à elle des compositions variées et suffisamment dynamiques pour soutenir le rythme des combats, tandis que les bruitages et interjections habituels de la série ponctuent les échanges de coups des personnages entrés dans l’arène.
Terminons avec l’anecdotique Mode VR qui, contrairement à ce que certains espéraient, ne vous propose pas de combattre à la première personne : vous pourrez en réalité vous entraîner ou affronter la console dans un match d’entraînement en vue immersive (vous êtes à l’extérieur de l’arène), ou bien observer vos personnages customisés sous (presque) tous les angles. Un gadget amusant cinq minutes mais qui ne rentabilisera pas votre précieux PlayStation VR !
Notre verdict
On aime
- Toujours aussi accessible
- L’ajout du Rage Art, du Rage Drive et du Power Crush
- Un rendu de bonne facture
On n'aime pas
- Le mode Histoire relativement court
- Pas de tutoriel, de Time Attack ou de Survival
- Un casting qui aurait pu être plus fourni
- Un mode VR sans grand intérêt
Ceux qui avaient fui Tekken 6 en raison de ses juggles à rallonge et de son gameplay vieillissant peuvent revenir à la série l’esprit tranquille : non seulement les premiers ont largement disparu, mais le second bénéficie de petites nouveautés bien pensées qui confèrent aux matchs une nouvelle dimension tactique bienvenue. Et si l’on regrette quelques oublis au niveau des modes de jeu et du casting, on est en revanche séduit par la prise en main et la profondeur de jeu, ainsi que par la prestation technique globale. Bref, vous l’aurez compris : Tekken semble avoir fait tout ce qu’il faut pour retrouver son public !
Pouet
Eric
Delpij
Eric
Metatron
Certains persos sont absent et le mode histoire est très nul